Après le décès de Sr Marie-Thérèse Nkouka : L’Eglise du Congo a perdu une grande militante de l’enseignement catholique
Décédée au C.h.u (Centre hospitalier et universitaire de Brazzaville), le mercredi 9 juillet 2014, à l’âge de 68 ans, Sr Marie-Thérèse Nkouka, de la Congrégation des Sœurs de la Divine Providence de Ribeauvillé, a été inhumée le mardi 15 juillet 2014 au cimetière des ouvriers apostoliques de la cathédrale Sacré-Cœur, après la messe de requiem qui a été célébrée par l’archevêque de Brazzaville Mgr Anatole Milandou, à 12h. A la paroisse Sainte-Marie de Ouenzé s’est tenue, depuis son décès, une veillée mortuaire en sa mémoire.
Et pour cause, la religieuse disparue y a passé une bonne partie de sa vie religieuse, à la communauté des Sœurs de la Divine Providence de Ribeauvillé. Mais, pour l’Eglise qui est en République du Congo, avec sa disparition, c’est une grande militante de l’enseignement catholique qui s’en est allée vers le Père.
Née le 27 juin 1946 à Voka (département du Pool), Sr Marie-Thérèse Nkouka a fait sa profession religieuse le 24 septembre 1962, à la paroisse Sainte-Marie de Ouenzé, et ses vœux perpétuels, le 3 août 1968. Elle passa ses premières années de vie religieuse dans la communauté des Sœurs de la Divine Providence de Ribeauvillé de Ouenzé, où elle entreprit ses études secondaires. En raison de la situation politique dans le pays, elle dut les poursuivre, en 1965, à Bangui, en République Centrafricaine, toujours dans une communauté de sa congrégation.
Elle fit ses études universitaires et obtint une licence en lettres, en 1969, et une maîtrise en linguistique en 1976. Mais, dès 1972, elle est affectée à la communauté des Sœurs de la Divine Providence de Ribeauvillé de Mouléké et elle est enseignante au collège et au lycée. Après une année d’études en sciences sociales à l’Université de Strasbourg (France) couronnée par l’obtention d’un D.e.a (Diplôme d’études approfondies) en 1979, elle rejoint la communauté de Mouléké comme supérieure. Avec foi et compétence, elle donne des cours de français, de linguistique et de littérature orale africaine à la Faculté des lettres et des sciences humaines de l’Université Marien Ngouabi de Brazzaville, jusqu’à sa retraite professionnelle en 2001.
Dans les communautés où elle est envoyée (Kombé, Maison régionale, Ouenzé, Mouléké), elle a répondu, avec disponibilité, dynamisme et passion, aux différents appels qui lui sont adressés, pour assurer le travail qui lui est confié.
Nommée coordinatrice nationale de la C.e.edu.c (Commission épiscopale de l’éducation catholique), en 1991, elle se donne à fond dans sa mission, pour la renaissance de l’école catholique, après les dures épreuves subies par l’Eglise durant l’ère du parti unique. Elle s’est mise à sensibiliser le clergé, les équipes pastorales et les communautés chrétiennes de l’importance d’une éducation humaine, chrétienne et spirituelle des enfants et des jeunes. Sa profession d’enseignante, le souci brûlant qu’elle avait de l’éducation des enfants et des jeunes, ont fait d’elle une grande militante de l’enseignement catholique. A partir de 1993, elle est responsable du Complexe scolaire Notre-Dame de Loudima, qui assure une formation technique agro-pastorale aux jeunes n’ayant pas pu percer dans le système classique de l’enseignement général. La guerre de 1997 engloutira cette expérience et Sr Marie-Téhrèse Nkouka en sera fortement affectée.
En tant que coordonnatrice nationale de la C.e.edu.c, elle exerça également plusieurs mandats de conseillère régionale dans la région Afrique (1993-1997 et 2003-2008).
Dans la pastorale des vocations, Sr Marie-Thérèse Nkouka a accompagné, pendant de longues années, des jeunes voulant s’engager dans la vie sacerdotale, la vie religieuse ou voulant devenir des chrétiens engagés.
Interpellée, il y a une quinzaine d’années, par Mgr Barthélemy Batantu, alors archevêque de Brazzaville, pour une attention particulière aux enfants et jeunes déscolarisés, à la suite des conflits armés ayant endeuillé le pays, elle crée une association, Action Talitha Koum, pour ramener les enfants (parmi lesquels les enfants de la rue) et les jeunes déscolarisés sur le chemin de l’école. A travers cette association, elle s’engage corps et âme dans la défense de la cause des enfants victimes des troubles socio-politiques dans le pays, pour leur donner la chance de reprendre les études. Elle livre une lutte acharnée contre l’analphabétisme et le désœuvrement des jeunes, «bousculant» tout le monde, autorités ecclésiastiques, pouvoirs publics, partenaires internationaux et personnes de bonne volonté pouvant lui venir en aide. Elle était meurtrie au plus profond d’elle-même, qu’elle ne fut pas parfois comprise. Elle croyait fermement à la formation professionnelle des jeunes et combattait le mythe du diplôme qui condamne de nombreux jeunes au chômage. C’était une religieuse qui avait toujours des projets, même dans le domaine agro-pastoral, en faveur des jeunes.
Sr Marie-Thérèse Nkouka fut une grande lectrice de La Semaine Africaine, journal dans lequel elle a également publié de nombreux articles.
Lasemaineafricaine.net par Xavier MPOUGALOGUI et J. MBANZA
Étiquettes : Divine Providence, l’enseignement catholique, Marie-Thérèse
Votre commentaire