Celui qui est soupçonné d’avoir assassiné sa famille à Nantes en avril 2011 s’était volatilisé. Il aurait été interpellé ce vendredi à l’aéroport de Glasgow.
Xavier Dupont de Ligonnès, en 2003. Coll.privee De Ligo/FSMADJA/FDEMANGE/SIPA/SIPA
Une cavale de huit ans. Autant d’années à fuir les polices de l’Europe entière sans donner le moindre signe de vie, sans laisser la moindre trace. Au point que nombreux étaient ceux qui le croyaient mort. Mais toute fuite, aussi minutieusement préparée soit-elle, a une fin. Celle de Xavier Dupont de Ligonnès, soupçonné d’avoir tué sa femme et ses quatre enfants en 2011 à Nantes, semble s’être écrite en Écosse.
À l’aéroport de Glasgow, plus précisément, où un homme, identifié comme Xavier Dupont de Ligonnès, a atterri en provenance de Roissy-Charles-de-Gaulle vendredi soir.
Selon une source proche de l’enquête, la police écossaise a eu l’information selon laquelle Xavier Dupont de Ligonnès était vivant et s’apprêtait à prendre un avion pour Glasgow en provenance de France. Alertée, la police française décide de contacter Interpol qui met alors en place, aux côtés des Écossais, un dispositif pour interpeller cet homme à Glasgow.
À son arrivée dans la capitale écossaise, l’individu est contrôlé. Ses empreintes correspondent à celles de Xavier Dupont de Ligonnès, précise la police écossaise. Les enquêteurs français en charge de ce dossier doivent rejoindre l’Écosse samedi. Pour qu’aucun doute ne persiste, des analyses plus poussées doivent être réalisées très prochainement.
Selon plusieurs sources, Xavier Dupont de Ligonnès serait méconnaissable, son physique et son look ayant beaucoup évolué. Sous le coup d’un mandat d’arrêt international, Xavier Dupont de Ligonnès doit être ramené en France dans les prochains jours. Il devra ensuite être entendu par un magistrat instructeur, selon la procédure dédiée.
De nombreuses zones d’ombre
Selon une source bien informée, il voyageait avec un passeport français volé en 2014. Il aurait également passé une partie de sa cavale au Royaume-Uni. Selon une source du Figaro, il serait marié à une Écossaise. Depuis huit ans, cet homme était activement recherché. À maintes reprises, des signalements sont parvenus aux enquêteurs dont les milliers de procès-verbaux rédigés n’ont pas permis de dire s’il était mort ou vivant, s’il avait pu organiser sa fuite ou s’il s’était suicidé.
Xavier Dupont de Ligonnès avait été aperçu pour la dernière fois en avril 2011: le 14 avril, il avait été filmé par la caméra d’un distributeur de billets, et le 15, il avait quitté à pied un hôtel avec, sur le dos, un étui pouvant contenir une carabine. Six jours plus tard, le 21 avril, l’effroi saisissait la ville de Nantes. Ce matin-là, la police découvrait les corps d’Agnès Dupont de Ligonnès et de ses quatre enfants, enterrés sous la terrasse du jardin familial. Les cinq victimes ont vraisemblablement été tuées deux semaines plus tôt, entre le 3 et le 5 avril, d’au moins deux balles de 22 Long Rifle dans la tête. Les chiens de la famille, également abattus, étaient enterrés au même endroit. L’enquête débute mais, rapidement, les enquêteurs butent sur une énigme: où est Xavier Dupont de Ligonnès, le mari et père de cette famille décimée ?
Avec six jours de retard sur le père de famille, les enquêteurs avaient alors remonté le fil de son emploi du temps, sans percer l’énigme. Un mandat de recherche a été émis contre Xavier Dupont de Ligonnès dès le 22 avril, transformé le 10 mai en mandat d’arrêt international. Depuis, plus aucun signe de mouvement de comptes bancaires, d’appels téléphoniques ni de connexions Internet.
En proie à des problèmes d’argent, Xavier Dupont de Ligonnès avait acheté un silencieux et des munitions qui semblent avoir servi au crime. Il s’était inscrit à un club de tir peu avant le quintuple meurtre. Il mentait sur ses activités professionnelles, se disait ruiné et envisageait de supprimer sa famille plus d’un an avant les faits, dans un courriel adressé en janvier 2010 à sa maîtresse, retrouvé par la police.
Malgré un mandat d’arrêt international lancé contre lui, il n’avait jamais été retrouvé. Plusieurs opérations et campagnes de fouilles ont été menées dans le Var, département où la famille Dupont de Ligonnès avait habité dans les années 1990, notamment après des découvertes de cadavres non identifiés.
Une pincée de théorie du complot – née d’un courrier du père à neuf de ses proches, affirmant qu’il allait être exfiltré vers les États-Unis en raison de sa supposée vie d’agent double -, une famille en apparence tout à fait classique, une préparation qui semble méthodique et une certaine mise en scène de la disparition du père sont venus nourrir l’intérêt pour cette affaire hors du commun. Peu après l’annonce de l’arrestation, le député de Loire-Atlantique et ex-ministre François de Rugy a salué sur Twitter la « coopération » entre les polices française et écossaise qui « devrait permettre à ce drame de trouver enfin son dénouement judiciaire ».
Le Figaro.fr par Par Yohann Blavignat et Christophe Cornevin
Étiquettes : Assassinat, Famille, FRANCE, Glasgow, Nantes, Xavier Dupont de Ligonnès
octobre 12, 2019 à 8:17 |
Fin de la cavale !