Moustafa al-Kazimi a été victime d’une tentative d’assassinat dans la nuit du samedi 6 au dimanche 7 novembre. Il est indemne.

Dans la nuit du samedi 6 au dimanche 7 novembre, le Premier ministre irakien a été la cible d’une tentative d’assassinat. Le domicile de Moustafa al-Kazimi a été visé par un drone piégé, qui a explosé devant l’entrée de la maison. Dans la foulée, les États-Unis ont dénoncé un « acte apparent de terrorisme », tandis que le président irakien, Barham Saleh, a fustigé une « tentative de renversement de l’ordre constitutionnel ».
C’est la première fois qu’une telle attaque vise la résidence du Premier ministre, aux affaires depuis mai 2020. La tentative d’assassinat, dont Moustafa al-Kazimi est sorti indemne, intervient par ailleurs alors que des discussions sont en cours pour former une nouvelle coalition parlementaire, dans la foulée des élections législatives du 10 octobre dernier. L’Alliance de la conquête, vitrine politique du Hachd al-Chaabi, une influente coalition d’anciens paramilitaires pro-Iran, a vu son nombre de sièges fondre à l’issue du vote et dénonce une « fraude » électorale. Certains partisans du Hachd accusent M. Kazimi d’être « complice » de cette « escroquerie ». Sur Twitter, Moustafa al-Kazimi a appelé au « calme et à la retenue de la part de tous pour le bien de l’Irak ».
« Agression lâche »
« Ma résidence a été la cible d’une agression lâche. Dieu soit loué, je vais bien, ainsi que ceux qui travaillent avec moi », a-t-il ensuite déclaré dans une courte vidéo où on le voit assis à un bureau. Selon son bureau, cette « tentative d’assassinat ratée » a été perpétrée au moyen d’ « un drone piégé ». Deux sources sécuritaires ont toutefois fait état de « trois drones » lancés depuis un secteur situé à un peu plus d’un kilomètre à vol d’oiseau de la résidence. « Deux drones ont été abattus » par la garde rapprochée de Moustafa al-Kazimi et le troisième a pu faire exploser sa charge. Une autre source sécuritaire a indiqué à l’AFP que deux gardes du corps du Premier ministre avaient été blessés.
La Zone verte dans laquelle se trouve sa résidence est un périmètre ultra-protégé situé au cœur de la capitale irakienne et qui abrite l’ambassade américaine et des bâtiments gouvernementaux. Sur des photos distribuées par les services de M. Kazimi, on pouvait voir des gravats sur le sol et des escaliers extérieurs endommagés.
Joe Biden et Boris Johnson « condamnent fermement » l’attaque
Le président américain Joe Biden a « condamné fermement » dimanche l’attaque « terroriste ». « Je suis soulagé que le Premier ministre n’ait pas été blessé et salue les capacités de leader dont il a fait preuve en appelant au calme et à la retenue », a déclaré Joe Biden dans un communiqué, réclamant que les responsables de cette attaque soient jugés. « J’ai ordonné à mon équipe de sécurité nationale d’apporter l’assistance nécessaire aux forces de sécurité irakiennes pour enquêter sur cette attaque et identifier les responsables », a ajouté le président démocrate.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a également « fermement condamné l’attaque » dimanche contre son homologue irakien. Dans une conversation téléphonique avec Moustafa al-Kazimi, Boris Johnson a en outre « clairement indiqué que le Royaume-Uni » soutenait ses « efforts pour former un gouvernement à la suite des élections », une démarche « vitale pour la stabilité à long terme de l’Irak », a déclaré dans un communiqué un porte-parole de Downing street.
La mission des Nations unies en Irak a aussi condamné l’attaque dans les « termes les plus forts ». L’influent leader chiite Moqtada Sadr, dont le courant arrive en tête des élections, a évoqué une attaque « contre l’Irak et le peuple irakien ». Les forces de sécurité ont été déployées en nombre dans la Zone verte et à ses abords, selon un journaliste de l’Agence France Presse. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a fermement condamné dimanche « la tentative d’assassinat » du Premier ministre irakien. Il a aussi exhorté les Irakiens à la retenue et ne pas céder à la violence ou à des tentatives de déstabilisation de l’État, d’après un communiqué.
Déroute électorale
Et des heurts ont mis aux prises vendredi plusieurs centaines d’entre eux avec les forces de sécurité près de la Zone verte. Selon une source sécuritaire, un manifestant est mort, tandis qu’une source au sein du Hachd al-Chaabi a évoqué « deux morts ». Vendredi, Qaïs al-Khazali, le chef d’Assaïb Ahl al-Haq, l’un des principaux groupes pro-Iran du Hachd al-Chaabi, avait mis en garde contre « toute tentative d’acteurs liés aux services de renseignement de bombarder la Zone verte et d’accuser ensuite les factions de la résistance », nom que se donnent les pro-Iran, farouchement antiaméricains.
Une partie des Irakiens accusent le Hachd, qui a combattu le groupe djihadiste État islamique et qui est désormais intégré à l’État irakien, d’être le relais de l’Iran dans leur pays. Ils lui attribuent la responsabilité des assassinats et des enlèvements de militants anti-pouvoir qui se sont soulevés en octobre 2019. Malgré sa déroute électorale, cette coalition devrait rester une force politique importante au Parlement, grâce au jeu des alliances et la cooptation des élus indépendants.
Par Le Point avec AFP
Étiquettes : Assassinat, Drone, IRAK, Moustafa al-Kazimi, tentative
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