Après cette période trouble et le retour du territoire provincial dans le giron congolais, grâce, notamment, à l’intervention des troupes de l’ONU contre celles de Tshombe, le séparatisme n’a plus jamais été à l’ordre du jour. Il est cependant resté en sommeil dans la tête de certains Katangais, qui estiment que leur province, riche en minerais, donne beaucoup au reste du pays, oubliant par là même un principe sacré, celui de la solidarité nationale.
Le Katanga n’est pas un peuple, une ethnie ou une tribu. C’est un ensemble qui englobe différents peuples, ethnies et tribus. Dans le cadre de la décentralisation prévue par la Constitution de 2006, la province n’existera plus dans sa configuration actuelle, avec ses quelque 500 000 km². Elle cédera la place à quatre nouvelles entités, bien distinctes : le Haut-Katanga, le Haut-Lomami, le Tanganyika et le Lualaba. Un découpage loin de faire l’unanimité parmi les Katangais. Les uns le redoutent, tandis que d’autres l’appellent de tous leurs voeux.
Ceux qui sont pour, essentiellement originaires du Sud, voient là l’occasion de devenir, enfin, les maîtres du cuivre et du cobalt, dont regorge leur sous-sol. C’est, pour simplifier, le Katanga « utile ». Ceux qui sont contre, natifs du Nord, redoutent que leurs nouvelles provinces n’aient pas de viabilité économique et qu’eux-mêmes, en fin de compte, ne soient les dindons de la farce. D’autres, revenant à de vieilles querelles ancestrales, refusent que les chefs-lieux des futures provinces soient situés ailleurs que chez eux, parce qu’ils ne tiennent pas « à être commandés par n’importe qui ». Certains hommes politiques sont ainsi déjà montés au créneau pour s’en prendre violemment à ceux qui, demain, ne seront plus leurs « concitoyens katangais » mais leurs voisins. Jusqu’où cette surenchère ira-t-elle ?
Les élus et habitants de la province sont, en tout état de cause, profondément divisés sur la question de la décentralisation et, comme les mines ne peuvent être dépecées ou déplacées afin d’être partagées entre le Nord et le Sud, l’équation n’est pas simple. Que faire ? Ceux qui auront les mines ne devront pas déroger au principe de solidarité nationale : quand il y en a pour un, il y en a pour mille. Quant à ceux qui hériteront de territoires au sous-sol stérile, ils devront se triturer les méninges pour trouver d’autres sources de revenus. D’où l’impérieuse nécessité de développer d’autres secteurs, comme l’agriculture. Tout le monde le sait, la terre katangaise est très fertile. Si la décentralisation devient inévitable, mettre en avant des arguments identitaires ne rime à rien. Il faut préserver l’essentiel : la paix et la fraternité.
Jeuneafrique.com par Tshitenge Lubabu M.K.
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