
Le président de la Conférence des évêques catholiques du Canada, Mgr Raymond Poisson (à gauche), a accueilli le pape avec des mots de bienvenue à l’intérieur de la basilique-cathédrale de Notre-Dame-de-Québec. Photo : Radio-Canada
Le pape François a demandé pardon jeudi à toutes les victimes d’abus sexuels commis par des membres de l’Église catholique au Canada. Il a également invité le clergé canadien à se montrer humble et crédible dans le processus de réconciliation avec les Autochtones en rejetant notamment tout sentiment de supériorité ou de malveillance à leur égard.
Devant des membres du clergé canadien et des agents pastoraux laïcs réunis à la basilique-cathédrale de Notre-Dame-de-Québec, le souverain pontife a mentionné que l’Église au Canada avait commencé un nouveau parcours après avoir été blessée et choquée par le mal perpétré par certains de ses enfants
.
Je pense en particulier aux abus sexuels commis contre des mineurs et des personnes vulnérables, des scandales qui appellent des actions fortes et un combat irréversible
, a déclaré le pape, avant de demander pardon aux victimes.
« Je voudrais, avec vous, demander à nouveau pardon à toutes les victimes. La douleur et la honte que nous ressentons doivent devenir une occasion de conversion : plus jamais ça! »— Une citation de Extrait de l’homélie du pape François
Le pape a invité le clergé canadien à s’inspirer de saint François de Laval dans ses relations avec les Autochtones. Photo : Radio-Canada/Olivia Laperrière-Roy
Le chef du Saint-Siège a immédiatement enchaîné en fustigeant l’exclusion de toute culture au nom d’une prétendue supériorité, une référence directe à la participation de l’Église aux politiques d’assimilation des Autochtones, dont le système des pensionnats.
En pensant au parcours de guérison et de réconciliation avec nos frères et sœurs autochtones, que la communauté chrétienne ne se laisse plus jamais contaminer par l’idée qu’il existe une supériorité d’une culture par rapport à une autre et qu’il soit légitime d’utiliser des moyens de coercition contre les autres
, a insisté le pape.
S’inspirer de François de Laval
Il a enjoint aux responsables de l’Église catholique au Canada de s’inspirer de son premier évêque, saint François de Laval, qui fulminait contre ceux qui exploitent les Autochtones en les incitant à consommer des boissons pour les arnaquer
.
« Ne permettons à aucune idéologie d’aliéner et de confondre les styles et les modes de vie de nos peuples pour tenter de les soumettre et de les dominer. »— Une citation de Extrait de l’homélie du pape François
Pour mettre fin à cette culture de l’exclusion, il faut commencer par nous
, a poursuivi le pape, qui a exhorté les pasteurs et les agents pastoraux à ne pas se sentir supérieurs et à ne pas voir leur service comme un pouvoir
.

Le pape François et le cardinal archevêque de Québec, Gérald Cyprien Lacroix, se sont recueillis près du tombeau de saint François de Laval. Photo : Radio-Canada
Comme il le fait lors de la plupart de ses visites à l’étranger, le pape tenait à rencontrer des représentants locaux de l’Église catholique à l’occasion de la prière du soir, également appelée vêpres.
Il s’agissait de la dernière action liturgique à être célébrée par le pape durant son voyage apostolique au Canada.
Le président de la Conférence des évêques catholiques du Canada, Raymond Poisson, et le cardinal archevêque de Québec, Gérald Cyprien Lacroix, étaient sur place.
Message attendu
Comme prévu, le chef du Saint-Siège a donc profité de son homélie pour faire part de ses observations, préoccupations et attentes à l’égard des évêques canadiens et de leurs collaborateurs.
En matinée, le pape a célébré une messe à la basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré. Photo : Radio-Canada/Olivia Laperriere-Roy
Selon Alain Bouchard, chargé de cours à la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval, en évoquant les abus sexuels commis par des membres de l’Église, le pape a lancé un message clair au clergé canadien.
Il y a un mot d’ordre. Il termine en disant : plus jamais, mais ça prend un combat irréversible, ça prend des actions fortes. Alors ça, c’est un message qu’il passe au clergé, c’est-à-dire qu’à partir de maintenant, le clergé canadien a comme mandat, face à cette question-là, d’agir et de poser des gestes
, a analysé M. Bouchard en entrevue au Téléjournal Québec.
Des abus nommés
La sénatrice Michèle Audette, membre de la communauté innue, était émue après avoir entendu le pape évoquer enfin les abus sexuels de l’Église devant des membres du clergé.
Celle qui a été commissaire à l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées de 2016 à 2019 avait une pensée particulière pour les victimes qui ont assisté à la messe du pape François à Sainte-Anne-de-Beaupré, jeudi matin, au cours de laquelle les abus sexuels n’ont pas été mentionnés.

Michèle Audette s’est réjouie de ce que le pape évoque les abus sexuels commis par des membres de l’Église (archives). Photo : The Canadian Press/David Lipnowski
C’est notre vie, c’est mes amis, c’est tout le monde qui est dehors, que vous ne voyez pas, qui ont été touchés, qui ont été affectés et qui ne l’ont pas entendu aujourd’hui, mais qui ont accepté pareil cette messe-là. Ils l’ont trouvée belle
, a indiqué Mme Audette à l’animateur Bruno Savard lors d’une émission spéciale sur les ondes de RDI.
Alors, comprenez-vous que, quand je vais vous dire bye-bye tout à l’heure, bien, je vais leur dire : vous pouvez lire ce que le pape a dit ce soir à d’autres Autochtones, à d’autres leaders puis à la planète au complet
, a ajouté la sénatrice.
Le pape François partira de Québec vendredi pour se rendre à Iqaluit, dernière étape de son pèlerinage au Canada.
Avec Radio-Canada par Louis Gagné
Étiquettes : Abus sexuels, Église, CANADA, Pape François, Pardon, Victimes
Votre commentaire