Des 9866 volontaires inscrits à la formation accélérée de préposés aux bénéficiaires (PAB) en juin, seuls 6551 prêtent main-forte aujourd’hui dans les CHSLD. Ceux qui sont partis doivent rendre la bourse reçue du gouvernement, ce qui n’est pas simple.
© Ivanoh Demers/Radio-Canada Èva Benoit-Dragon à proximité de son nouveau travail dans un dépanneur de Saint-Jérôme.
La vie d’Èva Benoit-Dragon a changé depuis l’échec de sa formation de PAB. La Montréalaise de 21 ans a dû retourner vivre chez ses parents à Saint-Jérôme et elle doit travailler dans un dépanneur.
«J’ai une grosse dette et je sais que ça va prendre du temps à la rembourser.» Elle doit remettre les 6140 $ de bourse du gouvernement qu’elle a reçus durant ses deux mois d’alternance travail-études en CHSLD.
Cet argent, elle ne l’a pas. Elle en a dépensé une bonne partie pour payer son loyer des derniers mois, sa nourriture et s’occuper de son frère. «Je ne pouvais pas m’inscrire à la PCU et je n’ai pas le droit au chômage, car je n’ai pas accès à une cessation d’emploi, puisqu’il s’agit d’études», explique-t-elle.
Plusieurs syndicats de préposés nous ont fait part de situations semblables.
Remboursement obligatoire en cas d’échec ou d’abandon
Le contrat qu’elle a signé était clair : en plus de réussir la formation, les aspirants PAB doivent offrir une disponibilité d’un an. En cas d’abandon ou d’échec, ils doivent rembourser la bourse de formation, qui atteint un maximum de 9210 $.
Èva Benoit-Dragon n’a pas été jugée assez compétente par ses formateurs, mais c’est seulement deux jours avant la fin des 375 heures de formation requises qu’ils le lui ont annoncé. Juste avant qu’elle ne puisse toucher le dernier paiement de sa bourse.
«Je me sens extorquée et flouée», dit-elle.
Elle reconnaît quelques «petites erreurs» durant sa formation, comme avoir oublié de porter des gants à une reprise, mais rien ne lui laissait présager qu’elle allait être écartée du jour au lendemain. «J’ai fait les heures qu’ils m’avaient dit de faire, on me disait que je faisais des progrès.»
«Ça manque d’humanité. Elle s’est fait jeter comme une vieille chaussette», dénonce le député de Rosemont de Québec solidaire, Vincent Marissal, qui a été contacté par la jeune femme, désespérée. «Peut-être que certains auraient besoin de plus de temps de formation.»
Le député de Québec solidaire rappelle que «ces gens-là ont travaillé en CHSLD durant leur formation, ils ont quand même donné des services».
Le ministère de la Santé explique que le remboursement n’est pas requis pour un candidat qui échoue pour une raison liée à une incapacité cognitive ou une maladie. «Un traitement humain au cas par cas est donc privilégié», ajoute le porte-parole Robert Maranda.
De plus, le ministère précise que «le candidat et l’établissement de santé et services sociaux qui a octroyé la bourse peuvent convenir d’une entente de remboursement étalée sur un nombre de mois convenu entre les parties».
Enfin, le contrat signé par les aspirants PAB prévoit la possibilité de retrancher du montant total le prorata du temps travaillé. Ce n’est toutefois pas ce qui a été proposé à Èva Benoit-Dragon.
La jeune femme avait été sélectionnée au départ parmi 80 000 volontaires. Le gouvernement avait un urgent besoin de 10 000 préposés dans les CHSLD de la province. Puisque seulement 6551 sont au travail, Québec a déjà prévu la formation de nouvelles cohortes pour ajouter 3000 personnes de plus.
Avec Thomas Gerbet par Radio-Canada

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