Le rayon du pain tranché d’une épicerie pourrait subir les conséquences de l’invasion en Ukraine par la Russie au cours des prochains mois. Photo : La Presse Canadienne/Kelly Clark
Si vous percevez déjà les effets collatéraux de la guerre en Ukraine à la pompe, les prochains mois vous réservent d’autres surprises… dans votre assiette. Le prix du blé a augmenté de près de 20 % depuis une semaine.
Bien que le Canada fasse partie des dix plus grands producteurs de blé de la planète, avec la Russie et l’Ukraine, les prix sont déterminés par les marchés mondiaux.
Le blé de printemps, celui qu’on consomme majoritairement au Canada, s’achète maintenant pour le mois de mai à 11,47 $ US le boisseau. C’est un bond de 19 % depuis une semaine.
Le courtier et directeur général du Groupe Prestige, Denis Landry, négocie du blé pour des transformateurs alimentaires québécois en boulangerie et en pâtisserie. Il explique avoir pris lundi une décision pour ses membres très rapidement
et a réussi à assurer des approvisionnements à bon prix pour les prochains mois.
« Aujourd’hui, ça apparaît comme une bonne décision parce que je me suis dit que le conflit ne se réglait pas. Mais dans trois semaines, ce sera quoi? S’il ne se règle pas, l’incertitude va rester et les prix risquent de rester élevés. »— Une citation de Denis Landry, directeur général, Groupe Prestige
Hausse du prix de l’action de Nutrien
Les prix de toutes les céréales subissent des appréciations considérables sur les marchés des contrats à terme. L’invasion en Ukraine fait craindre un déséquilibre dans l’offre et la demande. La production et le transport risquent aussi de coûter plus cher en raison de la hausse vertigineuse des valeurs non seulement du pétrole mais aussi des fertilisants.
La Russie est, après le Canada, le deuxième producteur mondial de potasse, un minerai essentiel à la composition des engrais. Depuis le premier jour de la guerre, l’Indice Green Markets des prix des fertilisants nord-américains a grimpé de 10 %, tandis que le prix de l’action de Nutrien, une entreprise saskatchewanaise spécialisée dans la production d’engrais, a progressé de 26 %.
Denis Landry soutient que tout le monde est nerveux et veut acheter à n’importe quel prix présentement
. Il reste que, selon lui, si la Russie devait exporter ses productions chez d’autres partenaires comme la Chine, les Chinois risqueraient tout simplement d’importer moins de l’Occident, ce qui équilibrerait l’offre et la demande. Ce sont des vases communicants
, rappelle-t-il.
Les prix pourraient chuter aussi rapidement qu’ils ont grimpé.
Des rôties que vous ne voudrez pas faire brûler
Statistique Canada indique que le prix du pain de 675 grammes a augmenté de 6 % en janvier sur une année à 2,95 $.
Prochainement, aux dires du courtier Denis Landy, il faudrait s’attendre encore à une augmentation de 5 à 6 % du coût du pain. La sécheresse de la dernière saison agricole au Canada ainsi que de récentes augmentations de salaire de 15 à 18 % chez des transformateurs contribueront à cette flambée sur les tablettes. Viendront ensuite les effets du conflit russo-ukrainien.
Lorsqu’on achète comme transformateur, ça risque de coûter plus cher d’ici quelques mois, rapporte Sylvain Charlebois, professeur de l’Université Dalhousie. Les produits à base de grain vont passer en premier, comme le pain et les pâtes, soit les produits qu’on trouve au milieu de l’épicerie. Dans six à neuf mois, ce sera au tour du comptoir des viandes, puis du comptoir des produits laitiers.
Un certain délai doit donc être compté entre les prix engagés sur les contrats à terme et ceux payés par les consommateurs. Des négociations doivent notamment avoir lieu avec les grandes enseignes. La récente dispute entre Frito-Lay et Loblaw montre bien qu’elles peuvent parfois
Avec Radio-Canada par Mathieu Dion
Étiquettes : Augmentation, guerre, Pain, Prix, Ukraine
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