Football : Sénégal, un champion en chantier 

ANALYSE. Sur la route du Mondial 2022, les éliminatoires de la CAN 2023 sont pour le champion d’Afrique une occasion de se recalibrer. Une tâche ardue. 

Le Senegal de Sadio Mane est detenteur de la CAN.
Le Sénégal de Sadio Mané est détenteur de la CAN.© SEYLLOU / AFP

La route vers la CAN 2023 a démarré pour le champion d’Afrique, les deux premières journées de qualification venant clôturer une saison historique. Avec quelques interrogations à résoudre à quelques mois de la Coupe du monde. Fini les célébrations de la CAN et des barrages, place aux prochaines échéances, qui arrivent très vite.

Des victoires sans panache

Alors que le Sénégal met un terme à sa saison 2022-2023 sur une bonne entame de la défense de son titre avec les deux premières journées des éliminatoires de la CAN 2023. Une première victoire sur le score de 3-1 face au Bénin, avec un triplé de Sadio Mané, dont deux buts sur pénalty et une victoire hier face au Rwanda, dans un match qui devait se dérouler à Kigali, qui en raison de stades non conformes aux normes internationales, a délocalisé son match… à Dakar, au Stade Abdoulaye Wade de Diamniadio. Une aubaine donc pour le Sénégal, qui a enchaîné deux matchs à domicile et éviter un long déplacement vers l’Afrique de l’Est. Une victoire dans un match sans relief arraché sur un nouveau pénalty de Sadio Mané au bout du temps additionnel. Trois buts sur pénalty en quatre matchs, dans ce qui est l’un des groupes les plus abordables de ces éliminatoires, de quoi tirer la sonnette d’alarme ? « C’est un match de fin de saison, j’ai senti mes joueurs fatigués, émoussés. C’est bien de savoir gagner dans la difficulté. Les garçons n’ont jamais abdiqué, ils ont continué à travailler. En réalité, on a pu avoir cette occasion-là qui nous permet de gagner 1-0. Nous sommes très satisfaits sur le plan comptable », a déclaré Aliou Cissé en conférence de presse.

Bien évidemment, le fait qu’il s’agisse de la fin de saison a son importance, lorsque l’on prend en compte le lourd calendrier auquel certains joueurs ont été confrontés (dont bien évidemment Sadio Mané). Ceci atténue forcément les circonstances du contenu proposé. Mais n’était-ce donc pas une opportunité de réaliser une rotation afin d’expérimenter de nouvelles options ? La victoire finale à la CAN, suivie du match de barrages pour le Mondial a permis à Aliou Cissé d’être renforcé dans ces certitudes avec une option de jeu en 4-3-3, et une autre en 4-2-3-1, avec Sadio Mané positionné en soutien de l’attaquant de pointe, utilisé lors du match retour du barrage face à l’Égypte. Toutefois, le domaine dans lequel le sélectionneur des Lions doit encore avoir des manques à combler concerne les solutions de rechange, notamment aux postes d’arrière latéral gauche et de milieux offensifs. La dépendance envers l’arrière gauche Saliou Ciss (meilleur latéral de la CAN), Sadio Mané ou Ismaïla Sarr, revenu tout juste de blessure en demi-finale de la CAN (et qui l’a peut-être payé à son retour en club), s’est accentuée et devient une sérieuse interrogation pour les Lions. D’autant plus que le début de la CAN passée, sans relief, rappelle également qu’il y a un travail à accomplir dans ce sens. L’équilibre entre la préservation de la bonne vie de groupe et les performances individuelles de chaque joueur est essentiel, chaque élément doit avoir la capacité de répondre présent si le besoin s’en ressent.

Occasion manquée

Alors que les dates internationales s’étendant du 30 mai au 14 juin, et que ses deux matchs amicaux ont été joués le 4 et le 7 juin, le Sénégal avait l’opportunité d’ajouter un ou deux rencontres amicales afin de pouvoir mieux explorer les différentes options avec, s’il le faut, une équipe remaniée. Pourtant, la Fédération avait pour envie d’organiser un match amical entre les dates du 11 et 13 juin, si possible contre une équipe sud-américaine était envisagée, afin de mieux appréhender l’affrontement à venir face à l’équipe d’Équateur (tombeur du Nigeria 1-0 le vendredi 3 juin passé). Le Brésil, était considéré comme un potentiel adversaire, mais en raison de la tournée asiatique des Auriverde (matchs contre la Corée du Sud et le Japon), il n’était pas possible de dénicher la Seleção pour un match de prestige au stade de Diamniadio. Puis, il a finalement été décidé de ne pas organiser de match amical : « La FSF informe l’opinion publique qu’elle a décidé de surseoir à l’organisation d’un match amical international durant la fenêtre FIFA du 30 mai – 14 juin 2022. […] Cette décision a été prise pour permettre aux joueurs internationaux sénégalais pressentis d’aller en vacances plus tôt que prévu afin de pouvoir bénéficier d’un temps de repos convenable avant de reprendre compétitions en clubs à partir de septembre 2022 puis avec notre équipe nationale pour la préparation et la participation du Sénégal au prochain tournoi final de la Coupe du monde de la Fifa prévu au Qatar. »

D’après le journal local RECORD, la FSF a même été approchée par la Fédération algérienne de football pour un match amical, option qui a été rejetée, car d’après une source le Sénégal n’y voyait pas son intérêt. À défaut d’affronter une équipe sud-américaine, il aurait été possible par exemple, d’utiliser ne serait-ce une équipe africaine pour faire face aux Lions, à l’image de la Gambie qui a reçu le Soudan du Sud au Stade Lat Dior de Thiès (victoire 1-0) en raison de la non-homologation du stade de Banjul, ou du Mali, qui n’a pas réservé de date pour un match amical après les éliminatoires, pour organiser une rencontre amicale de plus. Une liste alternative aurait ainsi pu être confectionnée, permettant à des cadres de partir en vacances, et afin de permettre à certains joueurs d’avoir l’occasion de jouer et donner un aperçu de leurs potentialités, d’autant plus que le prochain regroupement, qui aura lieu en septembre prochain, comptant pour les 3e et 4e journées d’éliminatoires de la CAN sera le dernier avant la Coupe du Monde. « Cette préparation pour la Coupe du monde, on ne l’a pas encore commencée. C’est ça la vérité… La meilleure chose à faire au mois de septembre pour aider les cinq pays africains qui se sont qualifiés, c’est carrément d’arrêter les éliminatoires de la CAN 2023. Et pouvoir donner enfin la possibilité aux pays africains de préparer cette Coupe du monde, sinon on ne pourra jamais la préparer comme il le faut ! » s’est désolé Aliou Cissé à ce sujet.

Un marché des transferts très important à venir

Avec l’ouverture du mercato estival, plusieurs joueurs manquant de temps de jeu en club auront des décisions à prendre en vue de la saison prochaine. En effet, avec une Coupe du monde 2022 se déroulant exceptionnellement en pleine saison, entre la mi-novembre et la fin décembre, les joueurs ne disposeront pas de suffisamment de temps de préparation dont les sélections bénéficient habituellement en fin de saison. Il s’agira donc d’une Coupe du monde où pour être en forme optimale, la préparation de pré-saison ainsi que le temps de jeu dès l’entame de la saison seront des facteurs plus importants que d’habitude pour les joueurs. Les cas d’importants joueurs de la sélection comme Abdou Diallo (PSG), Nampalys Mendy (Leicester) ou encore Bouna Sarr seront essentiels de la quête d’être dans les meilleures conditions possible au mois de novembre. Aux joueurs se retrouvant dans cette situation de trouver l’environnement qui convient pour résoudre ce problème, pour le bien de la sélection.

Avec Le Point avec par Abdoulaye A. Sall

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