Naufrage à Akwesasne : les victimes tentaient d’entrer illégalement aux États-Unis

Un hélicoptère survolant un plan d'eau.

L’hélicoptère de la SQ pouvait être aperçu dans le ciel d’Akwesasne, vendredi matin. Photo : Radio-Canada/Karine Bastien

Les six personnes retrouvées mortes près d’Akwesasne tentaient de se rendre aux États-Unis de manière illicite, selon la police mohawk, qui a fait le point vendredi sur le drame. Les victimes du naufrage sont issues de deux familles, a-t-elle expliqué. Trois étaient originaires d’Inde, les trois autres de la Roumanie.

Un enfant de moins de trois ans a péri dans le naufrage, a confirmé la police. Le bambin était d’origine roumaine, mais il possédait la nationalité canadienne, a-t-elle précisé. Les cinq autres victimes sont toutes des adultes.

Le bilan pourrait toutefois s’alourdir, puisqu’un autre enfant d’origine roumaine est toujours porté disparu, a prévenu la police. Les recherches ont repris ce matin pour retrouver le retrouver.

Les six corps ont été repêchés dans le fleuve Saint-Laurent hier en fin d’après-midi. La macabre découverte coïncide avec des recherches déclenchées à la suite de la disparition d’un membre de la communauté mohawk âgé de 30 ans, vu pour la dernière fois mercredi soir à bord d’une petite embarcation de couleur bleu clair.

C’est d’ailleurs dans le cadre de ces recherches qu’un hélicoptère Griffon de l’Aviation royale canadienne (ARC) a localisé les corps ainsi qu’un bateau submergé, hier après-midi, à proximité de l’île Saint-Régis, ont indiqué les Forces armées canadiennes (FAC), qui évoquent pour leur part deux disparus.

Un homme barbu portant une casquette.

Casey Oakes a été vu pour la dernière fois mercredi vers 21 h 30. Photo : Service de Police Mohawk d’Akwesasne

L’homme de 30 ans ayant disparu de la communauté mercredi se nomme Casey Oakes. Il demeure recherché, a fait savoir en point de presse la cheffe adjointe du service de police, Lee-Ann O’Brien, vendredi matin. Toute personne sachant où il se trouve ou croyant l’avoir est priée de communiquer avec nous, a-t-elle déclaré.

Le bateau retrouvé hier après-midi par l’ARC pourrait être le même que celui dans lequel Casey Oeaks a été aperçu mercredi soir, puisque, selon la cheffe adjointe O’Brien, l’embarcation en question correspond à la description que les témoins en ont faite.

Le temps était mauvais, les conditions venteuses, mercredi soir, a-t-elle noté. Ce n’était pas le bon moment pour être sur l’eau.

La PPO et la SQ en renfort

Les policiers d’Akwesasne ont demandé l’aide de leurs collègues de l’Ontario et du Québec pour la suite de l’enquête. Plus précisément, on pourrait voir l’hélicoptère, des plongeurs ainsi que des reconstitutionnistes porter assistance à nos collègues, a expliqué la porte-parole de la SQ, Audrey-Anne Bilodeau.

Cela dit, il y a du terrain à couvrir, prévient son ancien collège policier François Doré, aujourd’hui retraité. Car le territoire d’Akwesasne est particulièrement vaste, a-t-il souligné en entrevue à ICI RDI ce matin.

Dans ce contexte, le rôle des reconstitutionnistes sera essentiel au succès de l’enquête, selon M. Doré. Leur rôle, a-t-il expliqué, sera d’établir la chronologie des événements, d’où l’événement part, et vers où se dirigeaient [les personnes impliquées dans le naufrage].

Pour ce faire, les reconstitutionnistes devront vérifier le terrain, en espérant pouvoir retrouver des éléments de preuve, des pistes, des traces, des choses qui ont été laissés par les gens qui ont circulé, qui sont passés là.

Une vue aérienne du rivage d’Akwesasne, l'hiver.

La communauté d’Akwesasne chevauche les frontières de l’Ontario, du Québec et de l’État de New York. (Photo d’archives) Photo: AP/Seth Wenig

Le service de police local affirme travailler en partenariat avec Immigration Canada afin d’identifier les victimes et de prévenir les proches de celles-ci.

Le Conseil mohawk d’Akwesasne, de son côté, a allumé un feu de condoléances au centre récréatif Tsi Snaihne. Les membres de la communauté et les premiers intervenants sont invités à se rassembler, à manger et à se soutenir mutuellement pendant cette période difficile, a-t-il fait savoir sur Facebook.

Un endroit propice aux passages irréguliers

La situation géographique de la communauté d’Akwesasne rend celle-ci plus vulnérable aux traversées illégales. Depuis janvier, 48 incidents ont été recensés par la police locale, a indiqué la cheffe adjointe O’Brien, vendredi. La plupart impliquaient des personnes originaires de la Roumanie et de l’Inde, a-t-elle précisé.

Le phénomène, cela dit, n’est pas nouveau. En avril 2022, par exemple, un passeur a été arrêté et accusé de trafic d’êtres humains aux États-Unis après un naufrage au cours duquel six migrants indiens qui ne savaient pas nager ont été secourus in extremis.

Pour tenter de régler le problème, des ressources supplémentaires ont été allouées l’an dernier par le gouvernement du Québec au service de police d’Akwesasne. Cela dit, celle-ci ne dispose que de 49 agents pour surveiller 37 îles et autant de kilomètres de berges donnant sur le fleuve Saint-Laurent.

Les nouvelles en provenance d’Akwesasne sont bouleversantes, a publié sur Twitter le ministre fédéral de la Sécurité publique, Marco Mendicino, ce matin. J’ai contacté le grand chef Abram Benedict pour lui exprimer nos condoléances. Dans l’attente de plus amples informations, mes pensées vont aux proches des victimes.

Mes pensées sont avec la communauté ce matin, a aussi tweeté son homologue québécois, François Bonnardel, ajoutant que son équipe et lui suivaient la situation de près.

Radio-Canada avec les informations de l’Associated Press, de CBC et de Pascal Robidas

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