Immédiatement après l’annonce des résultats de l’élection présidentielle, qui donnent Ali Bongo Ondimba gagnant avec à peine 5 000 voix de plus que son adversaire Jean Ping, des manifestants ont pris d’assaut les rues de Libreville: des troubles ont éclaté sur les grandes artères entre les forces de l’ordre et des opposants criant Ali doit partir.
Il n’aura fallu que quelques minutes après la proclamation des résultats pour que les quartiers populaires de la capitale s’embrasent. Les partisans de Jean Ping se sont lancés dans des manifestations de rue, réprimées par la police. Et, en fin de journée, ont fini par se diriger vers l’Assemblée nationale, qui a fini dans les flammes.
Dès le milieu de l’après-midi, alors que les résultats officiels n’avaient pas été proclamés mais que des chiffres donnant le président sortant gagnant circulaient déjà, des milliers de personnes sont descendues des bidonvilles pour crier leur colère dans une ville de facto en état de siège. Leur favori, Jean Ping allait être défait d’une courte paille (48,23%) face au président sortant (49,8%).
« Ping heho, Ali dégage! », ont hurlé les manifestants brandissant des tiges de palmier, alors que le ministre de l’Intérieur venait d’annoncer le président sortant vainqueur face à son rival Jean Ping, en fin de journée.
Dans les « PK » (sortie de la ville), les quartiers Nzeng Ayong ou encore Nkembo, des détonations lourdes ont éclaté et des colonnes de fumée noires s’échappaient à plusieurs dizaines de mètres dans le ciel.
Sur la voie express, qui contourne la capitale par l’est, des manifestants ont tenté de rejoindre le quartier général de Ping. Les plus énervés brûlaient ce qu’ils trouvaient sur leur passage.
C’est à quelques centaines de mètres de là qu’avait eu lieu plus tôt la proclamation des résultats tant décriés, dans l’enceinte ultra-sécurisée nommée « Cité de la Démocratie ».
Dispersion par les gendarmes anti-émeute
Les gendarmes anti-émeute ont dispersé les mouvements de foule vers des ruelles à coups de grenades lacrymogènes et assourdissantes, et de canons à eau.
En fin de journée, des blindés étaient positionnés à plusieurs carrefours stratégiques entourés de très nombreux policiers, gendarmes et militaires avec casques lourds et boucliers.
Une nuit incertaine tombait sur Libreville
L’Assemblée nationale du Gabon était en flammes mercredi soir à Libreville après avoir été incendiée par des manifestants descendus dans la rue à l’annonce de la réélection du président Ali Bongo Ondimba, selon plusieurs témoins.
En début de soirée, c’est l’Assemblée nationale qui est partie en flammes. « Des manifestants en colère ont brûlé toutes les voitures autour, ensuite ils sont entrés à l’intérieur du bâtiment et ont mis le feu », a témoigné un partisan de Ping, présent sur place, auprès de l’AFP.
Tout le bâtiment est en train de prendre feu, a indiqué à l’AFP Yannick, un Librevillois présent sur les lieux. Un panache rouge et noir se dégageait dans la nuit au-dessus du palais Léon Mba, selon des journalistes de l’AFP qui se trouvaient à distance.
Ils sont entrés, ils ont brûlé, selon le même témoin affirmant que les forces de sécurité auraient reculé.
L’Assemblée nationale se trouve sur le prestigieux boulevard Triomphal, qui dessert de grandes institutions (siège de la télévision d’Etat Gabon Télévision, Sénat, Hôtel de Ville, Centre culturel français, ministère du Pétrole, ambassades de Chine, de Russie et du Liban…).
Les forces de sécurité s’étaient déployées à titre préventif dès mardi après-midi aux points stratégiques de la capitale à la veille de la proclamation des résultats officiels provisoires par la commission électorale.
L’un des axes principaux, le front de mer de Libreville, était coupé aux abords de la présidence, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Romandie.com et Jeuneafrique.com avec (©AFP / 31 août 2016 20h51)
Étiquettes : Ali Bongo Ondimba, Assemblée Nationale, Gabon, incendie
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