Canada: Peu d’espoir de retrouver des corps dans un dépotoir après 60 jours, selon une étude

Une décharge enneigée.

La police pense que les restes de Morgan Harris et de Marcedes Myran se trouvent à la décharge de Prairie Green dans la municipalité rurale de Rosser, au Manitoba. Photo : Radio-Canada/Trevor Brine

Une étude complète suggère qu’il n’y a presque aucun espoir de retrouver des restes humains dans un dépotoir s’ils y ont passé plus de deux mois. Le taux de récupération est de 43 % lorsque la recherche est faite au cours du mois qui suit l’arrivée du corps.

Une recherche ne devrait pas être entreprise si plus de 60 jours se sont écoulés, estiment les coauteurs de cette étude de 2019, Kimberlee Sue Moran, archéologue judiciaire, et Brian Paulsen, ancien chef de la police de Plattsmouth, aux États-Unis.

Ces conclusions sont particulièrement pertinentes au moment où le gouvernement manitobain et les organisations responsables de l’application de la loi envisagent de fouiller la décharge de Prairie Green, au nord de Winnipeg, pour tenter de retrouver les restes de Morgan Harris et de Marcedes Myran.

La police de Winnipeg pense que les deux femmes autochtones ont été tuées par le tueur en série présumé Jeremy Skibicki. Leurs restes auraient été déposés au dépotoir au cours du mois de mai, soit il y a plus de sept mois.

Les enquêteurs disent être arrivés à cette conclusion le 20 juin, mais ils ne l’ont divulguée publiquement qu’au mois de décembre.

Multiplication des appels à des recherches

La police avait initialement affirmé que des recherches n’étaient pas possibles, mais des voix se sont levées pour demander des fouilles à Prairie Green.

La première ministre du Manitoba et le maire de Winnipeg ont annoncé le 8 décembre que les activités à la décharge avaient été suspendues à la suite de ces appels.

Des voitures et des personnes. Sur une pancarte, il est écrit en anglais : Native lives matter, soit la vie des Autochtones compte.

Des manifestants devant la décharge de Prairie Green, à Winnipeg, ont demandé que des fouilles y soient entreprises plus tôt ce mois-ci. Photo: RadioADIO-Canada/Randall McCKenzie

La semaine dernière, le gouvernement fédéral s’est engagé à payer la facture d’une étude de faisabilité(Nouvelle fenêtre) sur d’éventuelles recherches au dépotoir de Prairie Green.

Des manifestants, y compris des familles et des proches de victimes de meurtre, ont récemment bloqué la décharge du chemin Brady, près de Winnipeg, et ont réclamé des fouilles à cet autre endroit pour y rechercher les corps d’autres personnes disparues.

Une partie de la dépouille de Rebecca Contois, une autre victime alléguée de M. Skibicki, y a été retrouvée en juin.

Le temps est le plus grand ennemi

Publiée dans la revue Forensic Archaeology, l’étude de janvier 2019 a recensé 46 recherches de corps dans des dépotoirs aux États-Unis entre 1999 et 2009. Parmi celles-ci, 20 ont été couronnées de succès.

Plus de 90 % des récupérations ont eu lieu dans cette fenêtre de temps « magique » de 30 jours, précise M. Paulsen. Les recherches ont duré 17 jours en moyenne.

Les facteurs qui peuvent entraver une enquête comprennent le temps écoulé, les ressources, les conditions météorologiques et les dangers potentiels que les chercheurs pourraient courir, ajoute l’auteur.

En général, le succès dépend aussi de la capacité des gestionnaires des sites d’enfouissement à déterminer avec précision l’endroit où les restes ont pu être déposés.

Un camion à benne dépose des déchets au dépotoir de Prairie Green, au nord de Winnipeg, en décembre 2022.

Un camion à benne dépose des déchets au dépotoir de Prairie Green, au nord de Winnipeg, là où pourraient se trouver les corps de plusieurs femmes autochtones. Photo : Radio-Canada/Jeff Stapleton

Cela dépend de la qualité de la tenue des registres de la décharge et du fait que les camions à ordures disposent ou non d’un système de localisation GPS.

Cette localisation est primordiale. Mais c’est seulement un point de départ et ça va lentement, très lentement, assure Brian Paulsen.

Cette étude est la seule recherche d’envergure sur la faisabilité des recherches dans les décharges effectuées en Amérique du Nord.

La probabilité de retrouver les corps n’est pas l’unique élément à prendre en compte pour déterminer la nécessité de faire des fouilles, selon Thomas McAfee, agent spécial du Federal Bureau of Investigation (FBI).

« Il y a généralement beaucoup d’émotions en jeu […]. Les enquêteurs veulent agir de leur mieux pour les victimes et pour leur famille. Ils veulent les ramener à la maison. »— Une citation de  Thomas McAfee, agent spécial du Federal Bureau of Investigation (FBI)

Un montage des photos des visages de Morgan Beatrice Harris, Marcedes Myran et Rebecca Contois.

De gauche à droite : Morgan Beatrice Harris, Marcedes Myran et Rebecca Contois, trois victimes alléguées du tueur en série présumé Jeremy Skibicki. Photo : Police de Winnipeg et Darryl Contois

La police a annoncé le 1er décembre que Jeremy Skibicki était accusé de meurtre au premier degré pour la mort de Morgan Harris, de Marcedes Myran et d’une femme non identifiée, surnommée Buffalo Woman.

Quelques mois plus tôt, il avait été inculpé de celui de Rebecca Contois.

Les accusations n’ont pas encore fait l’objet d’un procès. L’avocat de M. Skibicki a déclaré qu’il avait l’intention de plaider non coupable des quatre accusations de meurtre au premier degré.

Avec Radio-Canada

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