Deux hommes vivant au Canada, accusés d’avoir voulu mener une « attaque terroriste » contre un train de passagers avec le soutien d’éléments d’Al-Qaïda en Iran, ont brièvement comparu mardi devant la justice, pour se faire signifier leurs chefs d’accusation.
Raed Jaser, 35 ans, et Chiheb Esseghaier, 30 ans, ont été arrêtés lundi par la police canadienne au terme d’une enquête d’un an, menée en collaboration avec le FBI américain. C’est la première fois au Canada que des chefs d’accusation impliquant Al-Qaïda sont déposés.
Arrivé au Canada il y a 20 ans, résident permanent établi à Toronto, Raed Jaser est apparu dans une salle d’audience bondée de la capitale économique canadienne. Barbe fournie et veste grise, il a semblé chercher du regard ses proches. Derrière la porte, deux femmes en niqab noir essayaient timidement de lui faire bonjour de la main à travers une petite fenêtre, tandis que son frère essayait de convaincre la police de les laisser entrer, en vain.
« Il est choqué et n’en revient pas », a déclaré sur le perron du palais de justice son avocat John Norris, qui a demandé un interdit de publication pour limiter la couverture journalistique de l’affaire. Il a accusé les autorités de « diaboliser » les suspects en surfant sur l’émoi suscité par « les récents événements », allusion à l’attentat de Boston qui a fait trois morts et plus de 200 blessés il y a une semaine.
Des médias canadiens ont indiqué que la police fédérale – qui estime que l’attentat présumé n’était qu’au « stade de la planification » – avait décidé d’intervenir plus tôt que prévu après les événements qui ont endeuillé le voisin américain.
Raed Jaser, citoyen des Emirats Arabes Unis d’origine palestinienne selon les médias canadiens, fait face à trois chefs d’accusation, en particulier celui d’avoir « comploté » avec Chiheb Esseghaier « afin de commettre le meurtre de personnes inconnues (…) au profit ou sous la direction d’un groupe terroriste, ou en association avec lui », indique l’énoncé de l’accusation.
« Que des intentions »
M. Esseghaier, arrivé au Québec en 2010 pour y poursuivre ses recherches scientifiques, est quant à lui poursuivi pour cinq chefs d’accusations.
Il se voit reprocher en particulier d’avoir « chargé directement ou indirectement une personne de se livrer à une activité (…) sous la direction d’un groupe terroriste », ce qui semble accréditer la thèse selon laquelle il était le leader présumé du complot.
Originaire de Tunisie, selon les médias, il a comparu à Montréal, mais devrait être transféré « vraisemblablement » dès la fin de la journée à Toronto où le dossier est instruit, a indiqué le procureur fédéral Richard Roy.
Les deux suspects doivent être jugés par la Cour supérieure de l’Ontario à une date qui reste à déterminer, a dit Me Norris.
L’avocat de M. Jaser a exhorté le public à ne pas oublier que les deux hommes sont toujours présumés innocents, tant l’annonce de ce « projet d’attentat déjoué » a choqué le pays, relativement épargné par le terrorisme international.
De son côté, Chaheb Esseghaier, portant lui aussi une barbe imposante, s’est levé à la fin de l’audience et a déclaré au juge Pierre Labelle que les chefs d’accusation n’étaient « que des intentions » qui lui étaient prêtées.
L’émoi populaire a été renforcé par les déclarations de la police fédérale canadienne qui a affirmé lundi que les deux hommes recevaient leurs ordres d’éléments d’Al-Qaïda établis en Iran.
Le ministre iranien des Affaires étrangères Ali Akbar Salehi a rejeté mardi les accusations contre son pays, qu’il a jugées « ridicules » et « hilarantes ».
L’Iran est un pays à majorité chiite alors qu’Al-Qaïda est formé d’extrémistes sunnites qui considèrent les chiites comme des hérétiques.
AFP par Clément SABOURIN
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