Bruxelles – Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a déclaré lundi que négocier avec le président syrien Bachar al-Assad, comme l’a envisagé son homologue américain John Kerry, reviendrait à faire un cadeau absolument scandaleux au groupe Etat islamique.
La solution au conflit syrien, c’est une transition politique qui doit préserver les institutions du régime, pas M. Bachar al-Assad, a déclaré M. Fabius à l’issue d’une réunion à Bruxelles.
Toute autre solution qui remettrait en selle M. Bachar al-Assad serait un cadeau absolument scandaleux, gigantesque aux terroristes de Daesh, l’acronyme en arabe de l’Etat islamique (EI), a-t-il ajouté. Les millions de Syriens qui ont été persécutés par M. al-Assad se reporteraient pour soutenir Daesh, a fait valoir le ministre. C’est évidemment ce qu’il faut éviter.
De son côté, le Premier ministre Manuel Valls a dit regretter les propos de John Kerry. Il n’y aura pas de solution tant qu’il y aura Bachar al-Assad à la tête de la Syrie, a estimé le chef du gouvernement sur la chaîne Canal+.
La France a toujours dit qu’il fallait une solution politique, toujours, a souligné le Premier ministre français. Mais Bachar al-Assad est le responsable de dizaines de milliers de morts, de personnes qui ont été gazées, a fait valoir M. Valls.
M. Kerry a affirmé dimanche qu’au final, il faudra négocier avec M. Assad pour mettre fin au conflit qui a fait plus de 215.000 morts en quatre ans. S’il est prêt à engager des négociations sérieuses sur la façon d’appliquer (le processus de paix de) Genève I, bien sûr, a-t-il ajouté.
Une porte-parole du département d’Etat a toutefois précisé qu’il n’y avait eu aucune modification de la position américaine et qu’il n’y a pas d’avenir pour un dictateur brutal comme Assad en Syrie.
M. Fabius a indiqué qu’il s’était entretenu lundi matin avec John Kerry, et que celui-ci a assuré qu’il n’y avait absolument rien de nouveau dans la position américaine sur la Syrie.
Dont acte, a dit le ministre français. Mais de toutes les manières, la France est un pays indépendant et notre politique extérieure par rapport au drame épouvantable qui se passe en Syrie n’a pas changé. Selon lui, la seule solution réaliste est une transition politique qui doit intégrer bien sûr l’opposition, tout en préservant les institutions du régime.
La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a pour sa part rappelé la position de l’Union européenne, indiquant que travailler à une solution durable au conflit syrien passait évidemment (…) par des représentants du régime d’Assad. J’imagine que M. Kerry s’est exprimé dans ce sens. Je ne pense pas qu’il faisait référence à M. al-Assad lui-même, a-t-elle ajouté.
Romandie.com avec(©AFP / 16 mars 2015 20h17)
Étiquettes : assad, Négociation, SYRIE
mars 16, 2015 à 4:33 |
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