Libreville – Un haut fonctionnaire gabonais, membre du parti au pouvoir, a été placé sous mandat de dépôt pour détournement de deniers publics, une première dans le cadre d’une vaste opération mains propres lancée en début d’année, a-t-on appris de source judiciaire lundi.
Jeannot Kalima, secrétaire général du ministère des Mines, de l’Industrie et du Tourisme au Gabon, a été placé sous mandat de dépôt pour détournement de deniers publics dans l’affaire dite des +fêtes tournantes+, a déclaré à l’AFP le procureur de la République, Sidonie Flore Ouwé.
Les fêtes tournantes étaient une initiative lancée au début des années 2000 par l’Etat gabonais pour développer l’arrière-pays. Les autorités célébraient chaque année la fête de l’indépendance, le 17 août, dans une région différente, avec à la clé un programme d’investissements en infrastructures et équipements d’environ 50 milliards de FCFA (76, 2 millions EUR).
Le haut fonctionnaire est mis en cause pour la gestion de 595 millions de Francs CFA (907.000 euros) et des poussières, alloués dans le cadre de ces fêtes, et dont il avait la charge en tant que directeur de cabinet du ministre des Travaux publics de l’époque, Idriss Ngari, a précisé le procureur.
Tous ces fonds n’ont pas été utilisés aux fins demandées, a expliqué Mme Ouwé. Il s’agit du premier fonctionnaire incarcéré dans le cadre de cette vaste affaire de corruption, a-t-elle précisé.
M. Kalima est membre du Parti démocratique gabonais (PDG), le parti du président Ali Bongo Ondimba.
Selon le procureur, M. Kalima encourt la réclusion criminelle à perpétuité si les charges qui pèsent contre lui sont confirmées, étant donné l’importance des sommes en jeu.
Le gouvernement gabonais a lancé le 1er janvier dernier un audit approfondi de ses finances publiques qui a mis au jour des détournements colossaux, notamment dans le cadre des fêtes tournantes.
Ainsi, sur les 500 milliards (alloués aux fêtes tournantes, soit 762 millions EUR), plus de 400 milliards ont été détournés en dix ans, selon la Direction générale du contrôle des ressources et des charges publiques (DGCRCP) qui a mené l’audit.
Plusieurs autres personnalités politiques qui ont pu jouer un rôle dans ces détournements massifs ont été ou seront auditionnées à leur tour, a précisé le procureur.
Jean Eyéghé Ndong, le dernier Premier ministre du défunt président Omar Bongo, passé dans l’opposition à la mort de celui-ci, a affirmé être sous le coup d’une information judiciaire dans cette même affaire de fêtes tournantes, lors d’une conférence de presse vendredi.
Il a dit être soupçonné d’avoir détourné près de 98 milliards de francs CFA (149,4 millions EUR) entre 2006 et 2007, alors qu’il était Premier ministre et président du Comité des Fêtes Tournantes de la province de l’Estuaire – où se trouve la capitale Libreville – ce qu’il nie en bloc.
Plusieurs leaders de l’opposition ont accusé récemment les autorités de mener une chasse aux sorcières pour se débarrasser de rivaux potentiels avant la présidentielle de 2016.
Les fêtes tournantes ont été supprimées par l’équipe du président Ali Bongo lorsqu’il a succédé à son père en 2009.
Dès 2010, le président a demandé une enquête sur des rapports de la Cour des Comptes qui relevaient des manquements concernant la gestion des fêtes tournantes du 17 août, dont l’analyse montre que les projets ont été exécutés en-deçà des crédits ouverts.
Romandie.com avec(©AFP / 01 septembre 2014 20h21)
Étiquettes : haut fonctionnaire, Kalima, mandat de dépôt, procureur de la République
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