« Il est temps que le Canada s’excuse pour l’esclavage », dit une sénatrice de la N.-É.

Depuis l’année dernière, le Canada commémore l’entrée en vigueur, le 1er août 1834, de la Loi sur l’abolition de l’esclavage dans l’Empire britannique.

Une foule de personnes avec les poings brandis en l'air

Le Jour de l’émancipation, le 1er août, marque l’abolition de l’esclavage dans certaines parties de l’Empire britannique. Photo : Jacob Barker/CBC

La reconnaissance du Jour de l’émancipation n’est qu’une première étape, selon la sénatrice Wanda Thomas Bernard qui appelle la Nouvelle-Écosse à renouveler ses excuses pour les préjudices intergénérationnels de l’esclavage et à trouver des réparations.

Dans tous les discours que prononcera la sénatrice Thomas Bernard cette année à l’occasion du Jour de l’émancipation, elle posera la même question : quelle sera la prochaine étape ? C’est une question qu’elle adresse aux gouvernements fédéral et provinciaux, ainsi qu’à chaque Canadien, alors que le pays souligne pour la deuxième fois le jour de l’abolition de l’esclavage dans l’Empire britannique.

Je pense que beaucoup de gens ont vu la reconnaissance officielle du Jour de l’émancipation comme une sorte de but ultime. Je la vois plutôt comme un premier pas, explique-t-elle.

Wanda Thomas Bernard

La sénatrice Wanda Thomas Bernard. Photo: CBC/Dalhousie News

L’an dernier, les politiciens fédéraux ont voté à l’unanimité pour que le 1er août soit reconnu comme le Jour de l’émancipation au Canada. Ce jour-là, en 1834, la Loi sur l’abolition de l’esclavage est entrée en vigueur, entraînant la libération d’environ 800 000 personnes asservies dans la plupart des colonies britanniques.

« Les excuses pour les préjudices historiques sont vraiment importantes et elles indiqueraient aux Afro-Canadiens que notre présence, nos contributions et les préjudices que nous avons subis au fil des ans[ sont reconnus, qu’il y a une certaine responsabilité à cet égard. »— Une citation de  Wanda Thomas Bernard, sénatrice de la Nouvelle-Écosse

En juillet, Ottawa a présenté ses excuses aux descendants du bataillon de construction no 2 pour le racisme anti-Noirs systémique auquel ils ont été confrontés pendant la Première Guerre mondiale.

Lors de l’événement historique de Truro, Wanda Thomas Bernard a parlé de l’histoire de l’esclavage et de la façon dont, après son abolition officielle, le racisme anti-Noirs a pris racine dans le pays. Selon elle, l’absence d’excuses officielles pour l’esclavage fait partie des affaires inachevées du gouvernement canadien.

Il y avait là un signal très clair que d’autres excuses et d’autres réparations sont nécessaires, et c’est la prochaine étape de ce cheminement, a-t-elle déclaré.

Des personnes lèvent le poing lors d'une marche pour le Jour de l'émancipation en 2020.

Le Jour de l’émancipation est célébré dans certaines villes du Canada depuis des décennies, mais c’est à Owen Sound, en Ontario, où a été organisé le premier festival de l’émancipation, en 1862. Photo: The Canadian Press/Darryl Dyck

Six jours d’événements à Guysborough

Mary Desmond, conseillère municipale du comté de Guysborough, espère que cette célébration du Jour de l’émancipation donnera l’occasion aux Néo-Écossais d’approfondir leur compréhension de l’histoire de l’esclavage et de son héritage durable. Mme Desmond a été choquée d’apprendre qu’il existait autrefois dans la ville un poteau de flagellation et une salle de vente d’esclaves.

« Nous sommes encore en train d’apprendre parce que notre histoire n’a pas été enseignée dans le système scolaire, et elle ne l’est toujours pas. Nous ne recevons que des bribes d’information. »— Une citation de  Mary Desmond, conseillère municipale du comté de Guysborough, en N.-É.

Gravure en noir et blanc dépeignant d'anciens esclaves qui célèbrent la proclamation de l'émancipation, le 1er août 1866.

D’anciens esclaves célèbrent la proclamation de l’émancipation, le 1er août 1866. Photo : Getty Images/Three Lions

Si de nombreux Canadiens connaissent le chemin de fer clandestin, ils sont moins nombreux à avoir appris que notre pays a asservi pendant 200 ans les personnes d’origine africaine et les Autochtones.

L’universitaire américain Brett Rushforth, qui a écrit sur l’esclavage des peuples autochtones, a déclaré qu’il était très courant dans les colonies qui allaient devenir le Canada.

[P]endant la période française, c’est-à-dire avant 1763, la grande majorité des personnes qui étaient tenues en esclavage étaient autochtones, a déclaré Rushforth, auteur de Bonds of Alliance: Indigenous & Atlantic Slaveries in New France.

Pourtant, malgré la brutalité qu’ils ont endurée, les esclaves ont résisté et ont formé des communautés, a déclaré Brett Rushforth.

Il n’y a pas seulement un sentiment de victimisation, mais aussi un sentiment de résilience créative remarquable, une volonté de trouver un sens à la vie, a-t-il conclu?

Un premier pas

Pour Wanda Thomas Bernard, ce deuxième jour officiel de l’émancipation au Canada est l’occasion d’affronter cette histoire et de s’engager à faire quelque chose pour y remédier.

L’une des choses qui me frustrent beaucoup est le fait qu’il y a vraiment peu de compréhension du traumatisme intergénérationnel causé par la violence du racisme, a-t-elle déclaré. Pas seulement la violence du racisme individuel, mais la violence du racisme systémique.

Une femme noire porte une pancarte sur laquelle figure le dessin d'un poing levé, le logo du mouvement Black Lives Matter.

Une militante du mouvement Black Lives Matter (les vies noires comptent).

Une porte-parole du Bureau des affaires afro-néo-écossaises a déclaré que le ministère est ouvert à la discussion sur les réparations pour l’esclavage.

La réparation ou le redressement implique un dialogue ouvert avec les communautés afrodescendantes de la Nouvelle-Écosse et tous les niveaux de gouvernement, a écrit Amelia Jarvis dans un courriel.

Plusieurs rassemblements et célébrations auront lieu dans de nombreuses villes du pays pour commémorer les 188 ans de l’émancipation.

Radio-Canada avec les informations de CBC

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