Canada-Montréal/Prisonniers des flammes : « Venez nous chercher, on ne peut pas sortir! »

Des fleurs sont déposées près d'une barrière en métal devant un édifice incendié.

De nombreuses personnes sont venues se recueillir sur les lieux du drame samedi. Photo : Radio-Canada/Marie Isabelle Rochon

Encore sous le choc, des proches des personnes disparues lors de l’incendie qui a ravagé un immeuble patrimonial du Vieux-Montréal se sont rassemblés sur les lieux du drame samedi. Certains témoignages soulèvent des questions sur la conformité du bâtiment et dévoilent l’horreur vécue par les victimes du brasier.

Robert Lacas faisait partie des parents, amis et voisins qui sont venus se recueillir devant le 224, place d’Youville.

Il est sans nouvelles de sa petite-fille, Charlie Lacroix, qui était à l’intérieur du bâtiment au moment de l’incendie. La jeune femme de 18 ans et son copain font partie des six personnes disparues dont le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) soupçonne le décès.

Tout ce que je sais, c’est qu’elle a appelé au 911. Les policiers ont retracé son cellulaire et ça donnait l’adresse ici […]. Ils ont reçu un appel de ma petite-fille qui disait : « Venez nous chercher, parce qu’il n’y a pas de fenêtres où on est! On ne peut pas sortir et le feu est pris! », a raconté M. Lacas en entrevue à Radio-Canada.

Ils ont eu un deuxième appel, trois minutes plus tard, qui disait la même chose, de son copain : « Venez nous chercher, on ne peut pas sortir! » Après, le téléphone a coupé. Probablement qu’elle est décédée à ce moment-là ou pas loin de là, a confié le grand-père, la voix brisée par la tristesse.

C’est pas normal qu’un individu loue des appartements où il n’y a aucun accès autre que la porte. C’est illégal […] Le propriétaire qui loue ça, il n’est pas correct, a dit M. Lacas.

Une amie de Charlie, Kelly Ann, était elle aussi inconsolable. C’est vraiment une tragédie […]. Elle n’avait pas de moyen de sortir.

Des pompiers rassemblés dans la rue devant des camions d'incendie.

Plus d’une centaine de pompiers ont été mobilisés pour éteindre l’incendie. Photo : Radio-Canada/Charles Contant

Airbnb illégal

L’immeuble comprenait un bureau d’architectes au rez-de-chaussée et une quinzaine d’appartements aux deuxième et troisième étages.

Le SPVM a confirmé que des logements y étaient loués à court terme sur Airbnb. Le propriétaire de l’immeuble ne détenait pas de permis d’exploitation de résidences touristiques. Nous ne pouvons toutefois pas confirmer qui, du propriétaire ou du locataire, a mis ces appartements en location sur la plateforme d’hébergement.

Le responsable de la sécurité publique à la Ville de Montréal, Alain Vaillancourt, a d’ailleurs confirmé que les locations de type Airbnb sont interdites dans ce secteur du Vieux-Montréal.

Ici, à Ville-Marie, il y a un petit secteur qui permet [les locations sur Airbnb], mais dans le secteur du bâtiment, ce n’est pas permis. L’arrondissement de Ville-Marie n’a jamais reçu de demande d’occupation du genre Airbnb pour ce bâtiment-là et on n’a jamais reçu de plainte officielle non plus pour le bâtiment pour nous rapporter qu’il y avait des Airbnb illégaux, a dit M. Vaillancourt.

De passage dans la métropole québécoise, Alina Kuzmina et son conjoint ont réussi à échapper de justesse aux flammes.

Il n’y a pas eu d’alarme de feu, aucun son, aucun mot. On a été réveillés par la fumée et par le bruit du feu. Mon mari a attrapé une botte, a fracassé la fenêtre, et c’est comme ça qu’on a réussi à sortir, a raconté l’Ontarienne.

Les pompiers arrosent la façade d'un immeuble d'où s'échappe une épaisse fumée.

L’immeuble patrimonial de trois étages situé au coin de la rue du Port et de la place d’Youville a été lourdement endommagé par les flammes. Photo : Radio-Canada/Charles Contant

Une autre femme sur place, Marik Boudreau, observait le bâtiment ravagé, dont le toit et certains étages se sont écroulés. Le cœur lourd, elle pensait à son amie Camille Maheux.

« C’était une photographe documentaire. Elle vivait ici, dans un grand loft, avec ses archives, a expliqué Mme Boudreau. Plus le temps passait, on s’est rendu compte qu’elle était nulle part. On l’a cherchée beaucoup. On la cherche encore d’ailleurs. »

Il est toujours impossible pour les pompiers et pour les agents du SPVM d’entrer dans le bâtiment pour y mener des recherches sécuritaires, a expliqué Martin Guilbault, du Service de sécurité incendie de Montréal (SIM). Les recherches débuteront aussitôt que les lieux seront sécurisés.

Radio-Canada par Julie Roy avec les informations d’Élyse Allard, de Marie Isabelle Rochon et de Fanny Samson

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