
Un homme qui tente de fuir Irpin, en banlieue de Kiev, pousse une femme dans une brouette. Photo : Reuters/Pigiste
Des cessez-le-feu localisés censés permettre à des civils ukrainiens de fuir des villes bombardées par l’armée russe par des couloirs humanitaires peinent à nouveau à se concrétiser mercredi.
La vice-première ministre Iryna Verechtchouk a annoncé en matinée qu’un accord conclu avec les Russes doit permettre la mise en place de six couloirs humanitaires entre 9 h et 21 h, heure locale (2 h à 14 h, HNE), soit :
- entre Marioupol et Zaporijia;
- entre Enerhodar et Zaporijia;
- entre Soumy et Poltava;
- entre Izioum et Lozova;
- entre Volonovakha et Pokrovsk;
- entre plusieurs villes de la banlieue de Kiev – Vorzel, Borodianka, Boutcha, Irpin et Gostomel – et la capitale.
À la mi-journée toutefois, il semble que seuls les résidents de Soumy, ville assiégée du nord-est ukrainien, près de la frontière russe, et ceux d’Enerhodar, dans le sud du pays, puissent réellement en profiter.
Des résidents de Soumy font des recherches dans les décombres de maisons bombardées par l’armée russe. Photo : Reuters/Andrey Mozgvoy
Selon le gouverneur de la région, des véhicules peuvent bel et bien quitter la ville, la priorité étant donnée aux femmes enceintes ou accompagnées d’enfants et aux personnes âgées ou handicapées.
Mardi, le couloir humanitaire a permis à quelque 5000 personnes de quitter Soumy, une ville lourdement endommagée par l’offensive russe. C’était la première fois qu’un couloir humanitaire permettait d’évacuer des civils d’une zone de combat depuis le début de la guerre.
Selon la BBC, le maire d’Enerhodar a aussi confirmé qu’un convoi transportant essentiellement des femmes et des enfants a pu quitter la ville.
La chaîne publique britannique soutient également que des autobus ont été envoyés dans les banlieues de Kiev, sans dire s’ils ont pu en revenir avec des civils à bord.
Les évacuations vers la capitale devaient commencer à 11 h 30, heure locale (4 h 30, HNE) selon l’administration régionale.
Selon le gouverneur de la région de Kharkiv, le couloir devant lier Izioum à Lozova n’est pas sécurisé et n’est donc pas utilisé. Des bus attendent à l’entrée d’Izioum
, a-t-il dit, précisant que des pourparlers avec les Russes et la Croix-Rouge étaient en cours.
Une femme ferme les yeux et semble pleurer alors que des proches traversent un pont endommagé et quittent la ville d’Irpin, située au nord-ouest de la capitale Kiev. Photo : AFP / Sergei Supinsky
À Marioupol, ville portuaire du sud-est que les Russes assiègent depuis plusieurs jours et où les résidents sont privés d’eau, d’électricité et de chauffage, aucun civil ne peut encore sortir, selon le ministre des Affaires étrangères de l’Ukraine, Dmytro Kouleba.
La Russie continue de tenir en otages 400 000 personnes à Marioupol et bloque l’aide humanitaire et les évacuations, et les bombardements aveugles se poursuivent
, a-t-il écrit sur Twitter.
Selon le conseil municipal de Marioupol, un bombardements russe a complètement détruit l’hôpital pédiatrique.
Marioupol revêt une grande importance stratégique en raison de sa proximité avec la Crimée annexée et le Donbass, où se trouvent les troupes séparatistes prorusses. Si elle devait tomber aux mains de Moscou, elle lui offrirait une continuité territoriale sur toute la côte de la mer d’Azov.
Selon les Nations unies, de 2,1 à 2,2 millions de personnes ont fui l’Ukraine depuis le début de la guerre. De ce nombre, l’agence des services frontaliers de la Pologne affirme que 1,3 million de personnes ont pris la direction de la Pologne.
Une rencontre trilatérale en Turquie
Sur le front diplomatique, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, doit se rendre en Turquie pour rencontrer jeudi son homologue ukrainien Dmytro Kouleba et le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu. Les deux ministres doivent arriver en Turquie mercredi.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a multiplié les efforts de médiation depuis le début de la crise, a fait valoir mercredi que la Turquie peut parler à la fois à l’Ukraine et à la Russie
. Nous travaillons pour éviter que la crise ne se transforme en tragédie
, a-t-il insisté.
Mercredi, M. Kouleba a assuré dans une vidéo sur Facebook qu’il ferait tout pour que les pourparlers [soient] les plus efficaces possibles
tout en confiant avoir des attentes limitées
.
Je n’ai pas grand espoir, mais nous ferons tout pour en retirer le maximum
, a-t-il dit, affirmant que tout dépendra des instructions que Lavrov aura reçues avant ces discussions
.
Mais l’ambiance risque d’être tendue, le ministre ukrainien ayant qualifié récemment sur CNN son homologue russe de Ribbentrop contemporain
, du nom du ministre de Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale.
Antalya constitue la première sortie de M. Lavrov hors de Russie, de plus en plus isolée par les sanctions occidentales qui la visent, depuis le début de la guerre le 24 février.
Les morts s’accumulent
Sur le terrain, l’armée russe ne semble pas progresser de façon significative, mais plusieurs villes ukrainiennes continuent d’être la cible d’attaques.
À Severodonetsk, dans l’est du pays, 10 personnes sont mortes dans des bombardements sur des habitations, selon le responsable de la région administrative de Louhansk.
Et dans la région de Jytomyr, à l’ouest de Kiev, 9 personnes sont mortes dans des frappes aériennes.
Dans la capitale, où les sirènes ont retenti quatre fois dans la nuit, les musiciens de l’Orchestre symphonique de Kiev, dirigés par le chef d’orchestre Guerman Makarenko, ont donné un concert sur la place Maïdan, retransmis en direct à la télévision publique.
Alors que la neige commençait à tomber, ils ont joué l’hymne national ukrainien et l’Ode à la Joie de Beethoven, l’hymne européen, selon un journaliste de l’AFP.
Radio-Canada avec les informations de Associated Press, Reuters, Agence France-Presse et BBC
Étiquettes : Évacuation, Civils, guerre, Russie, Ukraine
mars 11, 2022 à 11:29 |
Des images tristes ?