Élection anticipée et manifestations réprimées
Denis Sassou N’Guesso, déjà sur le podium des dictateurs françafricains les plus criminels, concourt aussi pour le prix de la longévité au pouvoir, avec déjà plus de 30 ans à la tête de l’Etat. La Constitution adoptée en 2002 pour donner un vernis de légalité à un pouvoir maintenu par la force concédait quelques limites au « mandat présidentiel ». Depuis 2014, son parti-Etat, le Parti congolais du travail (PCT) travaillait à modifier cette dernière pour permettre officiellement la candidature du tyran. Cette nouvelle constitution, abrogeant la restriction du nombre de mandats à deux et celle de l’âge maximum des candidats à 70 ans, est promulguée le 6 novembre 2015 à l’issue d’un référendum unanimement considéré comme frauduleux.
Le gouvernement annonce sans rire que le OUI l’emporte à 92,96% des voix, avec une participation de 72%, alors même qu’une forte abstention a été observée dans les bureaux de vote, suite à un appel au boycott de la part de l’opposition. Pour profiter d’une situation très favorable (opposition morcelée, communauté internationale – au mieux – aphone), Sassou décide d’avancer les élections présidentielles, prévues à l’été 2016, au 20 mars.
À l’annonce du référendum, le gouvernement fait face à une vive contestation populaire, qui perçoit ce référendum truqué comme l’instrument d’un coup d’État constitutionnel. Ces manifestations pacifiques seront violemment réprimées par les forces de l’ordre. Le 20 octobre 2015, cinq jours avant le référendum, police et gendarmerie tirent à balles réelles pour disperser les manifestations.
Au 17 décembre 2015, un bilan partiel minimal des victimes des forces de l’ordre pendant la période autour du référendum, en particulier les 20 et 21 octobre, est de 46 personnes décédées dont 43 identifiées, 69 personnes blessées identifiées, entre 4 et 20 personnes disparues1. Le gouvernement parle quant à lui de 4 morts. Denis Sassou Nguesso a tout fait pour empêcher que ne soit dressé un bilan.
Cette répression touche également les opposants politiques et les représentants de la société civile qui subissent arrestations extra-judiciaires, intimidations et violences. C’est dans ce cadre de coup d’État constitutionnel et de violence des forces de l’ordre à l’égard de la population civile, que se pose la question des relations diplomatiques, politiques et militaires entre la France et le Congo.
Dans un contexte préélectoral tendu, la France se distingue par son silence diplomatique et le maintien, voire le renforcement, de sa coopération militaire, ce qui amène à s’interroger sur sa possible implication et sa responsabilité dans la nouvelle vague de répression qui a lieu depuis octobre.
Survie.org
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