Le scrutin sur l’indépendance de l’archipel français doit se tenir le 12 décembre. Les indépendantistes demandent son report en raison de l’épidémie de Covid-19.

Voilà plusieurs semaines qu’ils réclamaient le report du troisième référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie en raison de l’épidémie de Covid-19 qui touche désormais l’archipel français. En vain. Le maintien de la date du 12 décembre pour le référendum « s’apparente à une véritable déclaration de guerre contre le peuple kanak », a estimé, dimanche 14 novembre, le Parti de libération kanak (Palika), l’une des deux principales branches du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), parti indépendantiste.
« Cette décision inique relève de la provocation politique. Elle nous ramène à la case départ d’avant les accords de Matignon (1988) et de Nouméa (1998) et met à mal toute possibilité de dialogue sur l’avenir du pays », a déclaré dans un communiqué le bureau politique du Palika. « L’entêtement de l’Etat (…) pourrait engendrer une situation de tension dangereuse pour la paix civile », a encore prévenu le Palika, dont le chef de file, Paul Néaoutyine, est signataire de l’accord de Nouméa et président de la province Nord.
Le haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, Patrice Faure, a annoncé vendredi, lors d’un déplacement officiel dans un village géré par les indépendantistes, que le gouvernement avait pris la décision de maintenir le troisième et dernier référendum de l’accord de Nouméa au 12 décembre. Il a mis en avant « la situation sanitaire maîtrisée » avec des indicateurs favorables, après que Sébastien Lecornu, le ministre des outre-mer, a insisté sur le fait que « seul le critère sanitaire » serait pris en compte dans le choix de maintenir ou pas le vote.
Le résultat sera « légitime », déclare Sébastien Lecornu
Le résultat du référendum d’autodétermination sera bien « légitime » malgré la non-participation prévue des indépendantistes du FLNKS, a déclaré dimanche le ministre des outre-mer, Sébastien Lecornu.
M. Lecornu a déclaré à CNews et Europe 1 que « la non-participation est un droit en démocratie » mais qu’elle n’aura pas d’« impact juridique ». « Le fait de ne pas participer n’emportera pas de doute sur la sincérité » du scrutin et cela « n’empêche pas qu’il soit légitime au sens juridique du terme », a-t-il souligné. Cependant « l’enjeu est de tirer les conclusions politiques » de cette non-participation.
Car le 13 décembre au matin, « 50 % de la population dira “l’affaire n’est pas terminée, l’autodétermination doit prospérer” », et l’autre partie de la population, les loyalistes, « diront “nous avons acquis le droit de rester dans la République” », a relevé M. Lecornu. « L’enjeu va être de trouver un chemin commun », selon lui.
L’ONU sollicitée
Les partis loyalistes réclamaient que le référendum se tienne à la date prévue du 12 décembre. En revanche, le FLNKS a fait savoir, depuis le 20 octobre, qu’il ne participerait pas à ce vote, dont il ne reconnaîtra pas le résultat s’il se tenait, arguant de l’impossibilité de « mener une campagne équitable » et d’une population kanak plongée dans le deuil – plus de 50 % des 272 morts sont d’origine kanak.
Le parti indépendantiste accuse l’Etat « d’avoir manqué à de nombreuses reprises à la neutralité requise » et « choisi de prendre fait et cause pour la droite coloniale ». Le Palika affirme enfin dans ce texte qu’il « saisira l’instance internationale de décolonisation de l’ONU pour dénoncer l’absurdité d’une consultation d’autodétermination sans le peuple colonisé ».
Dans le cadre du processus de décolonisation de l’accord de Nouméa, qui prévoit la tenue de trois référendums, deux ont eu lieu en 2018 et 2020, avec pour résultat un rejet de l’indépendance à une majorité de 56,7 % puis 53,3 %.
Par Le Monde avec AFP
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novembre 15, 2021 à 9:55 |
Un référendum qui s’annonce bien ou mal ?