Canada: « L’enfer » d’immigrants ayant investi au Québec, épuisés par l’attente

La voix teintée d’ironie, David Boisselier soupire. « Il aurait fallu venir par Roxham. Notre dossier aurait déjà été traité », lâche cet entrepreneur et chef d’entreprise, lassé par des années d’attente et d’absence de perspective.

Assis sur le canapé de son appartement montréalais, aux côtés de son épouse, ce Français d’origine ne cache plus son agacement. Arrivé au Québec à l’automne 2015, par le biais d’un programme réservé aux entrepreneurs, avec ses deux enfants, le couple patiente depuis presque sept ans pour finaliser son dossier d’immigration.

Sept ans de galère» et d’enfer administratif» avec Immigration Canada, insiste David Boisselier, qui dirige, entre autres, un café dans l’arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie. On a tout vendu en France. On a été convaincus par l’ambassade du Canada à Paris, qui cherchait des chefs d’entreprises.»

De la capitale française à Montréal, rien, finalement, ne se passe comme prévu. Après avoir obtenu un certificat de sélection du Québec (CSQ) moins de deux ans après leur installation, ils doivent désormais faire preuve de patience pour recevoir leur résidence permanente. Un sésame indispensable.

Sans ce papier, je ne peux quasiment rien faire. Je ne peux développer aucun gros projet, les banques demandent une résidence permanente. Je fais donc des affaires à minima», détaille ce quinquagénaire, en déplorant un enfer administratif».

Au total, le couple assure avoir effectué 34 demandes de renouvellement de permis de travail ou d’études pour les enfants. Près de 30 000 $ ont aussi été dépensés en frais administratifs par cette famille, qui, en raison de ces délais, a connu de nombreuses péripéties, dont une interdiction de travailler, une inscription repoussée dans un cégep et une absence de protection médicale durant des mois.

Mon fils déprime, il est bloqué. Il veut faire une école en aéronautique, mais elle exige la résidence permanente», illustre Sandrine Boisselier, directrice marketing dans le secteur informatique.

Leur avocat, Guillaume Audet, est quant à lui perplexe. C’est la famille, normalement, que l’on veut ici. Ils sont éduqués, francophones, ils travaillent et génèrent de la richesse pour le Québec. Mais on les fait languir».Selon l'avocat en immigration Guillaume Audet, les délais de traitement sont actuellement inacceptables.© Ivanoh Demers/Radio-Canada Selon l’avocat en immigration Guillaume Audet, les délais de traitement sont actuellement inacceptables.

Plus de cinq ans d’attente en moyenne

Depuis plusieurs années, les délais d’attente pour l’obtention d’une résidence permanente ont littéralement explosé dans de multiples catégories, y compris celle des gens d’affaires» sélectionnés par le Québec. Celle-ci regroupe des entrepreneurs, des investisseurs et des travailleurs autonomes, qui s’engagent à investir dans l’économie québécoise.

Désormais, pour ces derniers, Immigration Canada évoque 65 mois d’attente pour l’obtention de la résidence permanente. Soit plus de 5 ans pour les candidats concernés, qui ont déjà dû patienter, au préalable, plusieurs mois avant de recevoir leur CSQ.

À l’heure actuelle, Sandrine et David Boisselier ne sont pas les seuls à attendre et à s’agacer. Selon Québec, 19 800 personnes, déjà sélectionnées par la province, sont dans l’entonnoir fédéral.

Avec Radio-Canada par Romain Schué

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