Bac philo: orphelines, plus de 3000 copies dissertent dans le vide

Ce qui devait arriver est arrivé. Depuis des années, la situation est critique : les professeurs de philosophie étant peu nombreux et tous les candidats au bac passant l’épreuve de philosophie, on donne, à chaque correcteur, un nombre de copies considérable par rapport aux enseignants des autres disciplines. La politique de réduction des postes de professeurs (il y en a par exemple trente de moins dans l’académie de Créteil) et le non-remplacement des professeurs partis à la retraite ne pouvaient guère laisser espérer une amélioration.

Et, de fait, pour ce bac 2011 – l’épreuve de philosophie a eu lieu jeudi – c’est le bug. Le seuil de «faisabilité» est franchi : dans les trois académies de la région parisienne (Versailles, Paris, Créteil), vingt-quatre paquets, soit environ 3 000 copies, restent en rade. Tous les professeurs ont été convoqués, y compris certains professeurs de classes préparatoires qui n’ont pas enseigné en terminale depuis des années, ou des enseignants qui sont à la retraite. Etant donné les défections pour raison impérieuse ou maladie, il n’y a plus aucune «réserve».

Aujourd’hui, lundi, les correcteurs se retrouvent dans trois lycées de la capitale et de la banlieue parisienne pour une «réunion d’entente», au cours de laquelle se discutent les modalités de la correction. Le Service des examens d’Arcueil (SIEC), dans le Val-de-Marne, a fait envoyer les 3 000 copies qui n’ont pas trouvé preneur dans ces lycées : l’idée est de les distribuer (de prime abord, sur le mode du volontariat !) aux professeurs présents, déjà obérés par le poids de leurs propres paquets de copies : 120-130 pour les séries générales, jusqu’à 190 pour les séries technologiques.

Il n’est pas sûr que l’opération se déroule dans la tranquillité. Si les professeurs de philo convoquaient des assemblées générales et décidaient de ne pas se charger de copies supplémentaires, arguant de ce qu’il est impossible de corriger autant de devoirs en aussi peu de temps, c’est tout le fonctionnement du système qui serait bloqué. Actuellement, une campagne publicitaire du ministère de l’Education nationale annonce dans les médias de futurs et nombreux recrutements. Quelle politique aveugle a empêché qu’il ne s’avise avant de stopper la baisse des effectifs de professeurs?

Liberation.fr Par ROBERT MAGGIORI

Étiquettes : , , , , ,

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s


%d blogueurs aiment cette page :