Me Éric Dupond Moretti, avocat au barreau de Paris
Monsieur,
Le métier que vous exercez est à mon sens l’un des plus beaux du monde et l’un des plus nobles, surtout lorsqu’il s’attelle à défendre les faibles ; surtout lorsqu’il s’attelle à défendre les justes, victimes de la toute puissance des forts.
Vous avez accepté de défendre l’état congolais, donc Monsieur Sassou Nguesso Denis, contre Monsieur Mokoko Jean Marie Michel dans un dossier aussi incompréhensible que fantasque.
Comme si vous troquiez votre statut d’avocat pour y poser la casquette du procureur de la République dictatoriale du Congo.
Pardonnez mon ignorance, mais le droit à la défense, qui garantit à l’accusé le droit d’avoir un AVOCAT, s’applique t-il aussi à ceux qui ACCUSENT ? Si la réponse est oui, permettez-moi de remettre en cause la logique de cette supposée assertion, car je pense que chercher à se défendre lorsqu’on a les preuves de la culpabilité de l’accusé, cela revient, paradoxalement à s’accuser soi-même du crime qu’on accuse.
Oui Monsieur, la seule personne, coupable d’atteinte à la sûreté de l’état, coupable de crimes contre l’humanité, coupable, non pas de tentative, mais de coup d’état militaro-constitutionnel avéré contre le peuple congolais s’appelle Sassou et vous à désigné comme nouveau procureur d’une république sanguinaire.
À la question qu’est-ce qui pourrait vous empêcher de défendre quelqu’un, vous répondiez, semble t’il à l’époque où vous aviez encore une éthique, « je pourrais défendre un négationniste mais je ne pourrais pas défendre un négationniste qui me demanderait de plaider que ce qu’il prône est vrai ».
Dans ce dossier, Cher Maître, vous ferez sans nul doute pire, car vous ne défendrez pas les idées d’un « négationniste » mais vous aiderez directement un tyran à réaliser le projet que niera plus tard un négationniste.
Nous le savons que trop bien, la Loi et la Morale ne font pas bon ménage, « (…) ce qui prévaut, c’est la loi, rien que la loi. Sans défense, il ne pourrait y avoir d’équilibre et ce serait la porte ouverte à tous les excès, à la dictature de ceux qui veulent se venger et imposer leur peine. Or, la vengeance n’est pas la justice et se venger n’est pas juger. »
Vous avez fait le choix, sans doute pécuniaire de passer du côté des vengeurs, bourreaux, de l’autre côté du Barreau, la cupidité n’est pas un crime, par encore, mais par amour et par respect pour votre profession, pour votre art, pesez de toutes vos forces sur vos nouveaux patrons pour qu’à la véritable défense, soit accordée les droits et libertés inhérentes à une procédure juste qui préserverait la justice d’une parodie de Procès dont vous serez l’artisan.
« Les avocats sont, avocats d’hommes et de femmes, mais en aucun cas des avocats de cause ou encore d’idéologie politique. » Permettez moi, Cher Maître, de douter de la pertinence de votre rôle dans cette macabre mise en scène.
Avec le temps, nous, Congolais éveillés avons compris que pour certains Français, la Démocratie, celle qui garantit les libertés et les droits fondamentaux n’avait pas sa place en Afrique et que l’homme noir pouvait subir toutes les humiliations et injustices possibles, tant que cela se passera hors du pays des droits de l’homme, ce ne serait que normal.
Je terminerai cette lettre cher Maître et en prenons en référence les faits qui nous concernent, pour vous dire que je suis triste de constater qu’au 21e siècle, il existe encore des hommes comme vous qui pour quelques billets contribuent à tirer le monde vers le bas.
Je suis convaincu, et encore plus aujourd’hui que la France est peut-être le pays des droits de l’homme, mais elle se vide, lentement et sûrement des hommes qui défendent ces droits.
Bon procès à vous.
Marcus Kissa
Président d’Honneur ORICE
Étiquettes : Avocat, Éric Dupond Moretti, Barreau, Paris
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