
C’est en reprenant la ville de Boutcha après le départ des troupes russes que les soldats ukrainiens ont découvert plusieurs cadavres dans les rues. Photo: Reuters/Zohra Bensemra
Au 39e jour de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, le ministre ukrainien des Affaires étrangères a accusé la Russie de « massacre délibéré » après la découverte de plusieurs cadavres à Boutcha, une ville située au nord-ouest de la capitale, Kiev, juste après le retrait des troupes russes. Plus de 400 habitants y auraient été tués par les forces d’occupation, d’après les autorités ukrainiennes.
En se repliant, les Russes laissent derrière eux un désastre total et de nombreux dangers
, a déclaré le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.
Les corps de 410 civils ont été retrouvés dans les territoires récemment libérés près de Kiev
, a indiqué la procureure générale d’Ukraine Iryna Venediktova. Les experts médico-légaux en ont déjà examiné 140
, a-t-elle précisé.
S’exprimant plus tôt sur Twitter, le conseiller présidentiel Mykhaïlo Podoliak a décrit l’horreur :
« [Nous avons découvert] les corps d’hommes et de femmes tués les mains liées. Les pires crimes du nazisme sont de retour en Europe. Ceci a été fait délibérément par la Russie. »— Une citation de Mykhaïlo Podoliak, conseiller de la présidence ukrainienne
Les corps de 57 personnes ont été retrouvés dans une fosse commune à Boutcha, a déclaré dimanche Serhii Kaplytchny, chef des secours locaux.

Des cadavres gisent dans une rue de Boutcha, au nord-ouest de Kiev, après le retrait des forces russes. Photo : Getty Images/Ronaldo Schemidt
Les journalistes de l’Agence France-PresseAFP qui se sont rendus sur place ont pu constater qu’une dizaine de cadavres étaient visibles, certains étant partiellement inhumés.
L’Agence France-PresseAFP a indiqué avoir vu la veille les corps sans vie d’au moins vingt hommes qui portaient des vêtements civils dans une rue de Boutcha. Un des hommes avait les mains liées et les cadavres étaient éparpillés sur plusieurs centaines de mètres.
On ne pouvait pas déterminer la cause de leur mort dans l’immédiat, mais une personne présentait une profonde blessure à la tête.
Tous ces gens ont été fusillés. Ils [les Russes] les ont tués d’une balle dans la nuque
, a affirmé à l’Agence France-PresseAFP le maire de Boutcha, Anatoly Fedorouk.
Le maire a aussi fait état de 280 personnes déjà enterrées dans des fosses communes, car il était impossible de le faire dans les trois cimetières de la municipalité.

Un homme à la recherche de nourriture à Boutcha, le 2 avril 2022. Photo: Getty Images/Ronaldo Schemidt
Aux yeux du ministre ukrainien des Affaires étrangères, Moscou doit payer pour ce massacre délibéré
.
« Les Russes veulent éliminer autant d’Ukrainiens qu’ils le peuvent. Nous devons les arrêter et les expulser du pays. J’exige de nouvelles sanctions dévastatrices du G7 immédiatement. »— Une citation de Dmytro Kouleba, ministre ukrainien des Affaires étrangères
Moscou dément toute responsabilité
Par la voix de son ministère de la Défense, la Russie a réagi rejetant ces accusations.
« Pendant la période au cours de laquelle cette localité était sous le contrôle des forces armées russes, pas un seul résident local n’a souffert d’actions violentes. »— Une citation de Extrait du communiqué du ministère russe de la Défense
Moscou a ajouté que son armée avait distribué 452 tonnes d’aide humanitaire aux civils dans ce secteur.
Le ministère a ajouté que tous les habitants avaient eu la possibilité de quitter librement
la localité vers le nord
, alors que les banlieues sud de la ville étaient la cible de tirs des troupes ukrainiennes 24 heures sur 24
.
Pour ce qui est des images de cadavres dans les rues de la ville, c’est une nouvelle production du régime de Kiev pour les médias occidentaux
, poursuit le communiqué du ministère de la Défense.
Il a assuré que toutes les unités militaires russes s’étaient retirées de Boutcha le 30 mars, au lendemain de l’annonce par la Russie qu’elle allait réduire de façon significative son activité dans le nord de l’Ukraine.
Vague d’indignation en Occident
Les États-Unis et l’Organisation du traité de l’Atlantique nordOTAN ont exprimé dimanche leur horreur
devant les récits d’atrocités imputées aux forces russes.
Ces images sont un coup de poing à l’estomac
, a réagi le secrétaire d’État américain Antony Blinken sur la chaîne CNN en rappelant avoir prévenu avant l’agression de la Russie
que ce pays risquait de commettre des atrocités
.

Deux personnes poussent leur vélo en traversant une rue où gisent plusieurs cadavres à Boutcha, au nord-ouest de Kiev. Photo : Getty Images/Ronaldo Schemidt
Le secrétaire général de l’Organisation du traité de l’Atlantique nordOTAN, Jens Stoltenberg, a pour sa part dit estimer que les violences de Boutcha étaient horribles
et a dénoncé une brutalité inédite en Europe depuis des décennies
.
Il est absolument inacceptable que des civils soient pris pour cibles et tués, et cela souligne l’urgence de mettre fin à cette guerre
, a-t-il affirmé sur la même chaîne.
Évoquant des actes révoltants
commis par l’armée russe contre des civils en Ukraine, la cheffe de la diplomatie britannique, Liz Truss, a réclamé une enquête pour crimes de guerre
.
« Les attaques acharnées contre des civils innocents durant l’invasion illégale et injustifiée de l’Ukraine par la Russie doivent faire l’objet d’une enquête pour crimes de guerre. »— Une citation de Liz Truss, ministre britannique des Affaires étrangères
Nous devons faire toute la lumière sur ces crimes commis par l’armée russe
, a déclaré de son côté le chancelier allemand Olaf Scholz.
Les auteurs de ces crimes et leurs commanditaires doivent rendre des comptes
, a-t-il dit, réclamant notamment que des organisations internationales aient accès à la région pour documenter ces atrocités
.
Le chef du gouvernement italien Mario Draghi pense lui aussi que la Russie doit payer. Les autorités russes doivent cesser immédiatement les hostilités, mettre fin aux violences contre les civils et devront rendre des comptes
, a-t-il ajouté.
Les autorités russes devront répondre de ces crimes
, a quant à lui déclaré le président français Emmanuel Macron.
Se disant choqué, le président du Conseil européen, Charles Michel, a lui aussi accusé l’armée russe d’avoir commis des atrocités
dans la région libérée de Kiev. Il a également réclamé davantage de sanctions à l’encontre de Moscou.
L’Union européenneUE aide l’Ukraine et des ONG à rassembler les preuves nécessaires pour intenter des poursuites devant les cours internationales
, a précisé le président du Conseil européen.
Par Radio-Canada avec les informations de Agence France-Presse, Reuters et CNN
avril 5, 2022 à 10:05 |
Triste découverte !