La visite en France du roi Charles III reportée en raison des manifestations

Des gendarmes français au milieu des gaz lacrymogènes.

Des gendarmes français au milieu des gaz lacrymogènes lors d’affrontements avec des manifestants, jeudi, à Nantes. Photo: Reuters/Stephane Mahe

Au lendemain d’une journée de forte mobilisation et de violences en France, qui a entraîné le report inédit de la visite du roi Charles III, la principale centrale syndicale réformiste a de nouveau appelé vendredi le gouvernement à surseoir à sa réforme sur les retraites.

Coup de théâtre vendredi matin : l’Élysée a annoncé que la visite d’État du roi Charles III qui devait commencer dimanche a été reportée, à la demande d’Emmanuel Macron, a tenu à préciser Downing Street.

La décision a été prise après un échange téléphonique entre le président de la République et le roi ce matin, afin de pouvoir accueillir Sa Majesté le roi Charles III dans des conditions qui correspondent à notre relation d’amitié, écrit la présidence française.

Portrait du roi Charles III.

Le roi Charles III Photo : Getty Images

Cette décision tombe au lendemain d’une journée de manifestations et une nuit de violences à plusieurs endroits au pays.

Entrée dans son troisième mois, la contestation contre le report de l’âge du départ à la retraite à 64 ans a rassemblé jeudi entre 1,089 million de manifestants (ministère de l’Intérieur) et 3,5 millions (syndicat CGT) pour la neuvième journée de mobilisation.

Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a appelé, comme la veille, le gouvernement à mettre sur pause sa réforme des retraites, et à ouvrir une négociation plus globale avec les syndicats.

Il faut se donner six mois pour regarder, et sur le travail et sur les retraites, comment il faut reprendre les choses à l’endroit, a-t-il déclaré sur RTL.

Face à un risque de blocage total porteur de graves dangers, il a proposé une large négociation, une manière de permettre au gouvernement, jusqu’à présent inflexible, de sortir sans se dédire de l’impasse dans laquelle il semble se trouver.

Tout le monde est inquiet ce matin parce qu’il y a eu des violences qui sont inacceptables […], il faut calmer le jeu maintenant, avant qu’il y ait un drame, a-t-il dit.

J’ai eu un conseiller de l’Élysée, […] c’est le moment pour dire : « Écoutez, on fait une pause, on se dit on attend six mois. » Il faut donner un signal au monde du travail. Ça calmerait le jeu, a-t-il précisé.

Une dixième journée d’actions est prévue mardi.

Manifestation à Dijon, dans l'est de la France, le 23 mars 2023.

Une manifestation, une semaine après que le gouvernement a fait passer une réforme des retraites au parlement sans vote. Photo: Getty Images/Arnaud Finistre

Le recours au 49.3, article de la Constitution française dégainé par le gouvernement pour faire passer en force à l’Assemblée sa réforme des retraites, et l’intervention mercredi du président Emmanuel Macron ont attisé les ardeurs des opposants, selon les détracteurs de la réforme.

On sent qu’il y a un élan extrêmement fort de la population, une opinion publique qui est largement convaincue et donc voilà, tant qu’il y a un calendrier qui nous permet d’agir, on est mobilisés, a commenté Marylise Léon, numéro deux du syndicat CFDT.

Les syndicats ont donné à nouveau rendez-vous mardi aux manifestants et grévistes, et des rassemblements de proximité sont prévus ce week-end.

La violence, qui n’avait jusqu’ici été que sporadique, a également fait une entrée en scène spectaculaire dans le jeu entre le gouvernement et les syndicats.

Pierre Hurmic, maire de Bordeaux.

Le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, devant la porte brûlée de l’hôtel de ville de Bordeaux, le 24 mars 2023, au lendemain de son incendie par des manifestants lors d’un rassemblement contre la réforme des retraites. Photo: Getty Images/Romain Perrocheau

Porte de la mairie de Bordeaux incendiée, scènes de chaos dénoncées par la maire de Rennes, canons à eau à Lille et Toulouse, manifestante avec un pouce arraché à Rouen, commissariat pris pour cible à Lorient, etc. Les violences sont montées d’un cran presque partout. Inacceptables, a jugé la première ministre Elisabeth Borne.

À Paris, des violences ont éclaté en tête de la manifestation avec leur lot de vitrines brisées et de mobilier urbain détruit, et des incidents se sont poursuivis en soirée dans le sillage de cortèges dits sauvages. À rebours d’un défilé où la grande majorité des manifestants a marché pacifiquement.

Feux de poubelle, sirènes et gyrophares ont strié une nuit où des grappes de manifestants ont joué au chat et à la souris avec les forces de l’ordre.

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a fait état de 457 interpellations et 441 blessés dans les rangs des forces de l’ordre. Il a dénoncé la violence de casseurs souvent venus de l’extrême gauche.

Le gouvernement reste inflexible concernant sa réforme. Emmanuel Macron, qui était jeudi à Bruxelles pour un sommet européen, avait la veille défendu bec et ongles une réforme nécessaire pour les finances publiques, assumant son impopularité.

Le secrétaire national du Parti communiste français, Fabien Roussel, a appelé à mettre le pays à l’arrêt, et le leader de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, à jeter toutes les forces dans la bataille.

Pour la cheffe de l’extrême droite, Marine Le Pen, finaliste malheureuse de la dernière présidentielle, Emmanuel Macron ne peut plus gouverner seul, il doit désormais en revenir au peuple.

Ironie de la situation : l’Iran dont le gouvernement use d’une répression terrible, a appelé vendredi la France à éviter la violence et à écouter les manifestants.

Par Radio-Canada avec AFP

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