Pierre Ngolo.
Les partis et associations membres de la majorité présidentielle étaient en assemblée générale, la troisième du genre au cours du mois de mars, le vendredi 27 mars, au palais des congrès, à Brazzaville, pour discuter de deux préoccupations à soumettre au dialogue national: la gouvernance électorale et les institutions de la République. Tous les partis ayant maintenu leurs activités à la majorité présidentielle étaient représentés.
A l’issue de cette assemblée générale qui s’est tenue à huis clos, sous le patronage de Pierre Ngolo, président par intérim de la majorité présidentielle, le président de la commission chargée de la réflexion sur le dialogue, André Ongagna, a résumé à la presse, le contenu de leur réunion.
Deux points étaient à l’ordre du jour de la dernière assemblée générale de la majorité présidentielle: la gouvernance électorale et les institutions de la République, a dit en substance André Ongagna. «Nous n’avons pas d’à priori. Nous sommes ouverts au dialogue. Les uns et les autres, chacun vient avec son point de vue et nous échangions. Nous souhaitons sortir de là avec les mêmes idées, c’est-à-dire avoir le consensus sur les grandes questions qui secouent notre actualité», a-t-il précisé.
Une question lui a été posée à propos de certains partis de la majorité qui n’ont pas encore signé la déclaration sur le changement de la Constitution. «La majorité présidentielle est un ensemble de partis et associations. A ce niveau et pour montrer que nous fonctionnons de façon démocratique, certains partis peuvent, sur certaines questions, demander un peu plus de réflexion. Ils ne peuvent donc pas adhérer au premier moment. Nous continuons à les considérer comme membres à part entière de notre organisation, la majorité présidentielle», a-t-il dit.
«Sur la question du changement de la Constitution, nous avions dit qu’il y a un premier groupe de partis et associations qui avait déjà souscrit pour le changement de la Constitution. Les uns et les autres sont en train d’emboiter le pas. Petit-à-petit, nous espérons réussir avoir tout le monde. Sinon, il y a certains partis qui ne souscrivent pas à cette approche, nous constatons. Mais, la question sur le dialogue national ne signifie pas qu’on discutera spécialement du problème de la Constitution. Et d’ailleurs, vous avez suivi notre déclaration du 17 mars 2015, nous avons dit: nous devons discuter des institutions, donc pas exclusivement du changement de la Constitution. Donc, avec les autres partenaires de l’opposition, du centre et de la société civile été autres, nous discuterons de ces institutions-là, y compris est-ce qu’il faut oui ou non changer la Constitution», a-t-il poursuivi.
Selon, il n’y a pas encore de date fixée pour la tenue du dialogue: «Les uns et les autres sont en train de réfléchir, pour faire des propositions. Même lorsqu’il y a un mémorandum qu’on adresse au président de la République, ce sont des propositions et c’est le président qui va décider en dernier ressort».
2016, c’est déjà l’année prochaine. Le temps ne presse-t-il pas? André Ongagna pense que «le temps, on ne l’a pas toujours pour nous. Nous tenons compte de tous ces aléas. C’est le président qui, après avoir écouté tout le monde, après avoir reçu les propositions des uns et des autres décidera. Et il tiendra compte du temps également».
Enfin, que pense-t-il du refus de certains partis d’opposition qui ne veulent voir figurer au menu du dialogue la question sur le changement de la Constitution? «Nous allons discuter, justement pour trouver un consensus. C’est ça le dialogue. Chacun vient avec son point de vue, mais à la sortie, nous souhaitons avoir les mêmes points de vue. Maintenant, si nous n’avons pas les mêmes points de vue, on tirera, tous, les conséquences», a-t-il dit.
Allocution du Président par intérim de la Majorité Présidentielle
Messieurs les Dirigeants des Partis et Associations membres de la Majorité Présidentielle, Mesdames et Messieurs,
L’actualité politique nationale, très agitée, ne nous laisse aucun répit et nous impose un rythme de travail particulier. Rien qu’au cours de ce mois de mars, après les assemblées générales du 10 et du 17 mars, nous voilà aujourd’hui 27 mars à nouveau réunis à l’effet de définir notre approche du dialogue.
Elevé par le Président Denis Sassou-Nguesso comme outil de gouvernance et instrument concourant à la construction d’une démocratie apaisée pour autant qu’il contribue à transcender les divergences et à régler les contradictions sans accrocs, le dialogue revêt, dans le contexte actuel de déchaînement des passions sur la question de la Constitution, une dimension singulière.
Il nous faut le préparer, bien le préparer pour qu’il conserve toujours sa vocation de pilier de la concorde et de la paix, dans une société où les acteurs politiques, très inventifs, n’ont pas toujours la force de tirer les enseignements et de leurs actes et de l’histoire qui se déroule devant eux.
Comment, après avoir, à la Conférence nationale souveraine, juré «plus jamais ça!!!», après avoir reconnu et dénoncé la «bêtise humaine» qui rappelle, dans la conscience des Congolais, horreurs et abus, comment après tout cela expliquer l’atmosphère lourdement polémique et crispée actuelle, à propos du débat sur la Constitution du 20 janvier 2002? Et pourtant, au-delà des apparences, sur la Constitution, un large consensus national est bien établi.
La Majorité, l’Opposition, le Centre et la Société civile conviennent de ce que la Constitution du 20 janvier 2002 représente, pour l’avenir, beaucoup plus une source de contradictions et de conflits, un terreau pour des abus, la paralysie et des crashs qu’un support efficace pour une démocratie qui consolide l’élan pris et assure la stabilité des institutions, nécessaire à la réalisation des grandes œuvres.
Chers Dirigeants,
Il y a véritablement consensus sur ce que la Constitution pose problème et mérite d’être changée. La conférence de presse que nous avons organisée le 6 mars avait pour objectifs, entre autres, de mettre en évidence cette réalité du consensus sur le diagnostic, avec le concours de certains supports vidéos incontestables. Ces supports médiatiques existent, ils sont nombreux: écrits, vidéos, audiovisuels et peuvent être exploités à tout instant.
A la suite de cette conférence de presse, il n’y a eu aucune objection sur l’authenticité des sources et des informations vidéo projetées. Bien au contraire, chacun se retrouve. Si chacun se retrouve et si tous, à l’unanimité, nous sommes d’avis que la Constitution est porteuse de germes de conflit, de paralysie et de crise potentiels, qu’est-ce qui nous oppose donc? Pourquoi ne pas, dans la sérénité, prescrire à ce diagnostic, qui fait consensus, la thérapie qui convient avant que ce ne soit trop tard? Là se trouve le paradoxe de notre démocratie où, sur les questions de principe, la subjectivité prend le dessus sur l’objectivité, les calculs politiciens sur l’intérêt général et les intérêts particuliers sur le bien commun.
Ainsi, on entend: «la Constitution pose problème, elle n’est pas la Constitution pour une vraie démocratie, c’est une Constitution des paresseux», ainsi de suite, pour conclure sur la nécessité de la changer. Mais, quand il s’agit de passer à ce changement inévitable, certains objectent qu’il n’est pas à faire maintenant, au risque d’ouvrir un boulevard à Denis Sassou-Nguesso qui sera à nouveau réélu, si on lui offre ainsi l’horizon politique.
A ceux-là, nous disons: s’ils redoutent tant Denis Sassou-Nguesso, c’est qu’ils ont conscience de leur faiblesse ou de leur incapacité à lui tenir tête lors d’un scrutin populaire. Pourquoi donc ne s’inclinent-ils pas devant le leadership du Président Denis Sassou-Nguesso?
On a entendu récemment certains déclarer, en cas d’alternance, leur intention de dissoudre l’Assemblée nationale, en vue d’inaugurer un nouveau rapport de force au Parlement, qui leur permette de gouverner et de mettre en œuvre leur programme politique. Ici, il convient de souligner que c’est une aventure hasardeuse qui, dans le cadre de la Constitution du 20 janvier 2002, précipiterait le pays dans une grave crise aux conséquences tragiques aisément envisageables.
Pour éviter, demain, ces situations d’impasse, il est bon que les Congolais se retrouvent dans leur diversité, débattent sereinement des grandes questions d’intérêt général et envisagent, ensemble, les solutions qui s’imposent, afin de conjurer le sort qui s’annonce à l’horizon implacablement.
Chers Dirigeants,
En réitérant nos remerciements et nos félicitations pour la mobilisation et l’engagement dont nous faisons preuve, je déclare ouverts les travaux de l’Assemblée générale de la Majorité présidentielle du vendredi 27 mars 2015.
Je vous remercie!
Lasemaineafricaine.net
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