Même adéquatement vaccinées, les personnes de retour au pays doivent parfois patienter près d’une semaine avant de recevoir le résultat de leur test de dépistage à l’aéroport.

Les voyageurs doivent, aléatoirement, subir un test de dépistage à leur arrivée au Canada. Photo: Radio-Canada/Ivanoh Demers
Les jours passent, l’attente s’éternise et l’impatience augmente.
Dans son appartement montréalais, Loïc Layssac tourne en rond. Doublement vacciné, il est pourtant en isolement depuis maintenant six jours. La faute au résultat d’un test de dépistage qui tarde à lui être envoyé.
Après avoir passé les fêtes de Noël en France, afin de revoir sa famille après plusieurs mois loin des siens, ce travailleur temporaire de 25 ans a obtenu un test PCR négatif pour embarquer à nouveau vers le Canada.
De retour dans la métropole québécoise, il a été contraint, à l’instar de milliers d’autres voyageurs, de faire un nouveau test de dépistage dans les locaux de l’aéroport.
On m’a annoncé que le résultat serait accessible en environ trois jours. Me retrouver confiné après six jours, je ne m’y attendais pas du tout
, regrette-t-il.
« C’est ultra frustrant. C’est même aberrant qu’un laboratoire payé par le gouvernement prenne autant de temps pour envoyer un résultat de test. »— Une citation de Loïc Layssac
Loïc Layssac est loin d’être le seul voyageur dans cette situation. Au cours des derniers jours, Radio-Canada a obtenu de nombreux témoignages similaires. Des messages identiques pullulent également sur les réseaux sociaux.
Plusieurs déplorent notamment des difficultés pour joindre Dynacare, l’entreprise responsable de ces tests à l’aéroport de Montréal.
Le comble du ridicule, c’est que je suis un travailleur de la santé. Dès que j’aurai mon résultat négatif, je pourrai aller aider à l’effort collectif pour lutter contre la pandémie. Au lieu de ça, je suis emprisonné à la maison
, nous a confié un autre voyageur, qui patiente depuis cinq jours.
D’autres attendent depuis une semaine et parlent d’une galère
, d’une catastrophe
ou d’abus de pouvoir
.
Un personnel débordé
, selon Ottawa
Le laboratoire Dynacare a refusé de répondre aux questions de Radio-Canada, nous invitant à contacter le gouvernement fédéral.
Ce dernier, qui assure sur son site Internet que le résultat est normalement communiqué dans les 72 heures
, dit être au fait du problème.
[On] sait que des voyageurs ne reçoivent pas le résultat de leur test de dépistage à l’arrivée dans un délai raisonnable
, souligne André Gagnon, porte-parole de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC).
« Le personnel des laboratoires qui analyse ces tests continue d’être débordé compte tenu du nombre croissant de personnes qui subissent des tests dans les collectivités et de la hausse du nombre de voyageurs. »— Une citation de André Gagnon, porte-parole de l’ASPC
Les voyageurs n’ayant eu aucun résultat après 14 jours de quarantaine […] peuvent mettre fin à leur quarantaine à condition qu’ils ne présentent pas de symptômes liés à la COVID‑19
, précise-t-il.
Différents fournisseurs dans le pays
Le gouvernement fédéral a conclu plusieurs ententes avec différents fournisseurs pour réaliser ces tests de dépistage dans les aéroports. Dynacare est présent à Montréal et à Winnipeg. L’entreprise Switch Health, qui avait connu des problèmes similaires l’an passé, est présente notamment à Calgary, Edmonton, Ottawa et Toronto. Le groupe Biron est quant à lui responsable des tests à l’aéroport de Québec et pourrait bientôt venir à Montréal. Nous sommes en voie d’amorcer nos démarches pour effectuer le mandat qui nous a été confié à l’aéroport Montréal-Trudeau
, confie une porte-parole.
Près de 1 % de tests positifs
À la fin du mois de novembre, le gouvernement de Justin Trudeau a pris la décision de resserrer les règles à la frontière canadienne.
Des tests de dépistageobligatoires ont été annoncés pour tous les voyageurs aériens arrivant au Canada, qu’importe leur statut vaccinal, à l’exception de ceux en provenance des États-Unis.
En réalité, ces tests ne sont pas systématiques et sont réalisés de manière aléatoire. Cependant, le volume a considérablement augmenté au fil des semaines.
Plus de 111 200 tests ont été menés dans l’ensemble des aéroports canadiens entre le 19 et le 25 décembre, contre environ 72 000 entre le 5 et le 11 décembre.
Depuis la mise en en place de cette mesure, près de 1 % des tests réalisés dans les aéroports canadiens auprès de voyageurs entièrement vaccinés se sont révélés positifs. Ce chiffre est en augmentation. Début décembre, il oscillait autour de 0,2 %. Il a ensuite grimpé à plus de 2 % durant la semaine de Noël.
Malgré ces données, la chercheuse Roxane Borgès Da Silva n’est pas convaincue de l’utilité de tels tests.
En présentant un test négatif [avant l’embarquement], on a déjà une baisse du niveau de risque
, souligne la professeure de l’École de santé publique de l’Université de Montréal.
« Dans un contexte où on a déjà une forte circulation du virus, c’est une mesure qu’on peut mettre en question. »— Une citation de Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’École de santé publique
Selon cette experte, l’utilisation de tests rapides antigéniques à l’arrivée au Canada serait plus utile. On pourrait ensuite investir [les sommes versées aux laboratoires pour les tests PCR] dans nos centres de dépistage
, lance-t-elle.
Un avis partagé par l’épidémiologiste Nimâ Machouf. Ce serait une bonne idée
, affirme-t-elle.
La prudence est cependant nécessaire, ajoute-t-elle. Ces voyageurs, s’ils ont vu de la famille, sont susceptibles d’avoir eu plusieurs contacts entre leur test PCR [pour avoir le droit d’embarquer vers le Canada] et leur arrivée dans l’avion.
Cependant, clame Mme Machouf en évoquant le contexte épidémiologique au sud de la frontière, ne pas tester les voyageurs provenant des États-Unis est épouvantable
.
Des non-vaccinés peuvent toujours venir au Canada
De nouvelles exigences vont également entrer en vigueur à partir du 15 janvier. Celles-ci visent notamment les étudiants étrangers, qui devront être adéquatement vaccinés pour venir au Canada.
De telles dispositions concernaient déjà les touristes depuis cet été.
Cependant, contrairement à plusieurs annonces gouvernementales, la vaccination obligatoire n’est pas exigée pour toutes les personnes arrivant au pays.
Par exemple, les nouveaux résidents permanents, les travailleurs des secteurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire, les réfugiés ou encore les membres d’équipage étrangers peuvent toujours entrer au Canada sans être vaccinés.
Radio-Canada par

Romain Schué avec la collaboration d’Aude Garachon et de Marie Isabelle Rochon
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