Si le proxénétisme est encore interdit dans le plat pays, les travailleuses du sexe peuvent librement travailler, indique « Ouest-France ».

Une première en Europe. Depuis le 1er juin dernier, les travailleuses du sexe sont des « professionnelles » à part entière en Belgique, révèle Ouest-France. En effet, le Parlement belge avait voté en mars dernier une grande loi sur le droit pénal lié aux infractions sexuelles. Parmi les principales mesures, l’intégration de la notion de consentement, une définition légale du viol plus large mais surtout la dépénalisation totale de la prostitution. Objectif : faire évoluer le code pénal belge aux problématiques actuelles.
D’après la police belge, il y aurait 26 000 prostituées dans le pays. Or, jusqu’ici celles-ci travaillaient dans un cadre très flou. Et pour cause, leur activité bien qu’illégale était tolérée par les autorités. Dans le même temps, toutes ces femmes n’avaient pas forcément une activité régulière. Ainsi, selon l’Université catholique de Louvain, elles seraient moins de 6 000. Il y a fort à parier que cet éclaircissement législatif va rebattre les cartes. Selon le texte voté par les parlementaires en mars dernier, les prostituées peuvent désormais bénéficier des mêmes droits que tous les travailleurs belges. En outre, elles pourront accéder à l’ensemble de la protection sociale – de la maladie au chômage – au même titre que les salariés « classiques ».
Dans la loi belge, il est cependant toujours interdit de faire du proxénétisme. D’autant que le but de la loi est de « couper l’herbe sous le pied » de ces individus profitant souvent de personnes fragiles physiquement et psychologiquement. En revanche, un banquier ou un assureur qui travaillerait avec une prostituée ne tombera plus sous le coup de la loi.
La Belgique, un pays en avance ?
À ce jour, Bruxelles est la seule capitale à avoir légalisé la pratique de la prostitution, au sein de l’Union européenne. Si des législations similaires existent dans d’autres pays européens, les conditions étant trop restrictives, les effets ne se sont jamais fait ressentir. En Allemagne, par exemple, pour être reconnue comme « prostituée », il faut un contrat de travail. Ce qui n’est pas toujours le cas.
Par ailleurs, ce n’est pas la première fois que la Belgique s’illustre sur une telle avancée sociétale. En 2002, c’était le deuxième pays au monde à rendre l’euthanasie possible. Un an plus tard, le mariage entre personnes de même sexe était légalisé. A contrario, le pays a durci en 2017 sa législation sur le cannabis. Jusqu’à cette date, les autorités permettaient aux habitants de détenir sans problème jusqu’à trois grammes de cannabis.
Pour ce qui est de la prostitution, cette réforme était réclamée depuis de nombreuses années par les prostituées elles-mêmes. Leurs arguments : cela mettrait fin aux discriminations et permettrait de lutter efficacement contre la traite d’êtres humains. « L’histoire nous a montré que le seul outil pour lutter contre l’esclavage, ce sont les droits. Et en criminalisant, on crée une zone de non-droit », explique Daan Bauwens, directeur de l’organisation de représentation des travailleuses (et travailleurs) du sexe, à Ouest-France.
Avec Le Point avec AFP
Étiquettes : autorisation, Belgique, EUROPE, Prostitution
Votre commentaire