Parce qu’il estime que le secteur technologique tel qu’il est actuellement « nuit à l’innovation » et que « ce n’est pas ainsi qu’on devrait se servir de la technologie », le p.-d.g. de Facebook Mark Zuckerberg lance une offensive majeure dans une réalité virtuelle et augmentée qu’il dit « plus centrée sur l’humain ». Il en profite du même coup pour renommer son entreprise. Adieu Facebook, place à Meta.
© Justin Sullivan Getty Images via Agence France-Presse
Le p.-d.g. de Facebook a expliqué les raisons derrière ce geste à l’occasion d’une conférence qui a été diffusée à la fois sur sa plateforme sociale et dans l’environnement virtuel de ses casques Oculus jeudi en après-midi.
Dix-sept ans après sa création, la société Facebook – propriétaire du réseau social éponyme mais aussi d’Instagram, de WhatsApp et de la société de réalité virtuelle Oculus – s’appellera dorénavant Meta. Ce nom s’inspire du préfixe « meta », inspiré du grec et qui signifie en somme « au-delà ». Dans le cas de Facebook, c’est un triple sens. L’entreprise souhaite aller au-delà de son réseau social actuel. Elle veut aussi sortir du bourbier sur l’utilisation des données numériques dans lequel elle s’enlise et sur lequel elle se fait attaquer tant pas les gouvernements que par ses rivaux, y compris Apple. Elle veut aussi casser le modèle d’affaires dominant dans les technos en ce moment, qu’on surnomme souvent « l’économie de l’application » dans l’industrie.
Ce modèle place le téléphone intelligent au cœur de l’expérience technologique. Les applications sont distribuées via des boutiques virtuelles contrôlées par Apple, Google et Microsoft. Les seuls moyens d’en tirer des revenus – vendre des applis, offrir du contenu par abonnement ou afficher de la publicité – sont de se plier aux règles fixées par ses trois là.
Clairement, Mark Zuckerberg veut voir émerger un autre modèle d’affaires pour s’affranchir de ses rivaux. « Notre mission demeurera la même. Nous souhaitons rapprocher les gens. Nos applications ne changeront pas non plus. Mais désormais, nous créerons pour le metavers d’abord, et pour Facebook ensuite », a résumé le jeune milliardaire californien.
Un metavers en construction
L’autre grande nouveauté pour Facebook – Meta – verra le jour pièce par pièce. Déjà en février dernier, l’entreprise californienne présentait de nouveaux outils pour son environnement de réalité virtuelle Oculus qui donnent un aperçu de là où elle souhaite aller.
Ce que Mark Zuckerberg appelle le « metavers » (« metaverse » en anglais) est un environnement numérique et virtuel qui se superpose au vrai monde. En enfilant un casque de réalité virtuelle ou des lunettes de réalité augmentée, une personne pourrait entrer en contact avec des collègues ou des amis dans un lieu virtuel imitant un lieu de travail commun ou un hall de cinéma.
Tout est cependant à construire dans ce monde numérique parallèle. Zuckerberg en convient et le présente comme ce qu’il manquait chez Facebook pour continuer de croître. « En tant que grande entreprise, nous avons appris à bâtir de nouveaux produits. Nous avons besoin de nouveaux écosystèmes où tout le monde peut être récompensé pour leur créativité », a-t-il dit.
En plus de nouvelles applications de réalité virtuelle pour sa plateforme Oculus et de nombreux outils de programmation destinés aux créateurs d’applications intéressés à se joindre à cet environnement, Facebook a aussi dévoilé son Projet Cambria, un casque de réalité mixte qui sera commercialisé l’an prochain et qui rendra sa vision du futur un peu plus près de se réaliser.
Entre-temps, Zuckerberg devra s’attaquer à des enjeux autrement plus concrets pour sa société, s’il ne souhaite pas voir les discours haineux et la désinformation venir polluer également son metavers. La question de démanteler Facebook, qui exerce un rôle de quasi-monopole aux yeux de plusieurs de ses critiques, devra également être réglée.
Avec Le Devoir par Alain McKenna
Étiquettes : Facebook, Mark Zuckerberg, Meta
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