Le chef de l’État a rendu dans la cour du Louvre un hommage au peintre Pierre Soulages, décédé à 102 ans. Plusieurs ministres et artistes étaient présents.

« En ce jour, la Nation porte le noir du deuil, mais Pierre Soulages nous a appris à y déceler la lumière », a déclaré Emmanuel Macron mercredi 2 novembre, dans la cour carrée du Louvre à Paris, où s’est déroulé l’hommage national au peintre français. « C’est le don universel et inaliénable qu’il nous a fait. Pour cela merci », a ajouté le chef d’État, en présence de la femme de Pierre Soulages et de beaucoup d’autres personnalités politiques et du monde de l’art.
Emmanuel Macron a salué la mémoire d’un « grand maître de la peinture », « un classique de son vivant », célébré dans le monde entier pour ses nuances infinies de noir et décédé à 102 ans. « Au fond, Soulages n’avait pas d’âge. Oui, Soulages est un classique ayant choisi le noir comme éditorial de la modernité », a lancé le chef de l’État, qui était accompagné de son épouse Brigitte, lors d’un hommage national épuré, là même où l’artiste fut célébré de son vivant, le Louvre.
Plusieurs membres du gouvernement présents à l’hommage
Au premier rang, son épouse Colette, 101 ans, qui a partagé sa vie pendant 80 ans et est arrivée, le pas lent, sous les applaudissements, ainsi que ses neveux et nièces avaient pris place. Le chef de l’État était aussi accompagné de plusieurs membres du gouvernement, dont Rima Abdul-Malak (Culture), Catherine Colonna (Affaires étrangères), Éric Dupond-Moretti (Justice) et Pap Ndiaye (Éducation). Plusieurs anciens ministres de la Culture, dont Roselyne Bachelot, étaient également présents.
Pour cet hommage au peintre d’un siècle, le gotha du monde des Arts était également réuni, dont de nombreux directeurs de musée, Laurence Des Cars (Louvre), Bernard Blistène (Centre Pompidou), Alfred Pacquement (musée Soulages à Rodez), le secrétaire perpétuel de l’Académie des Beaux-Arts, Laurent Petitgirard, le collectionneur François Pinault ou l’architecte Jean Nouvel.
«J’aurais adoré le rencontrer »
Plusieurs centaines d’anonymes étaient également au rendez-vous pour cette cérémonie ouverte au public et assez rare. « J’ai découvert Soulages lors d’une exposition au centre Pompidou il y a une dizaine d’années. La lumière et la force de ses peintures, exposées dans des grands espaces, m’ont tout de suite fasciné. Je tenais à être là aujourd’hui pour rendre hommage à ce grand artiste », a affirmé à l’AFP Irène Frati, professeur d’histoire-géo à la retraite.
« J’aurais adoré le rencontrer pour comprendre d’où vient sa nécessité de peindre », a estimé Julie Merle, 23 ans, qui étudie à l’école du Louvre et s’intéresse à la peinture monochrome.
Avant Pierre Soulages, la cour carrée du Louvre avait accueilli les hommages nationaux de Georges Braque en 1963, de Le Corbusier en 1965 et d’André Malraux en 1976.
Né le 24 décembre 1919 à Rodez, le peintre est décédé le 26 octobre. Fasciné par la préhistoire dès son plus jeune âge, il avait beaucoup travaillé au brou de noix avant de poursuivre avec ses grands aplats noirs de peinture à l’huile, qu’il raclait, grattait et modelait presque dans l’épaisseur de la peinture.
« Il débordait son époque car il avait d’emblée décidé d’habiter l’histoire de la peinture, de ses origines les plus lointaines à son avant-garde la plus contemporaine », a résumé Emmanuel Macron. Il avait basculé dans ce qu’il appelait « l’outrenoir » en 1979, alors qu’il peinait sur une œuvre entièrement recouverte d’un noir épais, striée par hasard.
« J’aime l’autorité du noir, sa gravité, son évidence, sa radicalité […]. Le noir a des possibilités insoupçonnées », disait l’artiste, qui a peint jusqu’à la fin de sa vie.
Pendant plus de 75 ans, il a tracé son sillon, s’attirant la reconnaissance des institutions culturelles et du marché de l’art, qui en a fait un des artistes français les plus cotés de son vivant. Une de ses toiles a été vendue 20,2 millions de dollars en novembre 2021.
Il avait déjà eu les honneurs d’un hommage au Louvre en 2019, à l’aube de ses 100 ans. Jusqu’alors, seuls Picasso et Chagall avaient eu ce privilège de leur vivant.
Par Le Point avec AFP
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