Voyager sur le toit des trains, le dangereux phénomène qui prend de l’ampleur sur Internet

Un jeune homme est debout sur un wagon dans l'Ouest canadien.

Les adeptes de cette activité se filment avec des caméras afin de publier leur périple sur Internet. Photo : James

Dans le monde entier, des jeunes se filment en train de monter sur des wagons de marchandises ou de voyageurs. Certains s’y adonnent sur les 43 000 km de chemins de fer du Canada ou même sur des rames de métro. Comment expliquer cette tendance? Quels sont les risques?

Le jour de la fête du Canada, en juillet dernier, des images circulant sur Internet donnaient le vertige. On y voit des individus masqués portant des drapeaux du Canada marcher sur le toit d’une rame du métro de Toronto à pleine vitesse.

Arrivés à la station suivante, ils s’échappent en courant. Depuis, les autorités enquêtent pour retrouver les auteurs de cette vidéo.

Une personne couchée sur le toit d'une voiture du métro de Toronto, en juillet 2022.

Un jeune homme allongé sur la rame d’un métro de Toronto, à la station Kennedy. Photo : Facebook

Monter sur un train en marche, une pratique appelée train surfing en anglais, est illégal et extrêmement risqué, mais ce n’est pas nouveau.

Cela existe depuis que les trains existent, explique Taissa Hrycay, de l’organisme Opération Gareautrain. C’est une tendance qui se poursuit avec les réseaux sociaux. On va en entendre parler plus souvent.

Le côté spectaculaire de l’activité intrigue en effet les internautes. Plusieurs vidéos filmées en Europe et offertes sur le site YouTube dépassent le million de vues.

Rencontre avec un adepte de cette pratique

James est déjà monté sur une dizaine de trains aux États-Unis. En août, ce jeune Américain visite l’Alberta pour la première fois dans un but bien précis : grimper sur un train de marchandises à Calgary pour se rendre 400 kilomètres plus loin à Revelstoke, en Colombie-Britannique.

L’attrait touristique pour les beaux paysages de l’Ouest fait de la région une destination aimée par les surfeurs de train, selon James. Il a accepté de nous parler à condition de protéger son identité.

Je ne fais de mal à personne, dit-il, le visage caché, assis sous un pont. Je ne dégrade pas les trains et je ne perturbe pas leur trajet. Je fais juste cela pour m’amuser et profiter d’un voyage gratuit, en toute liberté.

Même si c’est illégal, James filme ses périples afin de diffuser ses vidéos sur les réseaux sociaux en espérant obtenir assez d’abonnés pour gagner de l’argent grâce aux publicités et aux dons. Il dit être conscient du danger.

Deux de mes amis sont morts en voyageant sur des trains. C’est dangereux, et je le répète dans mes vidéos en demandant aux gens de ne pas reproduire ce que je fais, explique-t-il.

Les risques ne valent pas les vues sur les réseaux sociaux. C’est extrêmement dangereux, rappelle Taissa Hrycay. Il y a beaucoup de cas d’accidents à New York et en Europe, notamment d’électrocution.

En juin 2018, un Australien de 25 ans a dû être amputé à la suite d’une chute, près de Revelstoke, en Colombie-Britannique. Deux ans auparavant, une adolescente de 13 ans, Kennedy Rhodes, a perdu la jambe gauche après un accident similaire à Calgary.

La chasse aux J’aime

L’intérêt pour cette quête de l’adrénaline en dit beaucoup sur notre société, dit André Mondoux, sociologue spécialiste des technologies numériques et des réseaux sociaux et professeur à l’Université du Québec, à Montréal.

Ce phénomène est le symbole d’une société où la notion d’efficacité et de productivité est partout, dit-il. De nos jours, c’est la chasse aux Likes qui prime.

Il y a un impératif commercial. Plus il y a de likes, plus les publicités valent cher , selon André Mondoux, et plus rapidement le créateur de contenus pourra atteindre la liberté économique, à condition de produire des vidéos qui font réagir.

La mode du train surfing sur Internet est aussi liée à la montée de l’individualisme. Se mettre soi-même à l’honneur n’est plus péché d’ego ou de narcissisme comme il y a 50 ans. Aujourd’hui, c’est une norme, même s’il est question de promouvoir une activité dangereuse.

Le Canada compte plus de 43 000 kilomètres de chemin de fer.

PHOTO : RADIO-CANADA / AXEL TARDIEU

Au Canada, les contrevenants risquent des amendes pouvant aller jusqu’à 50 000 $ pour intrusion sur une propriété où se trouvent des lignes de chemin de fer, selon Opération Gareautrain. Ces 10 dernières années, l’organisme a comptabilisé 1062 incidents, 685 décès et 305 blessures graves dus à des intrusions.

Depuis son périple dans l’Ouest canadien, James est retourné chez lui, dans le centre des États-Unis. Il prévoit de partir grimper à nouveau sur des trains en Europe dans les prochaines semaines.

Avec Radio-Canada par Axel Tardieu

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