Les premiers réfugiés afghans fuyant les talibans depuis la chute de Kaboul commencent à arriver au Canada. Deux avions d’Afghanistan, l’un avec à son bord des diplomates et des miliaires, et l’autre, des réfugiés, ont atterri à Ottawa et à Toronto dans la nuit de lundi à mardi.
© Justin Tang/La Presse canadienne Le Canada s’est engagé à accueillir quelque 20 000 réfugiés afghans qui ont collaboré avec les Forces canadiennes (archives).
Jusqu’à maintenant, cinq vols transportant des réfugiés ont décollé d’Afghanistan depuis que le fédéral a annoncé, fin juillet, qu’il allait offrir l’asile aux Afghans qui sont menacés par les talibans pour avoir aidé le Canada.
Si le gouvernement fédéral s’est fixé comme objectif d’accueillir 20 000 de ces réfugiés, certains croient qu’il a l’obligation morale et politique d’en faire davantage.
Une bonne partie des Afghans qui sont ciblés par le rapatriement sont déjà à l’extérieur de l’Afghanistan», indique le directeur de l’Observatoire canadien sur les crises et l’aide humanitaire, François Audet, mais un nombre important de personnes ciblées par les efforts d’évacuation canadiens sont toujours prises en Afghanistan.
Ce sont aussi celles qui se sont associées à l’effort de la société civile, et puis il y a les minorités religieuses, certaines minorités ethniques, les personnes LGBTQ, et cætera», souligne pour sa part Frédéric Mégret, professeur à la Faculté de droit de l’Université McGill.
Les deux spécialistes des questions humanitaires s’entendent pour dire que le gouvernement canadien doit en faire plus pour aider le plus d’Afghans possible, qu’ils aient collaboré ou non à la plus longue mission militaire du Canada de 2001 à 2014.
L’essentiel du fardeau de l’accueil des réfugiés est loin d’être assumé par les États-Unis ou le Canada», ajoute M. Mégret. Il est injuste que ce soit toujours les pays limitrophes, les pays les plus proches, qui n’ont rien eu à voir dans certains cas – ou relativement peu – avec l’énorme déstabilisation de l’Afghanistan» qui doivent prendre en charge le plus grand nombre de réfugiés, dénonce-t-il.
© STRINGER/Reuters Les Afghans ont été nombreux à se diriger vers la frontière avec le Pakistan dans la foulée de la prise de pouvoir des talibans.
Depuis une dizaine d’années, le gouvernement canadien a réinstallé plus de 800 interprètes et employés de soutien. Ottawa n’a pas précisé dans l’immédiat le nombre d’Afghans ramenés à bord du plus récent vol.
Des opérations complexes
Les vols en provenance de l’Afghanistan au Canada ont pu reprendre lundi, alors qu’un certain ordre régnait à l’aéroport de Kaboul, après deux jours dramatiques de chaos pendant lesquels les talibans s’emparaient de la capitale et des rênes du pays.
La situation demeure néanmoins tendue, car le nombre d’Afghans qui veulent migrer d’urgence est toujours colossal. Le plus crucial, c’est sans doute que l’aéroport tienne, parce que c’est la seule porte de sortie pour les Afghans qui veulent quitter le pays», insiste le professeur Mégret.
Difficile de savoir comment se positionne le nouveau régime taliban quant à l’exode qui se déroule dans le pays, mais la meilleure issue» serait que le gouvernement ferme l’œil sur l’émigration, croit-il.
© STRINGER/Reuters Des milliers d’Afghans ont mis le cap vers l’aéroport de Kaboul pour tenter de fuir l’Afghanistan.
Entre-temps, la suite des évacuations vers le Canada s’annonce excessivement complexe», estime François Audet.
L’Armée canadienne n’a pas la capacité aérienne de pouvoir rapidement faire un pont aérien», note-t-il. Il y aura sûrement des avions de l’armée, mais aussi des avions civils qui seront nolisés ou bien […] que l’armée américaine aussi puisse permettre l’évacuation dans une base limitrophe.»
D’anciens combattants canadiens et les partis d’opposition à Ottawa ont accusé le gouvernement libéral d’avoir tardé à aider les anciens interprètes au cours des derniers mois, alors qu’on savait depuis le printemps que les États-Unis allaient retirer leurs soldats d’Afghanistan.
Il est vrai que la rapidité avec laquelle les talibans ont pris le contrôle du pays en a surpris plus d’un. La crise humanitaire qui se déroule en Afghanistan s’est néanmoins imposée dans la campagne électorale fédérale déclenchée dimanche au Canada.
Le fondateur de Not Left Behind, Andrew Rusk, estime qu’au moins 2000 d’entre eux attendent d’être évacués.
Quand M. Trudeau a été interrogé lundi sur les raisons pour lesquelles son gouvernement n’avait pas agi plus tôt, il a soutenu qu’il avait commencé à travailler sur cette opération au printemps.
Avec CBC/Radio-Canada
août 19, 2021 à 8:14 |
Une arrivée salutaire et solidaire !