« Michel Piccoli s’est éteint le 12 mai dans les bras de sa femme Ludivine et de ses jeunes enfants Inord et Missia, des suites d’un accident cérébral », indique le communiqué de la famille.
Qualifié par le magazine Le Point de dernier géant du cinéma français et d’incarnation du premier mâle complexe de ce cinéma, Michel Piccoli apparaît à l’écran dès 1945 dans Sortilèges de Christian-Jaque, dans lequel il joue le rôle d’un villageois.
Il consacre cependant ses premières années de comédien à la scène et devra attendre 1962 pour se faire remarquer dans le film Le Doulos de Jean-Pierre Melville.
Michel Piccoli sera véritablement révélé l’année suivante dans Le Mépris de Jean-Luc Godard, où il forme un couple avec Brigitte Bardot, un rôle qui l’imposera dans un emploi de séducteur.
Ayant tourné dans plus de 150 films, sa carrière est cependant indissociable des réalisateurs Luis Buñuel et Claude Sautet.
L’acteur collabore à six films avec le réalisateur espagnol, dans lesquels il interprète des personnages troubles, notamment dans Le journal d’une femme de chambre, Belle de jour ou Le charme discret de la bourgeoisie.
Il devient ensuite l’acteur fétiche de Claude Sautet dans les années 70 et jouera notamment dans Les choses de la vie, Max et les ferrailleurs et Vincent, François, Paul… et les autres.
L’acteur ne craint pas de jouer l’extravagance ou les délires et de casser son image. Son rôle dans La Grande Bouffe de Marco Ferreri, un des plus gros scandales du festival de Cannes, en 1973, en est la preuve. Il y incarne un participant à un séminaire gastronomique se transformant en orgie scatologique et nihiliste.
Ayant tourné aux côtés des grands réalisateurs du cinéma français, de Jean Renoir, à Alain Resnais, Claude Chabrol, Agnès Varda, Claude Lelouch ou Bertrand Tavernier, Michel Piccoli était aussi très prisé en Italie, même si, de son propre aveu, il parlait très mal italien et était toujours doublé dans cette langue.
Il reçoit d’ailleurs un prix d’interprétation à Cannes en 1980 pour son rôle dans le film italien Le Saut dans le vide, de Marco Bellochio, et ce même si ce n’est pas lui qui parle dans cette langue.
Son dernier film tourné en Italie, Habemus papam, de Nanni Moretti, en 2011, sera également son dernier grand rôle à l’écran et fera partie de la sélection de la Croisette cette année-là. Bien qu’elle ne lui vaudra aucun prix, son interprétation d’un pape dépressif et en proie au doute lui apporte néanmoins les éloges des critiques du monde entier.
Quatre fois nommé aux César, les prix du cinéma français, notamment pour La belle Noiseuse de Jacques Rivette en 1992, il n’a jamais été récompensé par l’Académie.
Il recevra cependant en 1982, au Festival de Berlin, l’Ours d’argent du meilleur acteur pour son rôle de patron manipulateur et dominateur dans Une étrange affaire, de Pierre Granier-Deferre.
Avec CBC/Radio-Canada
Étiquettes : Acteur, décès, FRANCE, Michel Piccoli
Votre commentaire