
Des corps sont exhumés et retirés d’un charnier sur le terrain de l’église Saint-André et Pyervozvannoho Toussaint, dans la ville ukrainienne de Boutcha. Photo: AFP via Getty Images/Sergei Supinsky
« Une scène de crime. » Tels sont les mots employés par le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), le Britannique Karim Khan, pour décrire la situation en Ukraine lors d’une visite à Boutcha, près de Kiev.
Nous sommes ici parce que nous avons de bonnes raisons de croire que des crimes relevant de la compétence de la Cour sont commis. Nous devons transpercer le brouillard de la guerre pour parvenir à la vérité
, a-t-il déclaré lors d’une visite de la ville où des centaines de civils ont été retrouvés morts après l’occupation russe, selon les autorités ukrainiennes.
Le procureur de la Cour pénale internationale, le Britannique Karim Khan Photo: Reuters/Staff
Il a ajouté qu’une équipe médico-légale de la Cour pénale internationaleCPI se préparait à travailler afin que nous puissions vraiment séparer la vérité de la fiction
.
La Cour pénale internationale a annoncé l’ouverture d’une enquête le 2 mars dernier sur la situation en Ukraine depuis le 21 novembre 2013. L’enquête ne se limite pas à l’offensive lancée par la Russie le 24 février dernier, mais couvre toutes les allégations passées et présentes de crimes de guerre […] sur toute partie du territoire de l’Ukraine par toute personne
. L’enquête pourrait notamment s’étendre à l’annexion de la Crimée, en 2014, puis à la guerre du Donbass, dans l’est de l’Ukraine.
Le maire de Boutcha a déclaré mercredi que les corps de 403 personnes ont été retrouvés depuis le retrait des forces russes à la fin mars, une information qui n’a pu être vérifiée de manière indépendante.
La découverte de ces corps a suscité l’indignation de la communauté internationale, menant des pays occidentaux, dont le Canada(Nouvelle fenêtre), à annoncer de nouvelles sanctions économiques contre Moscou. Le président ukrainien et des leaders européens n’ont pas hésité à qualifier de « génocide » les agissements de la Russie en Ukraine, un terme lourd de sens maintenant brandi par le président américain Joe Biden et le premier ministre canadien Justin Trudeau.
Le Kremlin rejette ces allégations, qualifiant le massacre de civils présumé de truqué
.
Un rapport dénonce les exactions commises par l’armée russe
Une autre enquête menée par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) fait état de violations flagrantes des droits de la personne de la part des troupes russes depuis l’invasion de l’Ukraine
.
Le rapport est tiré d’une mission indépendante de lOrganisation pour la sécurité et la coopération en Europe’OSCE réalisée avant la découverte de cadavres à Boutcha.
Les auteurs du rapport évoquent les nombreuses attaques d’hôpitaux, de maisons et d’immeubles résidentiels, de propriétés culturelles, d’écoles, d’infrastructures d’eau et d’électricité
.
Les experts de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en EuropeOSCE mentionnent aussi des preuves crédibles
de torture et de traitements dégradants.
La mission ajoute que si la Russie avait respecté ses obligations en matière de droit international après avoir envahi l’Ukraine le 24 février, le nombre de civils tués ou blessés aurait été nettement inférieur
, citant en exemple le siège de Marioupol, port stratégique du sud-est de l’Ukraine.
Le rapport mentionne des violations commises par les forces ukrainiennes, notamment en matière de traitement de prisonniers de guerre, mais souligne que celles commises par la Fédération russe sont bien plus importantes de par leurs nature et envergure
.
L’OSCE s’est appuyée sur des sources officielles et des preuves recueillies par des organisations non gouvernementales (ONG) pour en arriver à ces conclusions. La Russie a refusé de coopérer à son enquête.
Radio-Canada avec les informations de Agence France-Presse
Étiquettes : CPI, guerre, Procureur, Russie, scène de crime, Ukraine
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