Le gouvernement américain lance une enquête fédérale sur l’héritage tragique des pensionnats pour Autochtones aux États-Unis.
© KEVIN LAMARQUE/Reuters Deb Haaland, ancienne élue démocrate du Nouveau-Mexique, a présenté l’an dernier un projet de loi demandant la mise en place d’une commission de vérité et de réconciliation sur les conditions de vie dans les anciens pensionnats (archives).
La secrétaire d’État à l’Intérieur Deb Haaland, première Autochtone à accéder au Cabinet, en a fait l’annonce mardi après-midi dans le cadre de la conférence bisannuelle du Congrès national des Indiens d’Amérique à Washington.
L’enquête fédérale visera notamment à permettre aux États-Unis de répertorier les sites des anciens pensionnats, de repérer les lieux d’enterrement connus ou soupçonnés» et de déterminer l’identité des affiliations tribales des enfants qui y ont été emmenés».
Nous devons découvrir la vérité sur les pertes de vies humaines et les conséquences de ces écoles», a déclaré Mme Deb Haaland, se disant profondément touchée» par la récente découverte des restes de 215 enfants sur le site d’un ancien pensionnat pour Autochtones de Kamloops, en Colombie-Britannique.
Deb Haaland n’a pas révélé le montant que compte engager le gouvernement pour mener à bien son enquête ni comment il compte s’y prendre, mais a fait valoir que le département de l’Intérieur, qui supervisait les écoles, était le mieux placé pour y arriver».
Plus de 150 ans d’assimilation
Tout comme le Canada, les États-Unis ont adopté de multiples politiques visant à créer et à soutenir un système de pensionnats pour Autochtones à l’échelle du pays.
Durant plus de 150 ans, en vertu de la Loi sur le Fonds des civilisations (Civilization Fund Act) de 1819, des centaines de milliers d’enfants autochtones ont été arrachés à leur famille et à leur communauté et envoyés de force dans des pensionnats pour être assimilés.
Après avoir appris l’existence des sépultures anonymes enterrées au Canada, Deb Haaland avait pris la parole dans une lettre publiée dans le Washington Post pour raconter l’histoire de sa propre famille.
Les efforts du gouvernement pour éradiquer notre culture et nous faire disparaître en tant que peuple» doivent être mis au grand jour et doivent être reconnus, avait-elle écrit.
Mme Haaland avait alors cité des données de la Coalition nationale pour la guérison des pensionnats amérindiens, selon lesquelles, jusqu’en 1926, plus de 80 % des enfants autochtones ont fréquenté des pensionnats sous l’égide de l’Église ou de l’État.
Notre pays doit apprendre de cette tragédie pour guérir», avait déclaré Mme Haaland dans sa lettre.
La secrétaire d’État racontait notamment les confidences de sa grand-mère, qui avait été embarquée dans un train avec d’autres enfants de son village pour être envoyée dans un pensionnat.
Elle m’a parlé de la solitude dont elle a souffert», avait écrit Mme Haaland. Nous pleurions ensemble. C’était un exercice de guérison pour elle et une profonde leçon de résilience sur notre peuple pour moi.»
Plusieurs pensionnats étaient gérés par le département de l’Intérieur, maintenant sous sa gouverne.
Avec Reuters par Marie-Ève Arsenault
Étiquettes : autochtones, Etats-Unis
juin 23, 2021 à 8:49 |
Une enquête devant éclaircir cette situation honteuse