
Un drapeau ukrainien est affiché devant une maison détruite près d’Izioum, dans l’est de l’Ukraine, le 1er octobre 2022. Photo: AFP via Getty Images/Juan Barreto
Les forces armées ukrainiennes sont entrées dans la ville de Lyman, dans une des régions annexées par Moscou, a affirmé la Défense ukrainienne.
La victoire serait la plus importante enregistrée par Kiev depuis le lancement de sa contre-offensive éclair dans la région de Kharkiv le mois dernier.
Les forces d’assaut aériennes ukrainiennes entrent dans Lyman, dans la région de Donetsk
, a indiqué sur Twitter le ministère ukrainien de la Défense.
L’armée avait plus tôt affirmé avoir encerclé
plusieurs milliers de soldats russes dans cette ville de la région de Donetsk.
Peu de temps après, la Russie a annoncé que ses troupes – qu’elle qualifie d’alliées
aux forces séparatistes pro-russe – avaient quitté Lyman.
« En raison de la menace d’encerclement, les troupes alliées ont été retirées de [Lyman] pour être placées sur de meilleures positions. »— Une citation de Le ministère de la Défense de la Russie, cité par des agences de presse russes
Le ministère a déclaré dans un communiqué que la Russie avait infligé des pertes sérieuses aux forces ukrainiennes en lançant des frappes de feu massives
contre elles. Il n’a pas fourni de preuves et cette affirmation n’a pas pu être vérifiée de manière indépendante.
Malgré les pertes subies, l’ennemi, disposant d’une importante supériorité en forces et en moyens, a introduit des réserves et a poursuivi l’offensive dans cette direction
, a-t-il ajouté.
Le ministère de la Défense russe affirme avoir tués plus de 200 soldats ukrainiens et détruit 14 véhicules blindés dans les dernières 24 heures.
Dans une vidéo diffusée samedi par le directeur de cabinet du président ukrainien, deux soldats accrochent le drapeau national bleu et jaune à un panneau indiquant Lyman
à l’entrée de la ville, située dans le nord de la province de Donetsk.
1er octobre. Nous déployons notre drapeau national et nous le posons sur notre terre. Lyman sera l’Ukraine
, dit l’un des soldats dans cette vidéo, debout sur un véhicule militaire, selon la traduction de Reuters.
De 5000 à 5500 soldats encerclés
Les forces russes sont encerclées à Lyman
, a déclaré à la télévision ukrainienne un porte-parole de l’armée ukrainienne, Serguiï Tcherevatiï.
Selon lui, environ 5000 à 5500 Russes
étaient retranchés dans et autour de Lyman ces derniers jours. Mais les derniers combats ont [depuis] réduit leurs effectifs
, a-t-il ajouté.
Des milliers de soldats russes seraient encerclés par les forces ukrainiennes à Lyman. dans la région de Donetsk. Photo : Reuters/Jorge Silva
D’après Serguiï Gaïdaï, le gouverneur de la région voisine de Louhansk, les soldats russes présents dans le chaudron
de Lyman ont trois options : s’enfuir, mourir tous ensemble ou se rendre
, a-t-il affirmé sur les réseaux sociaux.
Les troupes russes ont essayé en vain de mener des opérations militaires pour briser l’encerclement, dit un porte-parole des forces armées ukrainiennes.
« Certains se rendent, ils ont beaucoup de tués et de blessés, mais l’opération n’est pas terminée. »— Une citation de Serguiï Tcherevatiï, porte-parole de l’armée ukrainienne
Le gouverneur de Louhansk, en exil, a déclaré de son côté que des soldats russes avaient sollicité le droit de quitter en sécurité la zone encerclée, mais que leur demande avait été rejetée. L’état-major général ukrainien a déclaré à Reuters ne pas disposer de cette information.
Vers 8 h, plusieurs commentateurs militaires russes avaient déjà publié des messages sur leurs chaînes Telegram annonçant que l’armée ukrainienne avait capturé [des soldats] ou, au minimum, pénétré dans Lyman
, rapporte la BBC.
L’épave d’un avion de combat russe abattu par les forces armées ukrainiennes est visible dans un champ près de la ville d’Izioum, à environ 70 km de Lyman. Photo : Reuters/Stringer
Importance stratégique
Depuis la prise de Lyman à la fin mai, les troupes russes ont transformé la ville de la région de Donetsk en une importante plateforme logistique pour le déploiement des troupes et l’approvisionnement en munitions.
La ville est également un centre ferroviaire clé, reliant les régions de Donetsk, Louhansk et Kharkiv, dans l’est et le nord-est de l’Ukraine.
Selon le porte-parole de l’armée ukrainienne, la prise de Lyman permettrait d’avancer dans la région de Louhansk, que Moscou avait annoncé, début juillet, contrôler en totalité.
Lyman est importante parce qu’il s’agit de la prochaine étape vers la libération du Donbass ukrainien. C’est une occasion pour avancer vers Kreminna et Sievierodonetsk, et c’est très important psychologiquement
, a-t-il ajouté.

Vladimir Poutine s’adresse à la foule réunie sur la place Rouge, à Moscou, après avoir officiellement annexé quatre régions ukrainiennes. Photo : AFP via Getty Images/Alexxander Nemenov
Vendredi soir, Volodymyr Zelensky, s’était félicité des résultats majeurs
de la contre-offensive de ses troupes dans l’Est, poussant les Russes à se retirer de nombreux territoires conquis.
Au même moment, Vladimir Poutine, avait de son côté conclu une journée de cérémonies pour l’annexion des territoires ukrainiens. La victoire sera à nous
, a-t-il lancé, micro en main, devant plusieurs milliers de personnes réunies pour un concert festif sur la place Rouge, à Moscou.
Menace nucléaire
Ramzan Kadyrov, le chef de la région russe de Tchétchénie, a déclaré samedi que Moscou devrait envisager l’utilisation d’une arme nucléaire à faible puissance en Ukraine, dans un contexte de nouveaux revirements sur le champ de bataille.
Dans un message sur Telegram critiquant les commandants russes pour avoir abandonné la ville de Lyman, samedi, M. Kadyrov a écrit : À mon avis personnel, des mesures plus drastiques devraient être prises, jusqu’à la déclaration de la loi martiale dans les zones frontalières et l’utilisation d’armes nucléaires à faible rendement
.

Un char d’assaut russe brûlé se trouve dans un champ de tournesols près d’Izioum, dans l’est de l’Ukraine, le 1er octobre 2022, à environ 70 kilomètres de Lyman. Photo : AFP via Getty Images/Juan Barreto
La Russie possède le plus grand arsenal atomique du monde qui compte des armes nucléaires tactiques à faible puissance.
D’autres grands soutiens de Vladimir Poutine, dont l’ancien président Dmitri Medvedev, ont laissé entendre que la Russie pourrait avoir besoin de recourir aux armes nucléaires, mais l’appel de Kadirov est à ce jour le plus explicite.
Arrestation du directeur de la centrale de Zaporijia
Une patrouille russe a arrêté le directeur de la centrale nucléaire de Zaporijia, a annoncé samedi Energoatom, l’entreprise publique chargée de l’exploitation du site, une information confirmée par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
Igor Mourachov a été interpellé alors qu’il se rendait de la centrale à la ville de Enerhodar vendredi vers 16 h, heure locale, a précisé le président d’Energoatom, Petro Kotine.
« Il a été sorti de la voiture, on lui a bandé les yeux et il a été emmené en voiture pour une destination inconnue. »— Une citation de Petro Kotine, président d’Energoatom, sur Telegram
La Russie n’a fait aucune déclaration publique sur le sujet.
Petro Kotine a précisé en avoir appelé au directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, pour qu’il prenne toutes les mesures immédiates possibles pour obtenir d’urgence la remise en liberté
d’Igor Mourachov.
Interrogé par Reuters, un porte-parole de l’AIEA a déclaré : Nous avons contacté les autorités russes et nous leur avons demandé des explications
. Quelques heures plus tard, l’AIEA a annoncé avoir été informée par les autorités russes du fait qu’Igor Mourachov était détenu en vue d’un interrogatoire.
Un véhicule blindé marqué d’un « Z », symbole de soutien au président Vladimir Poutine et à l’invasion qu’il mène en Ukraine. Photo : Reuters/Alexander Ermochenko
M. Mourashov était opposé à la cession de la centrale de Zaporijia à la Russie, mais les porte-paroles d’Energoatom n’ont pas pu confirmer que c’était la raison de son enlèvement.
La centrale de Zaporijia est devenue l’un des enjeux clés du conflit en Ukraine, Kiev et Moscou s’accusant mutuellement de bombarder le site au risque de déclencher une catastrophe nucléaire.
Dans sa déclaration sur Telegram, Petro Kotine assure qu’Igor Mourachov assume la responsabilité exclusive de la sûreté nucléaire et radioactive
du site et que son arrestation compromet la sûreté des activités de la plus grande centrale nucléaire d’Ukraine et d’Europe
.
Il appelle les troupes russes à cesser immédiatement les actes de terrorisme nucléaire visant la direction et le personnel
du site et à relâcher Igor Mourachov.
La centrale est un trophée stratégique pour la Russie et a suscité l’inquiétude du monde entier en tant que seule centrale nucléaire prise dans une guerre moderne.
Des porte-paroles d’Energoatom ont confié à l’Associated Press samedi que les employés de la centrale de Zaporijia étaient contraints de soumettre une demande de transfert vers la société d’État russe qui s’occupe de la gestion des centrales en Russie, Rosatom.
Les combats actifs à proximité signifient qu’il est peu probable qu’elle recommence à produire de l’électricité de sitôt, même si la Russie installe son propre système de gestion.
Un convoi de civils tués découvert
Selon le Service de sécurité ukrainien (SBU), les troupes russes ont tiré sur un convoi de sept véhicules et tué ainsi 24 personnes. On dénombre 13 enfants et une femme enceinte parmi les victimes.
Selon le gouverneur de la région de Kharkiv, Oleg Synegoubov, les occupants [russes] ont attaqué ces civils qui tentaient d’échapper aux bombardements. Ils ont tiré à bout portant
, a-t-il ajouté.
Les troupes russes ont tiré sur un convoi de sept véhicules et tué ainsi au moins 20 personnes. Photo : via Reuters/Security Service of Ukraine
Deux voitures ont brûlé complètement, il y avait des enfants avec leurs parents: ils ont brûlé vifs
, a-t-il précisé dans un communiqué.
Le porte-parole du bureau du procureur de la région de Kharkiv, Dmytro Chubenko, a déclaré dans une interview à une chaîne de télévision que l’emplacement du site du massacre sur la ligne de front, dans une zone grise
, entravait l’enquête.
Le contrôle de l’armée ukrainienne sur ce territoire n’est pas permanent
, a-t-il déclaré. Il est parfois sous notre contrôle, puis passe sous celui de la Russie, et nous ne pouvons donc pas mener à bien toutes les actions d’enquête.
M. Synegoubov et le service de sécurité ukrainien SBU avaient précédemment déclaré qu’au moins 20 personnes étaient mortes, sans donner la date exacte de l’attaque.
Maintenant, M. Synegoubov affirme que cela s’est passé le 25 septembre vers 9 h (heure locale), citant la police locale. Les détails n’ont pas été vérifiés de manière indépendante.
L’attaque a eu lieu dans la zone grise
entre les villes de Koupianks, libérée récemment, et de Svatove, toujours sous occupation russe.
Le chef par intérim du SBU, Vasyl Maliuk, aurait déclaré que l’attaque brutale contre des civils a été menée par un groupe de sabotage et de reconnaissance
.
« L’ennemi a prouvé une fois de plus que son objectif est la destruction de tous les Ukrainiens, quels que soient leur âge et leur sexe. »— Une citation de Vasyl Maliuk, chef par intérim du SBU
Mais ils n’échapperont pas à la punition. Nous trouverons tout le monde et les ferons répondre des atrocités commises
, a-t-il déclaré.
Le gouverneur de la région de Kharkiv, où les corps ont été découverts, a mentionné que des policiers et des experts se sont rendus sur place
et qu’une enquête est en cours
.
Selon le gouverneur de la région de Kharkiv, Oleg Synegoubov, les occupants russes ont attaqué des civils qui tentaient d’échapper aux bombardements. Photo : Reuters/Stringer
Le vendredi 30 septembre, une équipe de l’AFP avait vu au moins 11 corps de civils, tués par balles dans leurs voitures, sur une route abandonnée par les Russes dans leur retrait de la région la semaine dernière.
Le lieu où la dizaine de civils ont été retrouvés est situé à un endroit où des combats entre Ukrainiens et Russes ont eu lieu récemment, les forces de Kiev menant une contre-offensive d’ampleur dans la région.
Vendredi, une frappe contre un convoi humanitaire avait fait une trentaine de morts.
Radio-Canada par Nicolas Bourcier avec les informations de Agence France-Presse, REUTER et BBC
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