Juba – Un journaliste sud-soudanais a été abattu par des inconnus, dans ce qui ressemble à un assassinat ciblé, ont annoncé jeudi des confrères de la victime, précisant que son argent et son téléphone mobile n’avaient pas été volés.
Peter Moi, reporter du quotidien indépendant New Nation, a été abattu mercredi soir à Juba, après avoir quitté son travail. Ce meurtre intervient quelques jours après que le président sud-soudanais Salva Kiir eut publiquement menacé de tuer les journalistes travaillant contre le pays.
La liberté de la presse ne signifie pas que vous pouvez travailler contre le pays, avait lancé M. Kiir à des journalistes à l’aéroport de Juba, où il embarquait à destination de la capitale éthiopienne Addis Abeba pour d’ultimes pourparlers en vue de mettre fin à la guerre civile qui ravage le Soudan du Sud depuis 20 mois.
Si certains d’entre vous (journalistes) ne savent pas que ce pays a déjà tué des gens, nous allons le démontrer un jour, avait menacé le chef de l’Etat, des propos rapportés par le Comité de Protection des journalistes (CPJ).
Selon le CPJ, citant des journalistes locaux, ces menaces répondaient à des critiques sur le caractère stérile et interminable des négociations d’Addis Abeba.
La police n’a fait aucun commentaire dans l’immédiat concernant ce meurtre.
En revanche à Washington, le porte-parole du département d’Etat John Kirby s’est déclaré très préoccupé et a réclamé aux autorités sud-soudanaises une enquête rapide et minutieuse.
Il a demandé aussi au président Kiir de renier ses propos menaçant contre des journalistes.
Plus jeune nation du monde, le Soudan du Sud a proclamé son indépendance en juillet 2011, après plus de deux décennies de conflit contre Khartoum. Il a replongé dans la guerre depuis le 15 décembre 2013, quand des combats ont éclaté au sein de son armée, minée par des antagonismes politico-ethniques alimentés par la rivalité à la tête du régime entre M. Kiir et son ancien vice-président Riek Machar.
Les organisations de défense de la liberté de la presse ont mis en garde à plusieurs reprises contre le climat d’intimidation qui règne au Soudan du Sud et la volonté de tuer dans l’oeuf tout débat sur les moyens de mettre fin à la guerre civile, marquée par de nombreux massacres et atrocités, qui a fait des dizaines de milliers de morts.
Début août, les forces de sécurité avaient fait fermer deux journaux et une radio, leur reprochant selon des journalistes, d’avoir fait campagne pour l’accord de paix, signé lundi à Addis Abeba par les rebelles mais pas par M. Kiir et que le gouvernement a depuis qualifié de capitulation inacceptable.
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry, dont le pays est le parrain de l’indépendance du Soudan du Sud, a appelé mercredi le président Kiir et ce dernier lui a assuré qu’il comptait signer l’accord de paix d’ici 15 jours, avait rapporté mercredi le département d’Etat.
Washington, impliqué depuis 18 mois pour trouver un règlement au conflit sud-soudanais, a remis ces jours-ci la pression sur le président Kiir, brandissant la menace de sanctions à l’ONU.
Romandie.com avec(©AFP / 20 août 2015 23h22)
Étiquettes : Assassinat, Journaliste, Peter Moi, Sud-Soudan
Votre commentaire