Le président du Brésil Michel Temer, le 4 avril 2017 à Sao Paulo / © AFP / Miguel SCHINCARIOL
Le Tribunal Supérieur Électoral du Brésil (TSE) a reporté mardi l’examen de la validité de la dernière élection présidentielle, un procès pour financement illégal de campagne que le président Michel Temer compte faire durer dans l’espoir de finir son mandat.
Le report, décidé dès l’ouverture du procès, permettra au tribunal d’entendre de nouveaux témoins à la demande de la défense, qui disposera d’un délai supplémentaire pour présenter ses arguments.
Cette décision est a priori favorable au chef d’État, dont le temps est le principal allié.
Une source au sein du TSE a indiqué à l’AFP qu’il était « impossible de prévoir une date pour la reprise du procès ». Mais même en cas de décision favorable à l’annulation du scrutin, la défense de M. Temer a déjà annoncé son intention d’épuiser tous les recours possibles, ce qui devrait lui permettre d’aller au terme de son mandat, fin 2018.
« La sérénité est de mise. Le temps joue en faveur du président et de nombreux recours sont possibles », a assuré à l’AFP une source gouvernementale, qui prévoit un appel devant la Cour Suprême en cas de décision défavorable au chef d’État.
Vice-président de Dilma Rousseff, Michel Temer lui a succédé en 2016 après que la première femme à la tête du Brésil a été destituée pour maquillage des comptes publics.
Le procès du TSE porte sur le scrutin qui a permis leur réélection en 2014, après un premier mandat de quatre ans.
Le tribunal doit décider si leur réélection est nulle en raison du versement de pots-de-vin qui auraient alimenté les caisses noires des partis des candidats. En ligne de mire, des versements effectués par le géant du BTP Odebrecht, accusé de truquer les marchés publics de la compagnie pétrolière d’État Petrobras.
« L’élection de 2014 sera connue à l’avenir comme la plus longue de l’histoire du Brésil », a résumé mardi Herman Benjamin, un des principaux juges en charge du dossier, à l’ouverture du procès.
Adam, Ève et le serpent
Si le TSE décide d’annuler le mandat du ticket Rousseff-Temer, ce dernier devra quitter le pouvoir.
L’intérim serait alors assuré par un nouveau président désigné par le Congrès, selon la Constitution. Certains juristes estiment cependant que de nouvelles élections doivent être organisées si l’annulation a lieu plus de six mois avant la fin du mandat.
Une telle décision serait un véritable coup de tonnerre, mais les avocats ont remporté mardi une première victoire, en menant à bien leur stratégie de jouer la montre.
Le tribunal a décidé d’entendre quatre nouveaux témoins, parmi eux l’ancien ministre de l’Economie du gouvernement Rousseff, Guido Mantega, et Joao Santana, publicitaire responsable des campagnes présidentielles de Dilma Rousseff en 2010 et 2014, tous deux mis en cause dans le cadre du scandale Petrobras.
« Nous ne pouvons pas transformer cette procédure en un univers sans fin. Nous ne pouvons pas entendre Adam et Ève, et, probablement, le serpent », a déploré Herman Benjamin, farouchement opposé à la tenue d’un procès à rallonge.
Aucun délai n’a encore été déterminé pour le passage des témoins à la barre. Une fois cette étape franchie, la défense disposera encore de cinq jours ouvrables pour présenter sa plaidoirie.
La défense de M. Temer a aussi tenté de couper le ticket électoral en deux et affirmé que le président actuel n’a pas participé aux démarches de financement occulte de la campagne de Mme Rousseff, mais sa motion a peu de chance d’aboutir.
Selon les médias brésiliens, Herman Benjamin devrait requérir l’annulation du résultat de l’élection. Le tribunal peut aussi les déclarer tous deux inéligibles pour une durée de huit ans.
Moins d’un an après la destitution de Mme Rousseff, le Brésil, frappé de plein fouet par une grave crise économique, encaisserait mal un nouveau séisme institutionnel.
Le Parlement est largement contrôlé par la coalition autour du gouvernement Temer, qui dispose aussi du soutien des principales forces économiques du pays, peu désireuses de voir dérailler le train de réformes menées par les dirigeants actuels pour sortir le Brésil de la crise.
Romandie.com avec(©AFP / 04 avril 2017 20h14)
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