
L’Ukraine a subi vendredi matin de nouvelles frappes de missiles russes qui ont provoqué des coupures d’eau dans la capitale Kiev et de courant à travers le pays, Moscou se montrant déterminée à détruire les infrastructures ukrainiennes.
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a condamné ce nouvel « exemple de la terreur aveugle du Kremlin », des « attaques cruelles et inhumaines » contre la population qui « constituent des crimes de guerre ».
Au total, 74 missiles, principalement des missiles de croisière, ont été tirés par la Russie vendredi, dont 60 ont été abattus par la défense antiaérienne, selon l’armée ukrainienne.
Le maire de Kiev, Vitali Klitchko, a indiqué que les dommages à l’infrastructure énergétique ont provoqué des « interruptions de l’approvisionnement en eau dans tous les quartiers de la capitale ».
Trois personnes sont mortes à la suite d’une frappe russe qui a touché un immeuble résidentiel à Kryvyï Rig (sud), selon le gouverneur régional.
De leur côté, les autorités prorusses de la région de Lougansk, dans l’Est, ont accusé les forces ukrainiennes de tirs d’artillerie sur deux localités, faisant huit morts et 23 blessés vendredi matin.
Confrontée à une série de revers militaires cet automne, la Russie a opté depuis octobre pour une tactique de frappes massives visant la destruction des réseaux et transformateurs électriques de l’Ukraine, plongeant des millions de civils dans le froid et l’obscurité en plein hiver.
Avec cette nouvelle vague de bombardements russes vendredi, « il faudra peut-être plus de temps qu’avant pour rétablir l’électricité », a alerté sur Facebook l’opérateur électrique national Ukrenergo.
« Je survirai »
Le ministre des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba a réagi en réclamant que les Occidentaux livrent « un obusier à l’Ukraine, un char à l’Ukraine, un véhicule blindé à l’Ukraine, pour chaque missile ou drone qui vise l’Ukraine ».
A Kiev, emmitouflés dans leurs manteaux, assis par terre ou sur les marches des escalators, certains habitants ont passé plusieurs heures à l’abri dans le métro.
« Ce matin je me suis réveillée, j’ai vu un missile dans le ciel, et je n’étais pas surprise. Je l’ai vu et j’ai su que je devais aller dans le métro », a confié Lada Korovaï, actrice de 25 ans.
Ailleurs, des pans entiers du pays étaient une nouvelle fois privés de courant, comme les régions de Kirovograd et de Poltava (centre).
Dans la deuxième ville du pays, Kharkiv (nord-est), les autorités ont annoncé dans la soirée avoir rétabli le courant à 55 %.
Dans la ville de Bakhmout, que Moscou tente inlassablement de conquérir, un camion semi-remorque est venu livrer quelque 200 poêles à bois, distribués ensuite aux habitants par des volontaires, a constaté l’AFP.
Quelques dizaines d’habitants sont venus récupérer les précieux poêles, dans une ville sans électricité, ni eau, ni gaz.
Oleksandra, 85 ans, elle, n’en a pas. Elle est venue chercher des médicaments à un poste de secours. « Je survivrai à l’hiver, je marcherai davantage pour me réchauffer, j’ai entendu parler d’un point de chauffage, mais je pense que ce n’est pas quelque chose de bien organisé », dit-elle à l’AFP.
« Je préfère penser que tout ce que j’entends maintenant (les détonations), c’est notre armée qui travaille. Je veux juste penser comme ça, et ça me fait du bien », ajoute-t-elle.
Non loin, à Kramatorsk, le courant était coupé en fin d’après-midi et la population n’avait plus accès au réseau téléphonique, a constaté l’AFP.
Sommet Poutine-Loukachenko
Les présidents russe et bélarusse, Vladimir Poutine et Alexandre Loukachenko, se retrouvent lundi à Minsk pour un sommet destiné à resserrer encore leur alliance.
Le Bélarus, seul allié de la Russie dans cette guerre, a prêté son territoire pour permettre l’assaut russe sur Kiev au début de l’invasion le 24 février.
Selon M. Loukachenko, le sommet lundi sera « avant tout (consacré) à la sphère économique », mais les deux dirigeants parleront aussi de « la situation politico-militaire autour de (leurs) pays ».
Dans un entretien publié jeudi, le commandant en chef de l’armée ukrainienne, Valéry Zaloujny, s’est dit convaincu que la Russie allait tenter une nouvelle attaque sur Kiev dans les premiers mois de 2023.
Pour sa part, le chef de l’Otan, Jens Stoltenberg, a prévenu que Moscou se prépare à une guerre longue contre l’Ukraine à qui les alliés de l’Alliance doivent continuer à fournir des armes jusqu’à ce que le président Poutine réalise qu’il « ne peut pas gagner sur le champ de bataille ».
« Nous ne devons pas sous-estimer la Russie. Elle se prépare pour une guerre longue », a déclaré M. Stoltenberg à l’AFP. « Nous voyons qu’elle mobilise davantage de forces, qu’elle est prête à subir également de nombreuses pertes, qu’elle essaie d’avoir accès à davantage d’armes et de munitions ».
Par Le Point avec AFP
Étiquettes : Électricité, Bombardements, Coupure, Kiev, Russie, Ukraine
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