Nombre de ceux qui campaient à la frontière ont été emmenés vers des hangars situés non loin, selon l’agence de presse biélorusse Belta. Dans le même temps, le rapatriement de certains Irakiens a commencé.

L’agence de presse biélorusse Belta a annoncé, photos à l’appui, jeudi 18 novembre, que des migrants ont quitté deux principaux camps qu’ils occupaient près de Bruzgi, en Biélorussie, à la frontière polonaise, et nombre d’entre eux ont été emmenés vers des hangars situés non loin.
Un porte-parole des gardes-frontières polonais a confirmé que ces camps avaient été évacués. Ils « sont désormais vides, les migrants ont été le plus probablement emmenés vers le centre de logistique et de transport qui n’est pas loin du poste frontière de Bruzgi », a-t-il par ailleurs déclaré. « Il n’y avait pas d’autres camps de ce type (…), mais il y a eu des groupes qui apparaissaient à d’autres endroits pour tenter de franchir la frontière. Nous allons voir ce qu’il se passe dans les prochaines heures (…). Il y a encore des gens par là, mais ça se vide clairement », a-t-il poursuivi.
Parallèlement, quelque 430 Irakiens se sont manifestés pour rentrer en Irak, a annoncé Majid Al-Kilani, le consul d’Irak en Russie, cité par l’agence Associated Press. Un appareil de la compagnie Iraqi Airways a décollé dans l’après-midi de Minsk pour Bagdad, où le gouvernement avait annoncé le « rapatriement » de ses ressortissants « volontaires ».
- « Fake news » sur le rapatriement
« Environ 7 000 » migrants se trouvent actuellement en Biélorussie, dont environ 2 000 à la frontière avec la Pologne, a affirmé jeudi la présidence biélorusse. Sa porte-parole, Natalia Eïsmont, a déclaré que Minsk allait œuvrer au rapatriement de 5 000 migrants, assurant que la chancelière allemande, Angela Merkel, allait négocier avec l’UE un « corridor humanitaire » pour évacuer les 2 000 restants vers l’Allemagne. Cette information a toutefois été démentie par la chancellerie allemande. Le ministre de l’intérieur allemand, Horst Seehofer, en visite à Varsovie, a déclaré qu’il avait « immédiatement contacté » la chancelière après avoir entendu les déclarations biélorusses et avait « reçu l’information claire qu’il s’agissait de “fake news” ».
- Arrestations en Pologne
De leur côté, les forces de sécurité polonaises ont annoncé qu’elles ont arrêté une centaine de migrants alors qu’ils tentaient de franchir la frontière avec la Biélorussie dans la nuit de mercredi 17 novembre à jeudi 18 novembre, Varsovie accusant Minsk d’avoir orchestré cette tentative d’entrée dans l’Union européenne.
Le ministère de la défense polonais a accusé les Biélorusses d’avoir « forcé les migrants à jeter des pierres sur les soldats polonais afin de détourner leur attention ». « La tentative de franchir la frontière a eu lieu à quelques centaines de mètres de là », près du village de Dubicze Cerkiewne, a précisé le ministère.
Une vidéo diffusée par le ministère de la défense montre des soldats polonais entourant un groupe important de migrants accroupis par terre la nuit dans une forêt près d’une barrière de fils de fer barbelés. « L’attaque d’hier [mercredi] a été menée par des forces spéciales [de la Biélorussie] », a accusé une nouvelle fois le ministère. L’incident n’a pas pu être vérifié de manière indépendante, car l’accès à la zone frontalière est interdit aux journalistes du côté polonais.
Lors d’un autre incident, des séquences vidéo diffusées par les gardes-frontières biélorusses montraient un chien garde-frontière lituanien mordant un homme allongé sur le sol dans un sac de couchage. Les gardes-frontières lituaniens ont admis l’incident, affirmant qu’ils tentaient de repousser un groupe de migrants en Biélorussie et que les gardes-frontières n’avaient pas vu le migrant.
- Le G7 condamne Minsk
Les pays du G7 ont appelé jeudi la Biélorussie à mettre fin « immédiatement » à la crise migratoire en cours aux frontières de l’UE, accusant Minsk de chercher à « détourner l’attention » des violations du droit international et des droits humains. L’Occident accuse Minsk d’avoir orchestré depuis l’été cet afflux, en réponse à des sanctions occidentales contre la Biélorussie après la répression, en 2020, d’un mouvement d’opposition historique.
Dans un communiqué, les chefs de la diplomatie du Royaume-Uni (qui occupe la présidence tournante du G7), de France, des Etats-Unis, du Canada, d’Allemagne, d’Italie, du Japon et de l’Union européenne ont condamné « l’orchestration par le régime biélorusse de l’immigration illégale à travers ses frontières ». « Nous demandons au régime de cesser immédiatement sa campagne agressive et d’exploitation afin d’éviter de nouvelles morts et de nouvelles souffrances », ont-ils déclaré.
Le G7 a demandé à Minsk d’accorder aux organisations internationales « un accès immédiat et sans entrave pour livrer de l’aide humanitaire » et a exprimé sa « solidarité » avec la Pologne, la Lituanie et la Lettonie, victimes « d’un usage provocateur de l’immigration illégale ».
- Nouvel entretien Loukachenko-Merkel
Le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, et la chancelière allemande, Angela Merkel, s’étaient entretenus dans la journée par téléphone, pour la seconde fois en trois jours, afin d’évoquer ce dossier qui provoque de graves tensions entre l’UE et la Biélorussie soutenue par Moscou.
Isolé depuis sur la scène internationale, Minsk a soutenu mercredi que l’appel entre Mme Merkel et M. Loukachenko avait abouti à un accord sur l’organisation de pourparlers Biélorussie-UE. Mais cette annonce a été immédiatement nuancée par Berlin, qui n’a évoqué qu’une coopération entre Minsk et l’UE pour fournir une aide humanitaire aux migrants coincés à la frontière, la Commission européenne évoquant seulement des « discussions techniques » avec Minsk sur le rapatriement dans leur pays des migrants, la Biélorussie devant « donner accès à l’aide humanitaire et fournir un abri aux migrants dans le pays ».
Par Le Monde avec AFP
Étiquettes : Évacuations, Biélorussie, Campements, Migrants
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