Le médiateur de l’ONU chargé de trouver une solution au conflit au Yémen, est arrivé lundi à Sanaa où la garde chargée de son convoi a dû tirer en l’air pour disperser des protestataires, selon des témoins.
Les manifestants, certains en armes, ont momentanément bloqué le cortège d’Ismaïl Ould Cheikh Ahmed à la sortie de l’aéroport de la capitale yéménite Sanaa, contrôlée par les rebelles.
Des bouteilles d’eau ont été lancées sur son convoi et les gardes de sécurité ont tiré en l’air pour lui ouvrir la voie, ont rapporté les témoins.
Cet incident est survenu sur fond de critiques adressées à l’ONU par les rebelles Houthis pro-iraniens qui, depuis leur coup de force en 2014 contre le président Abd Rabbo Mansour Hadi, contrôlent Sanaa et de larges parties du territoire yéménite dans le nord et l’ouest.
Les forces progouvernementales, soutenues militairement par l’Arabie saoudite voisine, sont présentes essentiellement dans le sud du pays.
« L’ONU ne bouge que selon la volonté des agresseurs pour donner l’impression qu’il y a un processus de pourparlers politiques », a accusé le porte-parole des rebelles, Mohammed Abdessalam, sur sa page Facebook. « Les rencontres avec l’ONU ont un côté absurde ».
La guerre au Yémen a éclaté après la conquête en 2014 par les rebelles d’une grande partie du territoire et l’intervention militaire d’une coalition arabe sous commandement saoudien en mars 2015 pour aider le pouvoir à les stopper. Les Houthis, originaires du Nord, sont alliés avec les militaires restés fidèles à l’ex-président Ali Abdallah Saleh.
Sept accords de trêve négociés par l’ONU n’ont pas tenu et les efforts de paix sont au point mort.
Selon l’ONU, les civils constituent la majorité des quelque 8.000 morts et 45.000 blessés du conflit depuis mars 2015.
Trois objectifs
Dans une déclaration à la presse à l’aéroport, le médiateur onusien a indiqué qu’il voulait discuter avec les Houthis et leurs alliés des moyens d' »empêcher par tous les moyens une attaque contre le port de Hodeida » (ouest), sur la mer Rouge.
« Une telle attaque aurait de graves conséquences humanitaires que nous voulons éviter », a-t-il dit à propos d’une éventuelle opération militaire de la coalition arabe conduite contre ce port par lequel transite l’essentiel des importations du Yémen.
Le deuxième objectif de la visite concerne, selon le médiateur, les moyens de faire face à la grave crise humanitaire marquée par une épidémie de choléra, « une famine qui se profile » et la difficulté d’acheminer l’aide internationale.
Le bilan de l’épidémie de choléra s’est encore alourdi à 315 morts et 29.300 cas suspects recensés depuis fin avril, a annoncé l’Organisation mondiale de la santé.
Le troisième objectif est d’assurer « l’indépendance de la Banque centrale afin que les salaires soient versés à tous », a indiqué l’émissaire de l’ONU.
La Banque centrale fait l’objet d’une dispute entre les rebelles et le gouvernement Hadi qui a annoncé avoir transféré à Aden, dans le sud, le siège de cette institution, après avoir accusé les insurgés d’avoir pillé ses réserves.
Dans les faits, les fonctionnaires et employés de l’Etat, notamment dans le nord, n’ont pas reçu de salaires depuis des mois.
L’émissaire de l’ONU a dit espérer une trêve dans les combats durant le mois de jeûne musulman du ramadan qui commence fin mai.
Romandie.com avec(©AFP / 22 mai 2017 16h46)
Étiquettes : Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, Manifestations, ONU, Yémen
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