L’acquisition de chars de type Leopard 2 représenterait pour Kiev un gain significatif susceptible de l’aider dans sa guerre contre l’envahisseur russe. (Photo d’archives) Photo: Reuters/Ints Kalnins
Varsovie a officiellement demandé à Berlin la permission d’envoyer 14 chars Leopard 2 à Kiev, une manœuvre qui, selon Moscou, n’augure « rien de bon » pour la suite.
Le dépôt de la requête a été confirmé mardi par le ministre polonais de la Défense. L’Allemagne a déjà reçu notre demande d’accepter le transfert de chars Leopard 2 à l’Ukraine
, a indiqué Mariusz Blaszczak sur Twitter, invitant du même coup Berlin à se joindre à la coalition de pays prêts à livrer de tels blindés au gouvernement Zelensky.
La Pologne espère maintenant une réponse rapide
, a-t-il ajouté, dans un point de presse subséquent.
Une compensation financière sera demandée à l’Union européenne. Il s’agira là d’un autre test de bonne volonté
, a déclaré pour sa part le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki.

Le ministre polonais de la Défense, Mariusz Blaszczak, apparaît résolu dans sa volonté de livrer à Kiev des chars d’assaut construits en Allemagne, avec ou sans l’assentiment de Berlin. Photo: AP/Michael Probst
Berlin a de son côté confirmé la réception de la demande de Varsovie. Celle-ci sera étudiée avec l’urgence requise, conformément à la procédure prévue
, a déclaré un porte-parole du gouvernement.
Le nouveau ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a également assuré que la décision arriverait très bientôt
.
En attendant, les pays alliés qui possèdent des chars Leopard peuvent déjà commencer à former des militaires ukrainiens en vue de leur utilisation, a-t-il indiqué mardi lors d’une conférence de presse aux côtés du secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg.
D’autres pays attendent la décision de Berlin
Officiellement, les accords conclus sur la vente de chars allemands interdisent l’exportation de ceux-ci vers un pays tiers. Varsovie assure toutefois être en pourparlers avec une quinzaine de pays pour décréter l’abandon unilatéral de cette clause.
En tout, une vingtaine de pays utilisent ces blindés tant convoités, dont l’Australie, les Pays-Bas, la Suède, le Danemark, la Finlande et la Norvège.
Le Canada, pour sa part, possède 82 chars Leopard 2, entreposés à Edmonton, Montréal et Gagetown. Justin Trudeau a déjà fait savoir que certains d’entre eux pourraient être envoyés en Ukraine.
Sa ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a également confirmé lundi avoir eu plusieurs conversations [sur ce sujet] avec des représentants du gouvernement allemand
.
C’est très important que l’on s’entende entre alliés, et c’est pour cela que les conversations vont continuer
, a-t-elle déclaré en point de presse, soulignant que le Canada avait déjà envoyé 200 véhicules blindés en Ukraine en plus d’acquérir pour elle un nouveau système de défense antiaérien.
L’Allemagne doit-elle autoriser l’envoi de chars Leopard 2 en Ukraine? La question fait ces jours-ci l’objet de tractations diplomatiques, confirme la ministre canadienne des Affaires étrangères Mélanie Joly. Photo: Radio-Canada/Nick Iwanyshyn
En entrevue à D’abord l’info, sur ICI RDI, le colonel à la retraite Pierre St-Cyr a toutefois expliqué qu’il serait plus logique
pour Ottawa de se concentrer sur sa mission de formation Unifier que d’envoyer en Ukraine des engins pouvant peser jusqu’à 60 tonnes chacun, ce qui représenterait selon lui un véritable casse-tête logistique
.
Ce serait plus avantageux de prendre des chars qui sont déjà en Europe, comme [ceux] des Polonais, des Finlandais, et éventuellement, si l’Allemagne se décide, des chars allemands
, a-t-il soutenu, mardi.
Berlin a en sa possession quelque 320 blindés de type Leopard 2, a confirmé mardi un porte-parole du ministère de la Défense au réseau CNN.
Le gouvernement Scholz divisé
La pression monte pour Berlin, alors que le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré mardi que la livraison de chars Leopard 2 à Kiev laisserait une trace indélébile
et n’apporterait rien de bon à la relation [russo-allemande]
.
La Pologne, de son côté, a prévenu lundi qu’elle serait prête à se passer de l’aval de l’Allemagne si celle-ci continuait à souffler le chaud et le froid – une « indécision » décriée par l’Ukraine. Kiev réclame 300 chars de combat de la part de ses alliés occidentaux.
Pressé de toute part, le gouvernement de coalition au pouvoir à Berlin apparaît divisé sur cette question.
Dimanche, la cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock (écologiste), a indiqué que son pays ne s’opposerait pas à la requête polonaise, alors que le chancelier Olaf Scholz (social-démocrate) ne s’est pas encore prononcé.
Jeudi dernier, le ministre de la Défense, Boris Pistorius, avait également déclaré que la décision serait prise « dans les prochaines heures ». Cinq jours plus tard, rien n’a bougé.
Le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius a accédé à ses nouvelles fonctions jeudi dernier. Il rencontrait mardi le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg. Photo: Reuters/Annegret Hilse
Selon des analystes, Berlin s’entête à bloquer l’envoi des blindés de combat réclamés par Kiev par crainte d’une escalade militaire avec Moscou.
Cette hésitation au sujet du Leopard 2 n’a toutefois pas empêché les pays alliés d’annoncer vendredi de nouvelles livraisons d’armes substantielles à l’Ukraine.
Des médias comme le Wall Street Journal et l’agence Reuters rapportaient en outre mardi que Washington pourrait autoriser l’envoi de chars Abrams à Kiev, ce qui ne manquerait pas d’accentuer la pression sur Berlin.
Par Radio-Canada avec les informations de Agence France-Presse, Reuters et CNN
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