De premiers Montréalais de 80 ans et plus qui vivent à domicile ont commencé lundi à recevoir le très attendu vaccin contre la COVID-19 dans divers lieux de la ville, dont le stade olympique et le Palais des congrès.
© Ivanoh Demers/Radio-Canada Lyette Saucier, 84 ans a été surprise par la piqûre du vaccin, lundi, au stade olympique. Heureusement, la douleur s’est rapidement dissipée.
Les premiers vaccinés sont essentiellement des personnes âgées de plus de 85 ans, qui ont été les premières à pouvoir réserver leur place la semaine dernière. La prise de rendez-vous a ensuite été élargie aux 80 ans et plus puisque des places demeuraient disponibles.
Le directeur de la campagne provinciale de vaccination contre la COVID-19, Daniel Paré, a d’ailleurs annoncé lundi en entrevue à l’émission Tout un matin que tous les septuagénaires de Montréal et de Laval peuvent désormais prendre un rendez-vous à leur tour.
«On a concentré des vaccins dans cette région-là pour cette semaine, considérant le nombre de cas de COVID-19. Cette semaine, on voulait vraiment donner un petit « blitz ». C’est pour ça qu’on rouvre ce nouveau groupe prioritaire», a fait valoir M. Paré.
© Ivanoh Demers/Radio-Canada Une file d’attente s’est rapidement formée lundi matin au stade olympique. Le CIUSS de l’Est-de-Montréal affirme que beaucoup de gens se sont présentées jusqu’à 90 minutes avant leur rendez-vous. La distanciation physique n’était pas au rendez-vous.
La campagne de vaccination de masse, qui s’est mise en branle jeudi dernier à Laval et dans les Laurentides, commence également lundi dans la région de Lanaudière. En Montérégie, elle ne débutera toutefois pas avant le 11 mars.
À Montréal, une quinzaine d’endroits accueillent des aînés, dont le stade olympique et le Palais des congrès, qui sont tous deux en mesure d’immuniser 3000 personnes par jour. Le stationnement à ces deux endroits est gratuit pour quiconque vient se faire vacciner.
Au stade olympique, la campagne de vaccination semble avoir été victime de son succès, et de l’impatience des aînés, lundi matin. Une file d’attente s’est rapidement formée dans la rotonde, de sorte que des employés ont dû offrir des chaises aux gens.
© Ivanoh Demers/Radio-Canada Un employé distribue des chaises aux personnes contraintes d’attendre avant d’entrer. Plusieurs d’entre elles sont mécontentes de la tournure des événements.
Le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de l’Est-de-l’Île-de-Montréal affirme que beaucoup de personnes se sont présentées jusqu’à 90 minutes avant leur rendez-vous.
Pour éviter cette situation, les gens sont priés «de se présenter à l’heure de leur rendez-vous, et non pas en avance», a indiqué le CIUSSS dans un communiqué. «Le respect de cette directive est nécessaire pour assurer le respect des consignes sanitaires en vigueur», précise-t-il.
© Ivanoh Demers/Radio-Canada Une fois les chaises distribuées, les gens ont pu s’asseoir dans la rotonde du stade en attendant leur tour.
Au Patro Villeray, où des vaccins sont aussi offerts, aucune attente considérable n’était toutefois signalée lundi avant-midi. Plusieurs personnes interrogées avant de s’y engouffrer se disaient soulagées devant la perspective d’être enfin vaccinées.
«On se sent heureux d’avoir le vaccin», a déclaré un homme qui arrivait pour son rendez-vous. «Peut-être qu’on va être plus protégés. Alors, ça va nous donner un peu d’assurance, aussi. En tout cas, il faut le faire», a commenté une autre femme.
Une infirmière auxiliaire venue prêter main-forte pour la vaccination, Cera Tofan, abondait dans le même sens. «Il faut passer à cette étape. Le plus rapidement c’est, mieux c’est pour tout le monde», a-t-elle indiqué. «On veut gagner cette immunité collective tellement désirable.»
© Ivanoh Demers/Radio-Canada Il a fallu au moins une heure avant que des mesures visant à assurer le respect de la distanciation physique soient mises en place dans la rotonde du stade.
«On trouve que ça roule bien»
Au Palais des congrès, une bonne affluence pouvait aussi être constatée en milieu de matinée. «On trouve que ça roule bien», a commenté Francine Dupuis, présidente-directrice générale adjointe du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal.
«C’est sûr que, comme c’était la première journée, on a commencé un peu en retard. On n’était pas tout à fait à point. On a eu quelques petits accrocs sur le plan informatique. Mais maintenant, ça roule bien, et on pense que ça va être de plus en plus efficace et que les gens auront moins d’attente», a-t-elle indiqué.
Mme Dupuis invite elle aussi les gens qui ont des rendez-vous à se présenter tout au plus 10 minutes avant l’heure prévue pour recevoir leur vaccin.
«Ça ne sert à rien d’attendre dans la file; ils vont de toute façon être vaccinés. Et ça fait moins d’attente, surtout pour les personnes qui ont des marchettes ou des chaises roulantes», a-t-elle souligné.
Selon Mme Dupuis, le gouvernement a pensé entreprendre la campagne de vaccination de masse auprès des septuagénaires, avant de se raviser, par crainte que cela pose des problèmes de logistique.
Mme Dupuis affirme que les pages horaires offertes pour les prochaines semaines sont actuellement «restreintes», parce que Québec n’a pas pu offrir une «assurance totale» que les doses attendues arriveront. «Mais au fur et à mesure qu’on nous confirme les arrivées [de vaccins], on ajoute des plages de rendez-vous», assure-t-elle.
Le nombre de vaccinateurs suffit à répondre à la demande en ce moment, puisque les centres de vaccination ne fonctionnent pas encore à leur pleine capacité. «Quand tous les sites montréalais vont être à pleine capacité, ça pourrait poser un problème», a-t-elle toutefois convenu.
Au CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal, une centaine de personnes supplémentaires sont recherchées pour différentes tâches, dit-elle. «C’est très complexe, c’est beaucoup de logistique. Il faut les former ces gens, il faut leur montrer le système informatique; il faut qu’ils s’approprient ça, détaille-t-elle. Donc, il faut de la formation pour ne pas que les gens fassent d’erreurs.»
«C’est la lumière au bout du tunnel»
En entrevue à Tout un matin, Ginette Senez, directrice par intérim de la gestion extrahospitalière de la pandémie au CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, a expliqué que les aînés qui se rendent au Palais des congrès doivent se laver les mains avant de s’enregistrer avec leur carte d’assurance-maladie avant d’être dirigés vers la salle de vaccination.
«On a d’abord une évaluation, on donne son consentement, on change de table et on procède à la vaccination comme telle», a-t-elle résumé. «Par la suite, on se rend à la salle d’attente […], on attend 15 minutes, on ressort de la salle, on prend le rendez-vous pour notre deuxième dose et on quitte.»
Les gens qui seront vaccinés aujourd’hui recevront le vaccin de Pfizer-BioNTech, a précisé Mme Senez.
«On vaccine avec le vaccin qui nous est rendu disponible. En ce moment, nous avons beaucoup plus de doses de Pfizer que de Moderna. Concernant AstraZeneca, nous ne l’avons pas encore», ajoute-t-elle en référence à ce vaccin et à sa version indienne, Covishield, qui ont tous deux été approuvés vendredi dernier par Santé Canada.
Selon Mme Senez, le vaccin de Moderna, qui nécessite une manipulation un peu moins délicate que celui de Pfizer-BioNTech, est davantage utilisé dans des situations où le vaccin doit être déplacé. Il est notamment utilisé en ce moment pour vacciner les aînés vivant dans des habitations à loyer modique (HLM).
Daniel Paré a par ailleurs indiqué lundi qu’une aide devrait être bientôt offerte aux personnes âgées qui n’ont pas de moyen de transport pour se rendre aux centres de vaccination, comme le demandait en fin de semaine le Réseau FADOQ.
Les personnes admissibles à un vaccin sont invitées à prendre rendez-vous en ligne à l’adresse Québec.ca/vaccinCOVID ou par téléphone au 1 877 644-4545.
Avec Radio-Canada par François Messier
Étiquettes : CANADA, Montréal, Québec, vaccination
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