RÉACTIONS. Capitales et institutions africaines se sont émues de la situation qui prévaut actuellement entre l’État hébreu et le Hamas, ainsi que son cortège de morts.

Les nouveaux affrontements entre Israël et les Palestiniens ont suscité indignation et protestations aux quatre coins du monde. En Afrique : l’Union africaine s’est empressée de réagir en demandant dans un communiqué une désescalade. En Afrique du Sud, la solidarité avec la Palestine s’est exprimée avec une vigueur particulière. En effet, aux yeux de nombreux Sud-Africains, la similitude est vivace entre la situation vécue par les Palestiniens et le régime de l’apartheid : une comparaison loin d’être anodine. Certains critiques, notamment l’ONG Human Rights Watch, ont accusé la politique israélienne à l’égard des Palestiniens d’être une forme d’apartheid, en référence à l’ancien système de gouvernement de la minorité blanche en Afrique du Sud. Une comparaison qu’Israël rejette.
En Afrique du Sud, des manifestants consternés
Mardi, le Cap, deuxième ville du pays, a accueilli une manifestation spontanée de plusieurs centaines de personnes, au lendemain de nouveaux affrontements sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem. Ils ont comparé l’occupation israélienne au régime honni qu’ils ont connu. Les manifestants ont aussi réclamé la « fin de l’occupation illégale de la Palestine ». Muni de drapeaux palestiniens, le cortège, emmené par une fanfare d’écoliers en uniforme bleu, a scandé « Libérez, libérez la Palestine », « À bas, à bas Israël », rapporte l’AFP.
Dans la foule, plusieurs figures politiques. Ainsi du député de l’ANC, par ailleurs petit-fils de l’ancien président Nelson Mandela, Mandla Mandela. Il a appelé à « la fermeture de l’ambassade d’Afrique du Sud à Tel-Aviv ». « Il a été choquant, mes frères et sœurs, d’être témoin de ce qui se passe à Sheikh Jarrah ainsi qu’à Al-Aqsa. Nous ne pouvons plus nous taire », a-t-il dit dans des propos rapportés par la presse nationale.
Si les Sud-Africains se mobilisent, c’est parce que « ça nous rappelle la brutalité de la police, ça nous rappelle le régime de l’apartheid », explique à l’AFP Kashiefa Achmat, 56 ans, militante associative. Quant à Kauthar Adams, étudiante de 21 ans, elle regarde le conflit israélo-palestinien « à la télé depuis toujours ». Les affrontements sur l’esplanade des Mosquées l’ont choquée : « Je me sens personnellement liée à tout ça. » « Des gens meurent, des gens sont déplacés, des gens sont blessés et sont traités injustement. Nous avons subi la même chose ici », a confié Tasneem Saunders, une prof de 31 ans. « Comment ne pas soutenir, comment ne pas avoir de sympathie pour ces gens ? » souffle Magamat Zain, musulman de 44 ans qui porte le drapeau palestinien autour du cou, précisant que les manifestants viennent d’horizons divers.
D’autres rassemblements, organisés par le mouvement Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS), ont eu lieu le même jour, notamment à Sandton, banlieue aisée de Johannesburg. Mercredi, même effervescence dans les rues du Cap. Cette fois, les partis politiques étaient largement représentés : ANC, le Good Party mais aussi le parti des Combattants pour la liberté économique (EFF), ainsi que des organisations dont la fédération syndicale Cosatu, a constaté le journal Daily Maverick. « Nous sommes solidaires du peuple palestinien. Quand on se tait, on est complice. Quand nous sommes absents, nous sommes complices. Nous ne sommes pas prêts à être complices », a déclaré le député du Cap-Occidental et secrétaire général du Good Party, Brett Herron. « Nous appelons à des sanctions sévères et significatives contre le gouvernement israélien », a-t-il insisté. Quelques heures avant, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a condamné, au nom du Congrès national africain (ANC) au pouvoir, « les expulsions illégales de Palestiniens de leurs maisons » ainsi que « les attaques brutales contre les manifestants palestiniens » sur le dôme du Rocher.
Malgré des trajectoires opposées en apparence, l’Afrique du Sud et Israël ont à certains moments de l’histoire tissé des liens étroits malgré la présence dans le régime raciste du Parti national sud-africain d’antisémites notoires. À ces nombreuses voix s’est aussi ajoutée celle de la Fondation Desmond Tutu. Dans un communiqué, celle-ci a appelé à mettre fin à des décennies de soutien au régime israélien de l’apartheid. « Le gouvernement israélien doit être obligé de respecter le droit international et de cesser immédiatement les expulsions illégales, l’annexion et l’oppression contre le peuple palestinien », peut-on lire dans le texte.
L’Union africaine « condamne fermement »
La réaction est aussi ferme au sein de l’Union africaine, dont le président de la commission, Moussa Faki Mahamat, a « condamné fermement » dès mardi soir les « bombardements » dans la bande de Gaza. « Le président de la Commission réaffirme que les actions de l’armée israélienne, y compris les évictions illégales, continues et par la force de Palestiniens de leurs foyers à Jérusalem-Est sont en flagrante violation du droit international », indique le communiqué. Le chef de l’exécutif de l’organisation continentale « réaffirme le fort soutien de l’UA au peuple palestinien dans sa quête légitime d’un État indépendant et souverain avec Jérusalem-Est comme capitale ». Le diplomate tchadien a également appelé « à des efforts internationaux renouvelés et sincères pour trouver une solution juste et durable au conflit, une solution fondée sur l’existence de deux États, Israël et la Palestine ».
Par Le Point
Étiquettes : Africains, Esplanade des mosquées, hamas, Israéliens, Palestiniens
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