Les périodes de fortes chaleurs jouent-elles un rôle sur notre désir sexuel ? Alexia Bacouël, sexothérapeute, analyse l’effet du mercure sur les relations sexuelles.

Le thermomètre avoisine les 40 degrés partout en France. Alors que pour certains, la hausse du mercure booste la libido, pour d’autres elle freine l’envie d’avoir des relations sexuelles. Dans un récent rapport consulté par Libération, l’Institut national d’études démographiques (INED) révélait que neuf mois après chaque canicule il y avait de 5 à 6 % moins de naissances. « Parmi les décrochages, certains paraissent directement reliés à des événements conjoncturels spécifiques. L’année 2004 présente ainsi un profil saisonnier caractérisé par un creux de naissances au printemps, soit 9 à 10 mois après l’épisode caniculaire de 2003 », pointe le rapport. Et d’ajouter également : « On peut donc faire l’hypothèse qu’un événement caniculaire soudain pourrait avoir des conséquences sur la fertilité de certains couples exposés au risque de conception. La soudaine augmentation des températures pourrait occasionner aussi une diminution de l’activité sexuelle des conjoints (ces deux hypothèses n’étant pas exclusives). »
Mais alors, la chaleur agit-elle directement sur la fréquence des rapports sexuels ? Alexia Bacouël, sexothérapeute, thérapeute de couple, fondatrice du Cabinet de curiosité féminine et auteure du livre Les Dessous du plaisir, revient sur cette idée reçue.
Le Point : Comment les très fortes chaleurs actuelles impactent-elles le désir ?
Alexia Bacouël : Quand il fait très chaud, on a le corps moite, qui transpire. Pour certains, la transpiration représente quelque chose de très sensuel alors que pour d’autres c’est assez repoussant. Cela peut même les bloquer dans leur envie d’avoir des relations sexuelles. Comme pour tout, il n’existe pas de règle. Le ressenti face à la chaleur reste quelque chose de personnel.
Les variations de chaleur provoquent des variations de lumière. Ce sont ces changements qui influent sur le moral. Par exemple, quand l’hiver la lumière baisse, le moral peut s’en ressentir. La baisse d’une hormone, la sérotonine, peut causer une légère dépression et freiner la libido. À l’inverse, les fortes chaleurs et la luminosité boostent la production de sérotonine et peuvent donc augmenter le désir.
Comment répond le corps au moment de la canicule ?
De très importantes chaleurs font aussi que l’on est plus fatigué, plus lent. Nous avons souvent moins d’énergie et nos activités quotidiennes sont moins frénétiques. Alors certaines personnes ont aussi moins envie de faire l’amour. En effet, les relations sexuelles nécessitent un travail cognitif et physique que tout le monde ne veut pas accomplir.
Par ailleurs, le manque d’eau affecte également le fonctionnement de l’organisme. Par exemple, la déshydratation peut entraîner des troubles de l’érection. Le manque d’eau ne permet alors pas au pénis d’avoir suffisamment de sang riche en oxygène et en nutriments pour conserver une érection. Le meilleur conseil que l’on puisse donner aux gens est donc de boire assez pour garder une bonne hydratation.
L’été est-il une période davantage propice aux rapprochements physiques ?
Les couples ont souvent plus de rapports sexuels pendant l’été. Pendant cette période, les personnes sont plus disponibles mentalement. Elles ont davantage de temps, elles sont moins prises par la frénésie du quotidien, moins stressées, elles sont dans de nouveaux espaces. Les tenues plus légères, la peau halée et les épaules dénudées participent également à raviver la flamme du désir qui a pu s’affaiblir pendant l’année.
Avec Le Point avec Johanna Amselem
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