France: partira, partira pas… Cette question récurrente autour de Nicolas Hulot

Paris – Utile ou pas utile? Rester ou partir? Les avis déferlent sur l’action de Nicolas Hulot au gouvernement, au moment où approche l’échéance estivale que le ministre s’est lui-même fixée.

Cette semaine est importante. Le Premier ministre, Edouard Philippe, présente mercredi un plan biodiversité que son ministre de l’Ecologie souhaite « ambitieux », mais à la portée encore incertaine. Vendredi, Nicolas Hulot marquera le premier anniversaire de son plan climat, que les ONG jugent « loin du compte ».

Depuis sa nomination en mai 2017, la question de sa capacité à agir et à se maintenir n’a cessé de refaire surface, et faisait encore la une de la presse mardi.

« Cet été, on aura avec le président et le Premier ministre un moment de vérité », avait dit l’intéressé mi-mai, affirmant qu’il tirerait « les leçons » si « les conditions » de mise en place des politiques qu’il défend « ne sont pas remplies ».

Depuis, il est apparu particulièrement remonté, défendant vigoureusement son bilan. Lundi soir, il était plutôt rieur lors d’un « Facebook Live » avec le Premier ministre.

« On le sent plus enjoué qu’il n’a pu l’être à certains moments », note l’ex-députée européenne Sandrine Bélier, de l’ONG Humanité et Biodiversité, espérant y voir un signe d’avancée sur les dossiers encore attendus.

– Écolos impatients –

Mais au moment où les ministres vont passer leur grand oral auprès du premier d’entre eux (jeudi matin pour Hulot), d’autres défenseurs de l’environnement retiennent les concessions faites: accord commercial avec le Canada (Ceta), autorisation de raffinerie basée sur l’huile de palme, plans qualité de l’air n’empêchant pas le renvoi devant la justice européenne…

« Il faudrait qu’il parte car il est en train d’attaquer sa propre crédibilité pour la donner à un gouvernement qui a montré son vrai visage: agressif, ultralibéral », dénonçait dans Libération Claire Nouvian, de l’ONG Bloom.

La loi agriculture et alimentation, « c’est (le ministre de l’Agriculture) Stéphane Travert qui l’a gérée », dit à l’AFP Laurent Pinatel, de la Confédération paysanne, pour qui « on a une loi qui a occupé tous les acteurs agricoles pendant un an et qui ne va pas changer grand-chose au final ».

Mais « ce serait bien pire s’il n’était pas là », le défend Audrey Pulvar. « Je me pose toujours la question de savoir qui serait là s’il n’était pas là », a dit à l’AFP la présidente de la Fondation pour la nature et l’homme, l’ex-Fondation Hulot.

Parmi ses victoires, l’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, l’inscription annoncée de l’environnement dans la Constitution, la concrétisation de six parcs éoliens en mer…

« Sans lui, nous n’aurions pas obtenu ce qu’on a obtenu », estime aussi Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables, qui cite aussi les appels d’offres dans le solaire, les mesures pour l’éolien et la méthanisation. Mais « il faudra deux ou trois ans pour donner un jugement définitif, notamment » après la feuille de route énergétique de la France attendue prochainement.

– Soutien gouvernemental –

Hulot pointe aussi son rôle dans la décision d’interdire le glyphosate d’ici 2021, même s’il a échoué à la faire graver dans la loi. « Vous ne voyez que ce qu’il n’y a pas! », reproche-t-il aux journalistes. « Si on veut être objectif et ne pas décourager tout le monde, il faut aussi voir ce qu’il y a! »

Le gouvernement, lui, ménage son ministre. « Nicolas Hulot a toute sa place au gouvernement », a insisté mardi son porte-parole, Benjamin Griveaux, sur BFMTV.

« Son départ serait dommageable » pour le sommet de l’Etat, estime Jérôme Sainte-Marie, de PollingVox, à propos de ce ministre populaire qui permet à Emmanuel Macron d’adoucir son « image techno et d’homme des entreprises » et « de drainer de nouvelles catégories, moins urbaines, moins jeunes ».

« Et avant les européennes, (perdre Nicolas Hulot) redonnerait un peu d’allant à la gauche, » ajoute le spécialiste de l’opinion.

Mardi, le groupe des députés LREM lui a exprimé son soutien et 111 d’entre eux, son proche Matthieu Orphelin en tête, ont signé une tribune « L’écologie avance! »

Quant à la pétition pour « libérer » Hulot, lancée par des humoristes de France Inter, elle recueillait mardi 5.000 signataires.

Romandie.com avec(©AFP / 03 juillet 2018 15h24)                                                        

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