« Dites à Son Eminence le cardinal Emile Biayenda que le pays sombre toujours sous une nébuleuse de malédiction : après le sang du Christ Jésus, après son sacrifice à lui Biayenda, beaucoup d’autres victimes innocentes ont suivi sans assouvir la soif du pouvoir, sans entamer une réconciliation profonde et conséquente. »
À l’occasion du 37º anniversaire de l’assassinat du Cardinal Emile Biayenda, Afrokairos est allé fouiller dans les archives de l’Histoire du Congo ce beau texte de son excellence, feu Mgr Ernest Kombo en guise de méditation. C’est une allocution prononcée à l’occasion des obsèques de Mgr Batantu il y a 10 ans, mais c’est comme si c’était hier. C’est le reflet de l’aujourd’hui congolais. C’est un texte à lire et à méditer pour ceux et celles qui, au Congo, croient que nous sommes le pays le plus avancé d’Afrique Centrale.
« Témoin de 4 décennies durant, nous sommes en droit, nous vos cadets, de vous considérer maintenant comme notre messager.
1 – Vous direz à Monseigneur Théophile Mbemba que la vie religieuse au Congo demeure du côté masculin, languissante, du côté féminin, dans un brouillard étouffant ; les communautés nouvelles comme le pullulement des vierges consacrées ne sont pas encore une réponse satisfaisante aux besoins de l’Eglise et de la nation. Lui-même nous a laissés dans cette situation, et vous la connaissez en tant que fondateur mieux que nous vos cadets.
2 – Dites à Son Eminence le cardinal Emile Biayenda que le pays sombre toujours sous une nébuleuse de malédiction : après le sang du Christ Jésus, après son sacrifice à lui Biayenda, beaucoup d’autres victimes innocentes ont suivi sans assouvir la soif du pouvoir, sans entamer une réconciliation profonde et conséquente.
3 – Vous direz à Monseigneur Benoît Ngassongo, que nous ses cadets, nous sommes incapables d’enseigner et de construire des écoles comme lui. Nous venons de parler des enfants et des jeunes mais, avec des baratins.
4 – Dites à Monseigneur Godefroy Emile Poaty, sur le front de l’inculturation où vous avez œuvré ensemble, il n’y a pas d’héritiers, malgré la technologie et les ordinations qui nous encombrent dans nos bureaux. Sur le front des vocations sacerdotales qui était son souci primordial, nous sommes loin d’avoir des équipes pastorales soudées et efficaces. Nous avons oublié que la sainteté du prêtre passe par l’obéissance à son ordinaire.
5 – A Monseigneur Georges-Firmin Singha, dites, pour ses cadets que nous sommes, que l’Episcopat n’est pas encore considéré comme un service, mais comme un honneur, pour lequel malheureusement nous ne nous efforçons pas de nous qualifier.
Si au ciel, il y a un quartier des prélats, n’oubliez pas de saluer de notre part Monseigneur, nos aînés Denis Moussavou, Louis Badila, Noël Ognie.
Votre âge, votre expérience nous autorisent aussi de vous recommander le souci de la nation congolaise. Ici on aurait dû parler de trilogie déterminante ; entendons par là la coutume, l’Etat et la foi chrétienne, et vous en êtes vraiment le témoin. Un pont s’écroule, mais soyez ce pont Excellence Monseigneur Barthélemy Batantu.
Transmettez nos excuses et nos repentirs au président Fulbert Youlou. La jeunesse aux abois ne sait plus respecter les parents, grands-parents, oncles et tantes. Certains ont même des mains salies par le sang ; aidez-nous à obtenir le pardon et de Dieu et des ancêtres.
Monseigneur et cher Yaya, faites tout pour exorciser le pays. Aux présidents défunts Marien Ngouabi, Alphonse Massamba-Débat, dites que la violence demeure latente.
Est-ce que la concertation à notre niveau est possible pour nous suggérer les voies et moyens de suivre la devise de cette nation qui est de surcroît parfaitement évangélique : Unité- :-Travail- :-Progrès ? Nous comptons sur vous Yaya, l’Eglise et la nation congolaises ont soif d’amour, de paix, d’unité, comme Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, avec le président Alfred Raoul, nous n’allons
pas vous dire « Yenda kia mbote wa wuma » . Nous allons vous demander d’intercéder et d’obtenir pour nous auprès de Jésus le Bon Pasteur, l’estime les uns des autres, l’ardeur à travailler comme vous nous avez laissé l’exemple… ».
Afrokairos
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