Etats-Unis: Laila Ali, au nom du père

 

Retour sur leur belle histoire père-fille

Décédé le 3 juin, son père Moha­med restera une légende. À charge désor­mais pour sa fille d’hono­rer son nom.

 

Des neufs enfants de Moha­med Ali, elle est l’avant-dernière. Mais dans le cœur de son père, disparu des suites de la mala­die de Parkin­son, à soixante-quatorze ans, le 3 juin, Laila a toujours été la première. C’est elle qui lui ressemble le plus. Elle qui, au nom de la famille, a rendu immé­dia­te­ment hommage au plus grand boxeur de notre époque, inhumé le 10 juin à Louis­ville dans le Kentu­cky :“Il était temps pour lui de partir. Je sais qu’il est mieux à présent et qu’il parle, bouge de nouveau et fait tout ce qu’il ne pouvait plus faire avec son corps. Je suis heureux pour ça même s’il me manquera profon­dé­ment.”

Laila Ali se prépa­rait depuis des années à l’iné­luc­table. Elle sait main­te­nant qu’il va falloir être forte. Prendre dans ses bras la petite fille de huit ans qui conti­nue de vivre en elle et qui, en cette loin­taine année 1986, ne s’était jamais résolu au premier départ de son père. C’est par ce trau­ma­tisme de son exis­tence qu’elle (s’)explique la passion immense qu’elle a toujours éprou­vée pour Ali, ce besoin qu’elle a toujours eu de lui ressem­bler jusqu’à embras­ser elle aussi une carrière de boxeuse.

À cette époque, le cham­pion – qui a fait sienne la devise “vole comme le papillon, pique comme l’abeille, et vas-y cogne, mon gars, cogne” – roucoule avec sa quatrième épouse, Yolanda Williams. Déjà malade, il s’ins­talle dans une ferme du Michi­gan dans l’es­poir d’y refaire sa vie. En Floride, Laila reste avec sa mère, Vero­nica Porche, et sa sœur ainée, Hana. Elle est sonnée. Elle se souvient : “C’était un père aimant. Je n’ou­blie­rai jamais la manière qu’il avait de nous embras­ser et de nous étreindre. Il nous donnait tout ce que nous voulions juste parce qu’il voulait voir un sourire sur nos visages.”

Pour le retrou­ver, elle fera n’im­porte quoi… L’idole a grandi dans le quar­tier noir de Louis­ville dans le Kentu­cky ? Sa fille se met en tête de réus­sir à l’école de la rue. Elle sourit : “Tout le monde essaye de sortir du ghetto. Moi je voulais y entrer.” Arrê­tée à plusieurs reprises pour des larcins qui lui valent une peine de déten­tion de trois mois dans un centre pour mineurs, l’ado rebelle provoque l’in­té­rêt de son père.

Laila a du carac­tère. Elle lui rend souvent visite durant les vacances d’été, passant quelques semaines en compa­gnie de sa nouvelle famille. Lorsque papa, converti à l’is­lam, lui reproche ses tenues légères et son peu d’ap­ti­tude à la prière, elle le renvoie au tapis en lui disant qu’elle respecte sa reli­gion mais que ce n’est pas la sienne. L’an­née de ses seize ans, elle travaille toute la saison comme serveuse au McDo du coin. Elle ne veut pas se sentir une gosse de riches. Bluffé, Ali lui rend souvent visite.

Père et fille se retrouvent autour d’une crème glacée. À son entou­rage, il confiait non sans fierté : “Tu peux dire tout ce que tu veux à Laila, elle est exac­te­ment comme moi !” Il n’ima­gi­nait pas à quel point. Lorsqu’elle lui demande de deve­nir son entraî­neur, il cherche d’abord à la dissua­der d’abi­mer son joli visage. Mais cède fina­le­ment face à la déter­mi­na­tion de sa fille. Leila ne la déçoit pas. Elle ne ménage pas sa peine et assi­mile rapi­de­ment la science du maître. Le 15 octobre 1999, sur le ring face à April Fowler, elle remporte son premier combat par K.O en… 37 secondes ! Une star est née. Durant sa carrière, “Miss Butter­fly” (son surnom) rempor­tera tous ses corps à corps – vingt-quatre au total, dont vingt et un par K.O. Entre le père et la fille, l’os­mose est parfaite.

En deve­nant une icône des rings, la cham­pionne du monde des poids mi-lourds fait de la boxe le symbole de l’éman­ci­pa­tion des femmes. Et Moha­med, qui l’ac­com­pagne souvent à ses combats, retrouve son punch et son mordant d’au­tre­fois. “Elle est sans pitié”, cligne-t-il de l’œil à ceux qui l’in­ter­rogent. Ensemble, ils appa­raissent dans plusieurs publi­ci­tés Adidas où Leila fait mordre pour de faux la pous­sière à papa. Après lui avoir offert une seconde jeunesse, Laila invoque désor­mais l’im­mor­ta­lité de son géni­teur : “Mon fils Curtis a son carac­tère, ses quali­tés, son physique. À travers lui, mon père conti­nue de vivre.” L’amour restera toujours plus fort que la mort.

Gala.fr Par Laurent Del Bono

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Une Réponse to “Etats-Unis: Laila Ali, au nom du père”

  1. Bouesso Says:

    Belle ressemblance au père

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