Alors que la première vague de coronavirus s’essouffle lentement au Canada ces dernières semaines avec des taux de contagion et d’hospitalisation en baisse plus ou moins constante, les autorités médicales et gouvernementales se préparent déjà activement à une deuxième vague de contagion.
Le scénario d’une nouvelle éclosion de masse qui semble inévitable aux yeux de nombreux experts devrait se produire quelque part entre l’automne et la fin de l’hiver prochain et pourrait durer au moins jusqu’au début de l’année prochaine, selon les prévisions.
Or, l’arrivée d’une deuxième vague de coronavirus n’est pas gravée dans le marbre, soutiennent plusieurs experts en santé publique, qui croient que le Canada pourrait plutôt affronter plusieurs petites vagues plutôt qu’une grosse dans les mois à venir ou même éviter complètement une deuxième vague, si les citoyens et les autorités demeurent alertes.
«Il n’y a en fait rien de prévisible à propos d’une deuxième vague», a expliqué Steven Hoffman, directeur du Global Strategy Lab et professeur de droit de la santé mondiale à l’Université York de Toronto, à nos collègues de CBC.
«Nous pourrions avoir une deuxième vague, une troisième, une quatrième et une cinquième. Nous pourrions ne pas avoir de deuxième vague du tout», croit Steven Hoffman.
Selon lui, plutôt que d’essuyer une forte vague comme la première fois, nous serons probablement confrontés dans les mois à venir à des épidémies de moindre ampleur qui devront être jugulées rapidement.
Pas de retour en force de la maladie ailleurs dans le monde
Si on regarde ailleurs dans le monde, principalement où le coronavirus a frappé en début de pandémie, aucune deuxième vague de grande ampleur n’a été rapportée jusqu’ici, alors que les éclosions localisées, elles, se multiplient un peu partout.
Israël a connu des centaines de nouvelles infections après la réouverture des écoles, la Corée du Sud a connu une recrudescence des cas dans un quartier de boîtes de nuit à Séoul, tandis qu’une épidémie dans une usine de conditionnement de la viande en Allemagne a entraîné de nouvelles mesures de confinement. Mais nulle part pour le moment, la COVID-19 n’a engendré de deuxième vague massive.
En Chine continentale, les autorités ont agi rapidement pour contenir une nouvelle éclosion ce mois-ci à Pékin en réinstaurant des mesures d’hygiène strictes et en suspendant 60 % des vols à destination et en provenance de la capitale après la découverte de 256 nouveaux cas depuis le début de juin.
Pour le Dr Bogoch, si le Canada adopte une approche similaire pour contrôler les nouveaux foyers qui apparaîtront à l’avenir, nous pourrons éviter l’imposition des mesures plus draconiennes, comme la fermeture d’entreprises non essentielles et la réimposition de mesures de confinement à grande échelle dans le pays.
Raywat Deonandan, épidémiologiste en santé mondiale et professeur associé à l’Université d’Ottawa, estime que la prochaine vague d’infection risque d’être moins grave, compte tenu de ce que nous avons appris sur la façon de contrôler le virus au cours des six derniers mois.
«Nous savons qu’il [le coronavirus] aime les rassemblements de masse à l’intérieur. Il semble que c’est là que les super-événements de propagation ont tendance à se trouver : les églises, les bars karaoké, les fêtes, les boîtes de nuit», explique-t-il.
«C’est donc notre façon de contrôler la deuxième vague, si nous surveillons vraiment les grandes activités à l’intérieur ou si nous les empêchons complètement.»
Les Canadiens toujours vulnérables
Mais en dépit du relâchement des stratégies le plus strictes, les Canadiens demeurent vulnérables à la COVID-19 essentiellement parce beaucoup d’entre eux n’ont pas encore été infectés.
Selon l’administratrice en chef de la santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam, près de 2,5 millions de Canadiens ont été testés pour la COVID-19, avec une moyenne d’environ 4 % de tests positifs et plus de 100 000 cas confirmés.
«Nous avons une très faible pénétration de cette maladie dans notre société», explique Raywat Deonandan.
«Cela signifie que la grande majorité des Canadiens sont encore sensibles, et s’ils le sont, il ne faudra pas grand-chose pour qu’une nouvelle croissance explosive du virus se produise.»
Une meilleure connaissance du virus pour repousser les futures vagues
Mais même s’il revient, les Canadiens seront mieux armés que la première fois pour y faire face, croient plusieurs chercheurs et scientifiques, notamment en raison des progrès de la médecine et de la science ces dernières semaines pour comprendre le virus, son mode de propagation, les symptômes qu’il provoque, mais aussi ses faiblesses.
«Nous avons appris qu’il s’agit d’une maladie très étrange qui semble se manifester différemment dans différentes populations, différents groupes d’âge, et que la symptomatologie n’est pas du tout ce à quoi on aurait pu s’attendre au début», explique Raywat Deonandan.
«Cette idée de perdre son odorat, par exemple, a pris tout le monde par surprise. Nous avons également appris la transmission asymptomatique et présymptomatique», poursuit l’épidémiologiste.
Il ajoute que les experts du monde entier avaient supposé à tort, au début de la pandémie, que le simple fait de tester précocement les patients symptomatiques permettrait de contrôler la propagation de COVID-19, un peu comme dans le cas d’une épidémie de grippe.
«Il semble maintenant que la quasi-totalité du virus soit véhiculée par des gouttelettes et des aérosols, principalement des gouttelettes», selon Raywat Deonandan.
Jason Kindrachuk, professeur adjoint de pathogenèse virale à l’Université du Manitoba à Winnipeg et titulaire de la chaire de recherche du Canada sur les virus émergents, croit lui aussi qu’une meilleure compréhension de la maladie permettra de faire des gains importants en cas de deuxième vague.
«Nous sommes mieux préparés que lors du premier tour parce que nous avons une meilleure idée de ce qu’est ce virus et un peu plus sur son comportement.»
Qui plus est, souligne M. Kindrachuk, la première vague a exposé nos vulnérabilités, en particulier dans les maisons de soins de longue durée, où plus de 6000 Canadiens sont morts de la COVID-19 à ce jour.
«Si le virus connaît une nouvelle résurgence au Canada, explique-t-il, tant que nous pourrons limiter la propagation au sein de ces communautés vulnérables, nous savons que la majorité du reste de la population est gérable».
Avec CBC/Radio-Canada d’après les informations recueillies par Adam Miller
Étiquettes : CANADA, coronavirus, experts, Vague
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