
Plus de 5000 manifestants se sont présentés au centre-ville d’Ottawa, samedi, selon les estimations de la police. Photo HOTO : The Canadian Press/Adrian Wyld
La police d’Ottawa évalue qu’au moins 5000 manifestants se sont présentés au centre-ville d’Ottawa, samedi. Plus de 1000 véhicules se sont stationnés illégalement dans les rues et environ 300 contre-manifestants ont tenté de se faire entendre.
C’est le bilan qu’a dressé le chef de police, Peter Sloly, aux membres de la Commission des services de police d’Ottawa, lors d’une réunion urgente tenue en après-midi.
Ottawa est en état de siège
, a dit le chef de police.
Tous les agents du Service de police d’OttawaSPO ont été déployés pour contenir la manifestation, a déclaré le chef de police. Aucun policier n’est en congé, tout le monde travaille. La plupart sont affectés au centre-ville.
Nous avons ajouté 150 policiers seulement pour gérer les comportements qui ne sont pas corrects au centre-ville
, a-t-il expliqué, en ajoutant aussi que 250 policiers de plus de la Gendarmerie royale du Canada allait être dépêché. Il y a entre 20 et 25 agents dans chaque quartier, en tout temps, 24 heures par jour. Ils vont demeurés là jusqu’à lundi. On avisera par la suite.
Lors de son intervention, le chef de police a paru quelques fois dépassé par les événements.
Le chef du Service de police d’Ottawa (SPO), Peter Sloly. Photo : Radio-Canada/Lorian Bélanger
« C’est vraiment un temps difficile. »— Une citation de Peter Sloly, chef de la police d’Ottawa
On fait tout ce qu’on peut avec les pouvoirs en notre possession pour assurer la sécurité des résidents d’Ottawa
, a-t-il poursuivi. On veut faire mieux. On fait des ajustements chaque jour, chaque heure […] mais on ne peut pas fermer toute la ville, sinon ce serait encore pire.
Au centre-ville, le déroulement de la manifestation est quelque peu chaotique, mais l’atmosphère demeure relativement calme comparée à ce qui a été observé la fin de semaine dernière. Les camionneurs et leurs sympathisants sont nombreux à se présenter devant la colline du Parlement, le principal lieu de rassemblement.
Peter Sloly soutient que le périmètre de sécurité a été élargi, des contraventions ont été données, des barricades ont été érigées et que de nombreuses enquêtes ont été ouvertes.
De son côté, le Service de police de la Ville de Gatineau (SPVG) dit avoir remis plus de 105 constats d’infraction à des automobilistes pour une variété d’infractions au Code de la sécurité routière, dont une vingtaine pour avoir utilisé leur avertisseur sonore sans nécessité.
Le Service paramédic d’Ottawa n’a pas voulu indiquer le nombre de patients ayant requis ses services, mais rapporte qu’il a procédé à moins d’interventions que lors des dernières fêtes du Canada.
La manifestation des camionneurs s’intensifie au centre-ville d’Ottawa. Photo : Radio-Canada/Natalia Goodwin
Certains sympathisants déjà sur place ne manquent pas d’imagination pour apporter leur soutien. À défaut de pouvoir se présenter au centre-ville en voiture, certains ont opté pour des chevaux. C’est le cas d’un résident de Bradford qui se promène depuis le matin sur son cheval de course noir, nommé Homer.
« Nous avons conduit cinq heures et nous sommes restés la nuit. Nous sommes juste ici pour profiter du spectacle. C’est juste spectaculaire! », a-t-il déclaré. « Il est temps que le gouvernement écoute à nouveau les gens. Il est temps d’arrêter de fuir toutes nos valeurs. »
Ce résident de Bradford en Ontario se promène sur son cheval, lors de la manifestation des camionneurs, à Ottawa. Photo : The Canadian Press/Adrian Wyld
L’Association pour la protection des animaux à Ottawa a été vite à réagir en voyant les images de ces manifestants à chevaux circulées sur les réseaux sociaux.
« Une exposition prolongée à des températures glaciales, des bruits forts, du sel de voirie sur les pattes ou les sabots et un accès inadéquat à la nourriture et à l’eau peuvent menacer le bien-être d’un animal », a-t-elle rappelé, tout en dénonçant l’utilisation d’animaux dans de telles circonstances.
La Ville d’Ottawa rappelle que le Règlement sur le contrôle et le soin des animaux interdit la présence de chevaux dans les régions non zonées pour élever du bétail.
Ottawa sur un pied d’alerte
La Ville d’Ottawa s’est placée sur un pied d’alerte très tôt samedi matin pour une deuxième fin de semaine consécutive. Les camionneurs ont promis de manifester bruyamment, ce qui a poussé le chef de police d’Ottawa, Peter Sloly, à qualifier le mouvement de protestation d’imprévisible et de dangereux
.
Le chef de police a promis d’intensifier ses opérations en faisant l’ajout de 150 policiers. Ces derniers seront déployés sur le terrain 24 heures par jour pour les quatre prochains jours. La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a aussi été appelée en renfort, a affirmé le ministre de la Sécurité publique du Canada, Marco Mendicino, vendredi.
Le périmètre de sécurité élargi au centre-ville signifie que de nouvelles routes seront bloquées, au grand dam des résidents du centre-ville d’Ottawa, pour qui les déplacements sont déjà difficiles.
Ainsi, des artères importantes dans le marché By et au sud du périmètre actuel pourraient être interdites à la circulation. Des barricades, des blocs de béton et de la machinerie lourde seront déployés pour assurer une barrière physique.
La manifestation – désormais considérée comme une occupation
par le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, ainsi que par la police et d’autres élus – cause bien des maux de tête. Des citoyens, ainsi que divers organismes de la région, notamment ceux du secteur touristique, ont lancé un cri du cœur au cours de la semaine afin de demander aux autorités de mettre fin à la manifestation.
Les manifestants sont bien déterminés à ne pas quitter Ottawa
Les manifestants sont bien déterminés à ne pas quitter Ottawa Photo: La PresseRESSE Canadienne/Justin Tang
Les manifestants prennent racine à Ottawa
Les organisateurs se disent déterminés à rester au centre-ville, et ce, autant et aussi longtemps que le gouvernement fédéral ne donnera pas suite à leurs revendications, comme la fin des mesures sanitaires. C’est d’ailleurs ce qu’ils ont réitéré dans la seule et unique conférence de presse qu’ils ont donnée cette semaine.
Les structures installées par les manifestants suscitent la colère de plusieurs élus à Ottawa. Photo : Radio-Canada/Alexandre Behne
Par ailleurs, des structures ont été installées par les manifestants dans les derniers jours au parc de la Confédération, ce qui a suscité la colère des résidents d’Ottawa et de certaines Premières Nations après qu’un drapeau mohawk eut été brandi par les militants.
Un homme apporte du bois au campement de manifestants à Ottawa. Photo: Radio-Canada/Alexandre Behne
Du côté du gouvernement fédéral, on assure qu’aucune demande des manifestants ne sera satisfaite.
La police a soutenu que les canaux de communication avec les manifestants étaient ouverts, mais qu’une intervention plus musclée sera nécessaire pour venir à bout de cette occupation
.
Les manifestants ne veulent pas parler à la police, ils veulent parler au premier ministre
, a soutenu la chef adjointe du Service de police d’OttawaSPO, Patricia Ferguson.
Du matériel a été entreposé par les manifestants à leur campement. Photo : Radio-Canada
Étant donné que l’accès au centre-ville d’Ottawa est proscrit, la police a indiqué que les véhicules qui souhaiteront se joindre à la manifestation en fin de semaine seront dirigés vers des stationnements hors de la zone rouge.
La contre-manifestation est annulée
Une contre-manifestation qui devait rassembler plus de 1000 personnes samedi a été annulée.
Les organisateurs, le groupe Reclaim Ottawa, en ont fait l’annonce sur leur page Instagram, en citant des problèmes de sécurité.
Des résidents d’Ottawa sont sortis dans la rue pour exiger la fin de la manifestation des camionneurs qui paralyse le centre-ville depuis plus d’une semaine. Photo : Radio-Canada
Leur décision porte sur le fait que la police a révélé que des manifestants mal intentionnés auraient annoncé qu’ils envisageaient d’avoir des armes en leur possession.
Reclaim Ottawa encourage plutôt les résidents à concentrer leurs efforts pour veiller les uns sur les autres et s’entraider.
Par Radio-Canada
Étiquettes : Camionneurs, COVID-19, Manifestations, Mesures sanitaires, Ottawa, Police
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