Archive for the ‘Art’ Category

Canada-Québec: L’acteur Michel Côté s’est éteint

mai 29, 2023
Le comédien Michel Côté en entrevue.

Le comédien Michel Côté a marqué le cinéma, la télévision et le théâtre québécois. Photo: Radio-Canada

Certains l’appelaient « Monsieur box-office » tant ses films avaient du succès. Son capital de sympathie était à la mesure de son talent. Immense. Michel Côté est décédé. Il avait 72 ans.

En avril 2022, il s’était retiré de la vie publique pour une période indéterminée en raison d’une maladie de la moelle osseuse.

Lorsque la Fondation Québec Cinéma lui remet un prix Jutra hommage, en 2013, le comédien Rémi Girard a ces mots : Ce que j’aime, c’est sa façon unique de disparaître complètement derrière un personnage, et ça, il y a peu d’acteurs au monde qui savent le faire.

Et les personnages, Michel Côté aimait les faire parler.

Michel Côté, Marc Messier et Jean-Marc Vallée.

Michel Côté lorsqu’il reçoit le Jutra hommage en 2013. En près de cinquante ans de carrière, Michel Côté aura été celui que tout le monde aimait. Retour sur son immense carrière. Photo : Radio-Canada/David Champagne

Que l’on pense à Jean-Lou dans La p’tite vie, Pierre Gauthier dans Omertà l, ll et lll, Verrue, Pointu et autres dans Broue, le commandant Robert Piché dans Piché, entre ciel et terre ou Gervais Beaulieu dans C.R.A.Z.Y., le comédien se plaisait dans tous les registres, même s’il disait, à juste titre, que la comédie était sa zone de confort. Les doublés Cruising bar et De père en flic, ce dernier film aux côtés de Louis-José Houde, en témoignent.

Il aura participé à plus d’une vingtaine de séries télé et à 25 films.

Au théâtre, c’est bien sûr Broue qui bat tous les records d’assistance.

Michel Côté, Marcel Gauthier et Marc Messier sur scène.

Extrait de la pièce « Broue » avec Michel Côté, Marcel Gauthier et Marc Messier. Émission « Superstar », 8 février 1987. (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada

Michel Côté sort à peine de l’École nationale lorsqu’il monte la pièce avec ses copains Marc Messier et Marcel Gauthier. Ils viennent de créer le petit Théâtre des Voyagements et lancent un appel aux auteurs. L’ère des tavernes se termine, mais leurs clients s’incarneront dans un décor qui sent fort le houblon.

Le reste appartient à l’histoire… La pièce est d’ailleurs inscrite aux records Guinness.

Marc Messier et Michel Côté dans la pièce « Broue ».

Une scène de la pièce « Broue » (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada

« On l’a quand même jouée pendant 38 ans, ce qui représente 3322 représentations, devant 3,5 millions de personnes. »— Une citation de  Michel Côté

Le succès de Broue l’amènera naturellement à faire partie de la distribution de plusieurs Bye Bye, dans les années 1980.

Ces montagnes de mousse donneront au comédien une sécurité financière qui lui permettra de choisir ses projets.

Les animateurs Normand Harvey et Ghislaine Paradis s’entretiennent avec les comédiens Michel Côté, Marcel Gauthier et Marc Messier sur la pièce de théâtre à succès « Broue ».

Enfant du Lac

Le Saguenay-Lac-Saint-Jean, c’est bien connu, est une pépinière d’acteurs et d’humoristes, et Michel Côté en est un digne rejeton.

Il naît à Alma, le 25 juin 1950, au sein d’une famille modeste. Il a des parents aimants qui l’encouragent à faire ce qu’il souhaite. Il se voit sur une scène.

Louis-José Houde et Michel Côté dans une scène du film « De père en flic 2 ».

Louis-José Houde et Michel Côté dans une scène du film « De père en flic 2 » (Photo d’archives) Photo : Karine Dufour

On est un peu innocents, les Bleuets, racontait le comédien au micro de Franco Nuovo, en 2015, sur ICI Première. Nous autres, c’est comme impossible d’échouer quelque part. On embarque dans quelque chose et on dit : ça va marcher, ça va marcher, c’est sûr. C’est un peu inconscient.

Heureusement pour le public, son inconscience paiera.

C’est à l’École nationale qu’il rencontre sa compagne d’une vie, Véronique Le Flaguais, avec laquelle il aura deux enfants, Charles, architecte, et Maxime (Le Flaguais), digne héritier du talent de ses parents.

Robert Piché, en uniforme, en compagnie de l'acteur Michel Côté.

Robert Piché en compagnie de l’acteur Michel Côté, qui a interprété le célèbre pilote dans le film québécois « Piché, entre ciel et terre ». (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada

C’est d’ailleurs Maxime Le Flaguais qui incarnera le rôle du jeune Robert Piché aux côtés de son père, qui jouera le commandant adulte, dans Piché, entre ciel et terre (Sylvain Archambault). Le film relate la saga du pilote d’Air Transat qui a sauvé 306 personnes en faisant planer son avion en panne jusqu’aux Açores, en 2001.

Père à succès

Les rôles de père rapportent à Michel Côté de nombreux prix.

Il reçoit le Jutra et le Genie du meilleur acteur pour son rôle de Gervais Beaulieu dans C.R.A.Z.Y. (Jean-Marc Vallée).

À l’été 2009, De père en flic, d’Émile Gaudreault, devient le plus grand succès de l’histoire du cinéma francophone au Canada et remporte le Guichet d’or, remis par Téléfilm Canada, ainsi que le Jutra Billet d’or.

À l’automne 2016, il tourne De père en flic avec la même équipe. En juillet 2017, le film est numéro un au box-office canadien.

Michel Côté dans C.R.A.Z.Y.

Michel Côté dans « C.R.A.Z.Y. » Photo: TVA Films

Il coécrit Cruising Bar (Robert Ménard) et Cruising Bar 2 (qu’il coréalise également). À l’instar de Broue, Michel Côté se métamorphose en quatre personnages aussi différents que distrayants.

Cet immense succès populaire remporte le Guichet d’or et le Jutra Billet d’or.

Quatre hommes joués par Michel Côté.

L’affiche du film « Cruising bar » (Photo d’archives) Photo : ONF

Le Pierre Gauthier des téléséries Omertà I, II et III lui a valu plusieurs prix Gémeaux. Il remet cela en 2012 dans le film Omertà (Luc Dionne), également couronné de la Bobine d’or.

Une scène du film Omertà, la loi du silence.

« Omertà, la loi du silence » (Photo d’archives) Photo : Omerta: La Loi du Silence

Papa poule pour sa famille, grand frère pour ses collègues de travail, Michel Côté avait l’esprit de famille, l’esprit d’équipe.

C’est très important sur le plateau. On a besoin d’une bonne ambiance, disait-il. L’une des clés de son succès sans doute.

Le comédien sur le plateau des Enfants de la télé

Michel Côté a entre autres marqué l’histoire du théâtre québécois avec la pièce « Broue ». Photo: Faireplay

Michel Côté ne rêvait pas de carrière internationale. Pour lui, le plus beau cadeau du monde, c’était de voir la salle de spectacle d’Alma porter son nom. Il y a joué Broue.

Ça vaut plus que tous les prix du monde pour moi, parce que ça va rester pour mon petit-fils, mes descendants…

Avec Radio-Canada

RDC-Patrimoine: l’ex-maison de Papa Wemba devenue musée de la rumba

mai 29, 2023

Situé dans l’ex-villa  de la regrettée star de la rumba, de Papa Wemba, le musée de la rumba congolaise a ouvert ses portes au public le 24 avril 2022, six ans après le décès de cet artiste sur scène, le 24 avril 2016, à Abidjan, lors de la neuvième édition du Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (Femua).

Depuis le 18 mai, le musée de la rumba a un nouveau directeur national, en la personne de l’anthropologue-musicologue, Franklin Mubwabu, de l’Institut des Musées nationaux du Congo. Après la mort de Papa Wemba, le gouvernement congolais avait acheté sa résidence principale, située à Ma Campagne, quartier huppé de Kinshasa, pour un montant avoisinant 750 000 dollars américains, selon plusieurs médias.

Papa Wemba sur le stand Livres et auteurs du Bassin du Congo lors du Salon du livre 2014/ Adiac-CD

L’objectif était de transformer cette résidence en musée de la rumba, un projet à plusieurs avantages sur le plan économique et touristique. En effet, lors de la 35e réunion du Conseil des ministres tenue le 12 juin 2020, le président de la République, Félix Tshisekedi, avait instruit le ministre de la Culture et des Arts de l’époque à examiner, Dans un bref délai, la possibilité de racheter la maison de Papa Wemba afin d’en ériger un musée où devait être installé, entre autres, un studio d’enregistrement.

« C’est ici que va désormais se raconter la Rumba congolaise par la parole, par les photos, par les vidéos, par la musique, par la sculpture, par la danse, par les textes poétiques, des recherches et des archives », avait déclaré la ministre de la Culture, Catherine Kathungu, lors de l’inauguration du musée, en présence notamment d’A’Salpho, leader du groupe ivoirien Magic System et fondateur du Femua. Le 24 avril de chaque année est également la journée de la musique africaine.

Activités du musée

Le musée de la rumba va abriter les collections des objets rares et précieux de toute l’histoire de cette musique. Les collections scientifiques, techniques, artistiques qui ont fait parler de Papa Wemba et de tous les autres musiciens y seront conservées, afin de les protéger et de les montrer aux visiteurs. Le musée va également organiser des expositions, des conférences et des ventes aux enchères.

Lors de son ouverture, la ministre de la Culture avait déclaré que le gouvernement compte y créer le plus grand studio d’enregistrement audio et vidéo de la musique en République démocratique du Congo ainsi qu’un complexe de la mode et du style de vie, creuset de la Sape. « Les touristes viendront de partout pour venir apprendre à la source les instruments par lesquels les notes de la rumba ont été produites. Là même, dans ce musée, le gouvernement compte placer un studio moderne d’enregistrement audio et vidéo, un complexe de la mode et du style de vie, creuset de la Sape. La culture, c’est aussi cette conservation de la mémoire pour que les générations futures ne puissent pas perdre les repères de ceux et celles qui ont forgé la grandeur de notre Nation », avait déclaré la ministre de la Culture.

A l’heure actuelle, ce sont les effets personnels de Papa Wemba qui y sont exposés, notamment des images de la star, sept chapeaux de cette icône de la musique congolaise ainsi que la sculpture dorée d’un ange qui trône à côté d’un portrait en noir et blanc de celui que l’on surnommait « Bokul ».

Une mesure de sauvegarde

Le musée de la rumba congolaise avait été inauguré quelques mois seulement après l’inscription par l’Unesco, le 14 décembre 2021, de la rumba congolaise sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

En effet, dans le point 3b du document d’inscription,  consacré aux mesures de sauvegarde proposées, il est indiqué que la République démocratique du Congo et la République du Congo ont notamment décidé de créer, à Brazzaville et à Kinshasa, un musée de la rumba congolaise avec l’appui de la communauté des praticiens; avec les ministères en charge du Tourisme des deux pays, élaborer des offres touristiques intégrant la production de la rumba congolaise avec un code éthique visant les touristes et les praticiens de cet élément.

Dani Ndungidi

Légendes et crédits photo : 

Congo-Musique : Fally Ipupa en concert le 27 mai au stade Massamba-Debat

mai 25, 2023

En prélude à ce concert événementiel, le comité d’organisation à travers la maison VVPrime représentée par Charlemagne Mayassi et l’artiste musicien Fally Ipupa ont donné une conférence de presse, le 24 mai, au site touristique de Ngabé, au cours de laquelle ils ont invité les mélomanes de la bonne musique à venir nombreux au stade Alphonse- Massamba-Debat tout en leur rassurant sur les dispositions prises sur les mesures sécuritaires.

1)- L’artiste musicien Fally Ipupa répondant aux questions de la presse/ DR

Prenant la parole après le mot du modérateur et du représentant de la maison VVPrime, l’artiste musicien Fally Ipupa a tenu d’abord à remercier les chevaliers du micro et de la plume pour avoir fait le déplacement de Ngabé pour échanger avec lui, avant de répondre de façon interactive à ses questions. Pour Fally Ipupa, l’idée de se produire au stade Alphonse-Massamba-Debat lui est venu juste après son concert historique du 29 octobre 2022 au stade des Martyrs de Kinshasa, qui a connu la présence de 120 mille personnes. Cela est dû surtout au fait que, lors de ce concert, il y a eu beaucoup de Congolais de Brazzaville qui avaient fait le déplacement de Kinshasa. D’où il a voulu leur rendre l’ascenseur. Et afin de montrer son amour envers le public brazzavillois, il a décidé de passer son maquis au site touristique de Ngabé une semaine avant.

Fally Ipupa va profiter de ce concert pour présenter son trophée de platine aux mélomanes. Au stade des Martyrs, il avait présenté au public son disque d’or certifié. « C’est une drôle de coïncidence, parce que le disque d’or m’a été attribué avant le concert du stade des Martyrs et, curieusement, le disque de platine on vient de me l’attribuer avant le concert du stade Alphonse -Massamba-Debat », a déclaré l’artiste.

A la question de savoir s’il vient avec l’intention de remplir le stade Alphonse-Massamba-Debat, Fally Ipupa répond : « Outre la qualité artistique de ce concert, si je viens jouer au stade, c’est pour essayer de faire le plein également. Sinon pourquoi aller jouer dans un stade si on ne vise pas le plein ? Dès lors, autant mieux jouer dans une boîte de nuit. Je sais que le stade Alphonse-Massamba-Debat a 33 000 places, je dois avoir au minimum 20 000 personnes, mais le souhait est de le remplir », a souhaité l’artiste. 

Pour le comité d’organisation de ce concert, les dispositions sécuritaires sont prises. « Nous travaillons avec les services de l’Etat. A l’orée du concert, nous ferons une simulation des flux à l’entrée et à la sortie avec le commandement des forces publiques : gendarmerie, police, sapeurs-pompiers afin que la fête soit belle et qu’à l’issue du concert, chacun puisse rentrer chez lui en beauté », a signifié Charlemagne Mayassi.

2)- Fally Ipupa, Charlemagne Mayassi et les partenaires/ DR

Pour le concert du stade Alphonse Massamba Debat, Fally Ipupa bénéficie du soutien de certains artistes congolais et amis. « J’apprécie beaucoup des artistes tels que Tidiane Mario, Afara Tsena, Baltazar… Ces jeunes sont déterminés et font du bon boulot que personne ne peut contester.  Il a reconnu que le Congo Brazzaville fournit les danses aux artistes de la RDC pour ne pas dire de toute l’Afrique. Il a cité quelques danses parmi lesquelles « Egondza », « Bore-bore » et, surtout, « Mopacho » que j’ai récupérée officiellement », a dit l’artiste.

 Par ailleurs, il a annoncé aux chevaliers du micro et de la plume la sortie prochaine d’un documentaire et un film sur sa carrière ainsi que sa prestation à Paris La Défense à Arena, le 25 novembre prochain.

Par Adiac-Congo avec Bruno Okokana

La chanteuse Tina Turner est décédée

mai 24, 2023
Tina Turner sur scène.

La chanteuse Tina Turner, lors d’un événement à San Francisco en 1997 Photo : AFP via Getty Images/Monica M. Davey

La célèbre chanteuse américaine Tina Turner, souvent qualifiée de « reine du rock’n’roll », est décédée mardi à 83 ans, selon un communiqué publié sur son compte Instagram officiel. Elle s’est éteinte des suites d’une longue maladie dans sa maison de Küsnacht près de Zurich, en Suisse, où elle a passé les dernières années de sa vie, a ajouté son agent.

C’est avec une grande tristesse que nous annonçons la mort de Tina Turner, indique le communiqué, ajoutant que la chanteuse américaine, naturalisée suisse il y a dix ans, laisse derrière elle sa plus grande œuvre : sa musique.

Avec sa musique et sa passion infinie pour la vie, elle a enchanté des millions de fans à travers le monde et inspiré les vedettes de demain, ajoute le communiqué, alors que la Maison-Blanche a salué une icône, déplorant une perte immense.

Née le 26 novembre 1939 à Nutbush, dans le Tennessee, Tina Turner a commencé sa carrière aux côtés d’Ike Turner, son premier mari, d’abord avec les Kings of Rhythm, puis au sein du duo Ike and Tina Turner à partir de 1960. Ce dernier a connu plusieurs succès en un peu plus de 15 ans d’existence, dont River Deep, Moutain High et Proud Mary, reprise d’une chanson du groupe Creedence Clearwater Revival qui a valu au tandem un prix Grammy en 1972.

Le duo musical et le couple se sont séparés en 1976, leur relation s’étant détériorée au fil des ans vu le caractère de plus en plus irascible d’Ike Turner, un homme violent et accro à la cocaïne qui a roué sa femme de coups pendant 20 ans. Le couple divorcera officiellement en 1978.

Sans producteur et sans le sou, Tina aura un début de carrière solo plutôt cahoteux. En 1978, elle lance son troisième album solo, Rough, un premier depuis sa séparation avec Ike Turner, mais les ventes ne seront pas à la hauteur des attentes, tout comme pour le suivant, Love Explosion (1979).Début du widget . Passer le widget?

Avec Private Dancer, un album qu’on lui propose en 1984, Tina Turner reviendra en grâce, renouant enfin avec le succès à 45 ans. What’s Love Got to Do With It deviendra le simple le plus connu de toute sa carrière et lui vaudra le Grammy du meilleur enregistrement de l’année en 1985.

Dans la foulée de la parution de l’album, il y a une biographie, et c’est là qu’elle libère sa parole par rapport aux violences qu’elle a subies pendant presque deux décennies de la part d’Ike Turner, explique Philippe Fehmiu, animateur de l’émission Via Fehmiu, à Catherine Richer, chroniqueuse culturelle à l’émission Le 15-18.

Avec ses chansons, surtout What’s Love Got to Do With It, et sa voix rauque et puissante, elle donne la parole à des millions de femmes sur la planète qui subissent comme elle des violences conjugales. Cela va au-delà de sa portée musicale, elle a une portée sociale.

La chanteuse au puissant contralto s’illustrera dans le rock, mais aussi dans le R’n’B, la soul, la dance et la pop. Parmi ses autres mégasuccès, on compte notamment la chanson The Best, une reprise d’une chanson de Bonnie Tyler écrite par Mark Chapman et Holly Knight. Paru sur l’album Foreign Affair (1988) de Tina Turner, le titre fera le tour de la planète.

En 1995, elle surprend à nouveau avec son interprétation grandiose de la chanson titre du film de la saga James Bond GoldenEye, écrite par Bono et The Edge du groupe U2.

Tina Turner a vendu plus de 150 millions de disques dans le monde, a remporté 11  prix Grammy et a été élue à deux reprises au Rock and Roll Hall of Fame, une première fois avec Ike Turner en 1991, puis seule en 2021.

Elle a été honorée au Kennedy Center en 2005, avec Beyoncé et Oprah. Sa vie est devenue la base d’un film, d’une comédie musicale de Broadway et d’un documentaire HBO en 2021, qu’elle a présenté comme ses adieux publics.

Une pluie d’hommages, de Mick Jagger à la NASA

En plus de la Maison-Blanche, plusieurs personnalités issues de différents milieux ont réagi à la mort de Tina Turner sur les réseaux sociaux, comme Magic Johnson, l’un des meilleurs joueurs de basket de l’histoire, qui s’est ému de la perte de cette légendaire reine du rock.

Je l’ai vue de nombreuses fois [en concert] et elle donnait, de loin, certains des meilleurs shows que j’ai jamais vus, a-t-il poursuivi sur Twitter.

Mick Jagger, chanteur des Rolling Stones, a partagé sa tristesse après le décès de sa merveilleuse amie. Une artiste tellement talentueuse, mais aussi chaleureuse, drôle et généreuse, a-t-il écrit.Début du widget Twitter. Passer le widget?

Une autre vedette de la chanson, Gloria Gaynor, a rappelé que Tina Turner avait ouvert la voie à tant de femmes dans le rock, qu’elles soient noires ou blanches. Pour la chanteuse Ciara, le paradis a gagné un angeMerci pour l’inspiration que tu nous a tous donnée, a-t-elle déclaré sur Twitter.

Même la NASA y est allée de son hommage. La légende de la musique Tina Turner a brillé sur scène et dans les cœurs de millions de fans, a déclaré l’agence spatiale américaine.

Par Radio-Canada avec les informations de Agence France-Presse et Associated Press

Musique: des artistes ivoiriens invités au Fespam

mai 23, 2023

Les artistes ivoiriens sont invités à participer à la 11e édition du  Festival panafricain de musique (Fespam) qui aura lieu du 15 au 22 juillet prochain, à Brazzaville.

L’invitation a été transmise à la ministre ivoirienne de la Culture et de la Francophonie, Françoise Remarck, par son homologue congolaise, Lydie Pongault, en marge du Salon international du livre d’Abidjan (Sila) qui s’est tenu du 9 au 13 mai dernier et  dont la République du Congo avait été l’invitée d’honneur.

Au cours de ces retrouvailles marquées à la fois par les allocutions et les ateliers, la délégation congolaise, forte d’une dizaine d’écrivains et d’autres professionnels du livre, a eu des échanges fructueux avec tous ses partenaires. Des prises de parole des autorités ivoiriennes, il en ressort une reconnaissance du rayonnement international de la littérature congolaise ; la nécessité de penser le livre comme levier de l’inclusion sociale et du développement des économies, à travers notamment la mise en place des industries culturelles et créatives et le renforcement des liens d’amitié et de la coopération culturelle entre le Congo et la Côte d’Ivoire.

Par ailleurs, les discussions entre les deux ministres, qui ont eu lieu en marge du salon, ont porté essentiellement sur la mise en application de l’Accord de coopération culturelle et artistique entre le Congo et la Côte d’Ivoire du 22 novembre 2022 ; le statut et le cadre juridique de l’artiste et des professionnels de la culture et des arts ; la restitution des œuvres d’art africain ; la réforme du corpus juridique réglementant le fonctionnement des institutions en charge de la gestion collective que sont le Bureau ivoirien du droit d’auteur et le Bureau congolais du droit d’auteur ; le développement des industries culturelles et créatives, à travers la création ou l’augmentation des fonds dédiés à la création et à l’action culturelle ; les formations professionnalisantes dans les domaines artistiques et d’expertise culturelle ; l’appui ou la relance des centres de lecture et d’animation culturelle en zones urbaines et rurales ; la construction ou la rénovation d’infrastructures culturelles ainsi que la préservation du patrimoine.

En effet, la participation du Congo au Sila constitue un premier pas dans la démarche de mise en application de l’accord susmentionné. De plus, il s’agit également de la nécessité d’un dialogue ouvert avec les experts des pays africains au sujet de la restitution des œuvres d’art, laquelle est régie par le Rapport Jean Luc Martinez, loi-cadre fixant les critères de restitution des œuvres dans le but de faire bloc et de repenser les critères jugés européo-centrés. De la même manière, la participation du Congo au Sila devrait permettre d’établir des objectifs chiffrés en termes d’organisation d’événements culturels dans les grandes villes et dans l’hinterland afin d’apporter un dynamisme aux vies culturelles nationales.      

Avec Adiac-Congo par Roger Ngombé

Distinction : Zao honoré par l’académie des Kundés

mai 19, 2023

Le chanteur, auteur-compositeur congolais, Zoba Casimir Zao, a remporté, pour son implication dans la musique africaine et son rayonnement, le prix « Kundé d’honneur », lors de la 21e édition du prix Kundé, tenue le 12 mai dernier, à Ouagadougou, au Burkina Faso.

Zao sur scène/DR

Par la distinction honorifique de Zao, les organisateurs de l’événement ont voulu non seulement en faire un cadre de consolidation de la cohésion sociale, du vivre-ensemble, un carrefour des rencontres, de brassage, de solidarité culturelle durable, mais aussi adresser une invitation aux mécènes et aux pouvoirs publics, en particulier aux autorités congolaises pour qu’elles aient une attention et un regard différent pour cette icône de la musique congolaise qui, durant toute sa vie, l’a portée haut hors des frontières. Véritable trait d’union entre la musique d’aujourd’hui et celle d’hier, Zao rappelle avec mélancolie les légendes ou les immortels airs d’un grand Kallé Jeff, voir les tubes cultes des Bantous de la capitale, l’orchestre Baobab du Sénégal ou du grand Sekouba Bambino.

Originaire du Congo, Zoba Casimir Zao, né en 1953, à Goma Tsé-Tsé, a commencé la musique en jouant les percussions et en chantant avec un groupe de son quartier, Gloria, en 1968. Après cette première expérience, il va rejoindre l’un des grands groupes de l’époque, Les Anges, en tant que chanteur, percussionniste et danseur. C’est principalement avec ce groupe qu’il a acquis son expérience de scène.

En 1977, Les Anges participent au Festival de la chanson politique, en Bulgarie, où ils remportent la palme d’or. En 1978, Zao entre à l’école des instituteurs et, la même année, les Anges vont à Cuba pour le Festival mondial de la jeunesse. En 1980, trois membres des Anges dont Zao sont choisis pour se rendre en Italie, à l’occasion du festival Mondovision, à Florence. En 1981, il se présente au concours Découvertes RFI, sans succès, bien qu’il ait été sélectionné parmi les finalistes. En 1982, Zao se présente à nouveau avec la chanson « Sorcier ensorcelé » et obtient le prix de l’ACCT. Le 28 novembre 2017, lors de la célébration de la journée de la République, il est élévé au grade de commandeur dans l’Ordre de mérite congolais par le président de la République, Denis Sassou N’Guesso.

L’artiste a atteint son apogée avec le titre « Ancien combattant » qui a connu un succès mondial. En 1983, ce tube remporte le premier prix au Festival de la musique d’Afrique centrale. Il doit son succès en partie avec la participation des grandes pointures de la musique congolaise dont la direction de l’orchestre est assurée par Jeff Louna, guitariste de renommée internationale. Les guitares de Samuel Pembele et de Jeff Louna s’accordent avec le clavier de Freddy Kebano alors que la batterie de Ricky Siméon, les percussions de Zao et de Clotaire Kimbolo puisent dans le folklore congolais. Mais plus qu’un amuseur, Zao est un révélateur des maux de son continent et, par le biais de l’ironie, fait passer des messages politisés et profondément ancrés dans son époque.

Avec Aduac-Congo par Cissé Dimi

Fally Ipupa promet de livrer à Paris son meilleur concert de l’année, malgré les « combattants »

mai 19, 2023
L’artiste congolais Fally Ipupa à Paris, en décembre 2020. © JOEL SAGET/AFP

Le 25 novembre prochain, Fally Ipupa, star de la rumba congolaise, se produira sur la scène de la plus grande salle « indoor » d’Europe : Paris La Défense Arena. En moins de 24 heures, l’artiste avait déjà presque rempli la « petite jauge » – qui comporte 25 000 places – avec 20 000 tickets vendus.

De quoi donner l’envie aux organisateurs de pousser le bouchon un peu plus loin en ouvrant la grande jauge. Objectif : 40 000 billets. Une décision qui signe un inédit : c’est la première fois qu’un artiste de RDC est accueilli en si grand comité par la salle.

Les « combattants » en embuscade

Mais le mois de novembre est encore loin. Alors, en attendant, Fally Ipupa et ses équipes se sont éclipsés de Kinshasa pour faire un brin de teasing parisien. « Rencontre avec Fally Ipupa. L’adresse vous sera envoyée après confirmation », stipulait un message reçu quelques jours plus tôt. Les détails du rendez-vous sont donnés « last minute ».

On imagine que les déplacements de l’artiste sont surveillés de près, au regard des nombreux événements lors desquels les « combattants » – militants de la diaspora congolaise – se sont fait entendre. Le dernier concert parisien en date de Fally Ipupa, à l’Accor Hotel Arena, en février 2020, avait déclenché un spectaculaire incendie à la gare de Lyon.

Rencontre millimétrée, mesure de sécurité

La rencontre avec le chanteur est – en théorie – millimétrée : de 11h à 12h, en petit comité, avant d’enchaîner brièvement sur une trentaine de minutes d’entretiens. Une tribu de journalistes sirote un café en guettant l’arrivée de celui que l’on surnomme « l’aigle ». Entre deux « bientôt », « il arrive », la porte s’ouvre et se referme sans que la star ne fasse son entrée. Le temps est élastique et l’horaire artistique, mais il finit par arriver, sur les douze coups de midi.

ON A PRIS NOS PRÉCAUTIONS POUR SÉCURISER TOUT LE MONDE, ÇA VA TRÈS BIEN SE PASSER.

Depuis une heure, on chuchote entre deux gorgées que les intimidations des combattants planent déjà sur le rendez-vous musical de novembre prochain. La question « sécurité » est donc rapidement posée à Frédéric Longuépée, PDG du Paris La Défense Arena, et à la société de production Gérard Drouot, représentée par son PDG Matthieu Drouot.

Tous sortent de leur chapeau des arguments pour dissiper les inquiétudes : sécuriser les gros événements, qu’il s’agisse de concerts ou de rencontres sportives, fait partie du jeu. « On ne pourra jamais oublier le 28 février 2020, convient Fally Ipupa. Voir nos frères agresser leurs propres frères et sœurs… C’est déplorable. Mais le 25 ça va très bien se passer. On a pris des précautions pour sécuriser tout le monde, ça va très bien se passer, avec le cœur, le cœur, le cœur. La sécurité en mode Tokooos [abréviation du lingala « kitoko », qui signifie beau, joli]. »

Et la musique dans tout ça ?

En attendant, le spectacle est en cours d’écriture, confie celui qui assure travailler d’arrache-pied pour un show qui ne devrait pas décevoir. Son « meilleur concert de 2023 », promet-il. Y aura-t-il des femmes en featuring sur scène ? S’il refuse de donner des indices sur les invités, il confirme qu’il sera bien entouré. « Une trentaine de personnes, dit-il, mais venez voir Fally d’abord ! » Considère-t-il que ce concert fera partie des grands moments de sa carrière ? « Ce sera un concert important, répond-il. Vous savez moi, j’ai toujours la rage comme si je n’avais encore rien fait. »

Lorsqu’on évoque son travail, il se montre plus prolixe. Il raconte que ses journées sont bien remplies et qu’il les passe en studio. À la question de savoir ce qu’il écoute ces temps-ci, Ipupa répond : « Je suis focus sur mon album, j’écoute les paroles et je me dis ‘Non, je ne suis quand même pas nul’. En ce moment je m’auto-écoute ». L’artiste assure être concentré dans sa dynamique de préparation, afin « d’intérioriser les chansons et d’être performant sur scène ».

On était venus pour en savoir plus sur les festivités de novembre prochain, on repart un peu bredouille. Mais s’il y a bien une chose qu’on nous a assuré ce jour, c’est que Fally Ipupa est au travail pour nous offrir un grand concert, car comme il le dit lui-même : « le talent seul ne suffit pas ».

Avec Jeune Afrique par Jane Roussel

Congo-Jam session : Conquering Lions entre élégance du reggae et puissance des mots

mai 17, 2023

Après plusieurs jam sessions réussies, l’Institut français du Congo (IFC) réitérera l’événement dans la ville de Pointe-Noire, en invitant cette fois-ci sur scène le groupe emblématique Conquering Lions pour une jam session explosive entre élégance du reggae et puissance des mots, le 7 juillet prochain, à partir de 19 heures.

Les membres du groupe Conquering Lions/ DR

Les jam sessions sont des événements musicaux incontournables pour les amoureux de la musique. C’est un petit moment d’évasion où des artistes, musiciens et chanteurs se laissent aller à des nouvelles expériences sonores en bonne compagnie.

Entourés des leurs, de passionnés mais aussi d’oreilles curieuses, une atmosphère chaleureuse s’installe pour une soirée mémorable autour d’improvisations et de reprises. Pendant cette jam session, le groupe de reggae Conquering Lions livrera une prestation haut de gamme pour la bonne satisfaction des spectateurs. Il y a quelques années, Conquering Lions était considéré comme l’un des groupes émergents à suivre dans le pays. Aujourd’hui, il est définitivement le groupe coup de cœur pour de nombreux Congolais.

Influencés par des artistes comme Bob Marley, Peter Tosh, Bunny Wailer, Burnig Spear et des groupes comme les Wailers, Uhuru noir, le cercle intérieur, les Abyssiniens, ou encore les Pionniers, les musiciens du groupe Conquering Lions tendent à reproduire sur scène cette énergie électrique qu’ils retrouvent à l’écoute de ces artistes qui les inspirent.

Forts de leurs différentes influences, ils s’accordent ensemble pour élever et faire entendre le message qui les porte, à savoir l’amour du reggae et de la musique mais surtout le « One love » prôné par Bob Marley. La musique que ce groupe distille a pour base le son organique des rythmes du terroir qui se mélange librement avec la sympathie du reggae traditionnel jamaïcain et l’improvisation  de ses musiciens. Un rythme bien coloré que ses musiciens intitulent « Reggae Bantou ». Indépendamment des tendances, les membres de ce groupe mêlent le passé au présent selon leur propre recette. Bien que ce groupe soit principalement actif sur la scène locale mais également nationale, les auditeurs disent souvent qu’il a un son mondial.

Pour tout dire, Conquering Lions, ce sont des voix reconnaissables dès les premières notes, une fraîcheur, une spontanéité, un esprit vif, un amour du jeu et de la liberté. Ses musiciens  aiment chanter, jongler avec les mots et faire de leur répertoire musical leur terrain de jeu. Ces artistes restent éternellement des chanteurs curieux et ouverts sur la création, qui se sont appliqués tout au long de leur carrière à mélanger les genres, à unir chanson congolaise, poésie et reggae.

Pendant cette jam session, le groupe Conquering Lions offrira au public un beau moment de détente avec une musique qui prône la diversité, le partage et l’amour du prochain, à savoir le reggae. L’une des rares constantes que l’on retrouve dans ce style musical tout au long de son histoire, c’est son lien indéfectible avec l’improvisation. Et c’est certainement dans le cadre des jam sessions que ce lien se fait le plus fort. Jam session, soit littéralement « séance d’improvisation » en anglais ou « bœuf » comme on les appelle en français. Pour le dire simplement, une jam session, c’est le fait que plusieurs musiciens se réunissent dans un club, un bar ou une salle de concert pour jouer ensemble soit des standards sur lesquels on improvise, soit pour improviser totalement

Notons qu’en invitant le groupe Conquering Lions à cet événement, l’IFC voit les choses en couleurs. Pendant cette jam session, la salle de spectacle sera colorée de trois couleurs qui composent le drapeau des Rasta, à savoir le rouge, symbolisant la force et la lutte, le jaune, le soleil et de la sagesse et enfin le vert qui est associé à l’espoir, à la vie et à l’amour.  

Avec Adiac-Congo par Hugues Prosper Mabonzo

Canada-Montréal: Une église d’Hochelaga vendue aux propriétaires du Théâtre Rialto

mai 16, 2023
L'église du Très-Saint-Rédempteur, dans Hochelaga-Maisonneuve.

L’église du Très-Saint-Rédempteur, dans Hochelaga-Maisonneuve Photo: Radio-Canada/Philippe-Antoine Saulnier

L’église du Très-Saint-Rédempteur, sur la rue Adam, dans Hochelaga-Maisonneuve, a finalement trouvé preneur. Son avenir est assuré, promet le nouveau propriétaire, mais des dizaines d’autres à Montréal sont menacées de fermeture.

Avec sa nef de plus de 16 mètres de haut et ses vitraux de l’artiste Guido Nincheri, l’église du Très-Saint-Rédempteur a tout pour impressionner les visiteurs.

Ezio Carosielli, dont l’entreprise vient de faire l’acquisition de l’immeuble, a été charmé dès sa première visite.

On ne veut rien détruire, on ne veut rien changer, on veut mettre en valeur ce qu’il y a ici, évidemment.

Construite en 1927 et 1928 à l’angle des rues Adam et Joliette, l’église a été dessinée par les architectes Donat-Arthur Gascon et Louis Parant, qui a aussi signé les plans de reconstruction de l’hôtel de ville de Montréal dans les années 1920.

Son style beaux-arts est peu fréquent parmi les églises montréalaises. Vous avez une combinaison d’architecture qui est classique, mais aussi moderne, fait remarquer M. Carosielli. La fenestration est moderne, elle n’est pas classique du tout, mais les colonnes et tout ça, c’est classique.

Un homme devant une église.

Ezio Carosielli est le nouveau propriétaire de l’église du Très-Saint-Rédempteur, sur la rue Adam, dans Hochelaga. Photo: Radio-Canada/Philippe-Antoine Saulnier

Une nouvelle vocation

Le Groupe Carosielli, qui est propriétaire du Théâtre Rialto et du Théâtre St-James, dans le Vieux-Montréal, prévoit faire de cette église un espace locatif pour différents événements.

Des levées de fonds, des galas, beaucoup de tournages aussi, beaucoup de remises de prix, de conférences, explique M. Carosielli. On verra ce que le marché nous dira. Ça se peut que ce soit une location pour des services religieux, ça peut être un usage communautaire, toutes sortes de choses.

C’est d’ailleurs la même vocation qui attend l’ancienne église Saint-Vincent-de-Paul, située au coin des rues Sainte-Catherine Est et Fullum, que le Groupe Carosielli a acquise en 2018. L’espace, rebaptisé Théâtre Cartier, doit ouvrir ses portes cet été, après d’importants travaux.

On va essayer, autant que possible, de conserver tous les aspects historiques, indique M. Carosielli. Même le monumental autel devrait garder sa place, une fois dépouillé de certains éléments religieux.

Des travaux seront toutefois nécessaires, notamment pour installer un système de ventilation et de climatisation.

L'intérieur de l'église du Très-Saint-Rédempteur.

L’intérieur de l’église du Très-Saint-Rédempteur Photo: Radio-Canada/Philippe-Antoine Saulnier

La transition du patrimoine religieux

Si les ventes d’églises ont été peu nombreuses dans la dernière décennie [le diocèse ne retrouve que quatre autres transactions depuis 2013], au moins une trentaine de lieux de culte à Montréal sont menacés de fermeture.

C’est le constat de la Fondation des Centres Trinité, qui vient de réaliser un portrait analytique des lieux de culte de la métropole.

On a une énorme concentration d’églises par rapport à d’autres provinces et d’autres endroits au Canada, et on les a aussi désinvesties massivement, très rapidement, rappelle l’avocate Julie Favreau, consultante auprès de la Fondation des Centres Trinité.

Le bilan que dresse l’organisme laisse entrevoir une vague de faillites à moyen terme. Près de 40 % des lieux de culte montréalais affichent un déficit annuel, et le tiers de ceux-ci doivent composer avec des dépenses qui sont au moins 30 % plus élevées que leurs revenus.

Ça veut dire que, dans trois ans maximum, ces églises-là sont en faillite, explique Julie Favreau. Elles sont déjà en faillite technique, mais dans trois ans, elles vont avoir épuisé leurs économies et elles vont être obligées de fermer, si ce n’est déjà le cas.

Une pancarte à vendre devant une église.

Ezio Carosielli, du Groupe Carosielli, a acheté l’église du Très-Saint-Rédempteur, dans Hochelaga-Maisonneuve. Photo: Radio-Canada/Philippe-Antoine Saulnier

Une table ronde pour trouver des solutions

C’est pour trouver de nouvelles vocations à ces lieux de culte en difficulté que la Fondation des Centres Trinité a mis sur pied, il y a un an, une table ronde qui réunit les congrégations religieuses propriétaires des bâtiments, le milieu communautaire et culturel, des fondations philanthropiques et différents ordres de gouvernement. Une rencontre de ces divers partenaires a eu lieu au cours des derniers jours.

Les lieux de culte abritent souvent des groupes communautaires et artistiques, des garderies ou des entreprises d’économie sociale qui ont besoin de ces espaces. Or, la menace de fermeture qui plane sur certaines églises met en péril la pérennité de ces missions sociales.

L’aspect le plus important souligné par les partenaires, selon Mme Favreau, concerne l’approche québécoise face au patrimoine religieux.

De voir les églises comme l’héritage historique, les biens patrimoniaux québécois, c’est une chose, explique Mme Favreau. Mais de le faire au prix du service social qu’elles opèrent, ça crée des enjeux.

Il faut aussi penser à pérenniser le patrimoine immatériel de ces bâtiments, selon Julie Favreau.

L'église du Très-Saint-Rédempteur.

L’église du Très-Saint-Rédempteur Photo: Radio-Canada/Philippe-Antoine Saulnier

Les églises ont été des lieux de culte, mais surtout de rassemblement, de rencontre et d’échange. C’est le filet social du Québec qui s’est bâti à travers les églises, il ne faut pas l’oublier, poursuit-elle.

Maintenant, on préfère garder le bâtiment comme tel plutôt que les services qu’il pourrait rendre, des services qui ne peuvent plus cohabiter avec un espace qui est muséal, à toutes fins pratiques.

L’avocate souhaite que le gouvernement québécois fasse l’arbitrage entre les églises qu’il faut conserver et celles que l’on devrait démolir.

D’après Ezio Carosielli, qui dit avoir déboursé trois millions et demi de dollars pour acquérir l’église de la rue Adam, une réduction de la fiscalité pourrait faciliter la transition du patrimoine religieux. Par exemple, la taxe de bienvenue [droit de mutation immobilière] pour acheter cette église, c’était 200 000 $, note-t-il. Ça, c’est un obstacle à des ventes possibles dans le futur.

Le Groupe Carosielli ne prévoit pas demander de subvention pour les travaux qui devront être réalisés à l’église du Très-Saint-Rédempteur.

Avec Radio-Canada par Philippe-Antoine Saulnier

Une école de graffiti fait le bonheur de jeunes Sénégalais

mai 8, 2023
Une ecole de graffiti fait le bonheur de jeunes Senegalais
Une école de graffiti fait le bonheur de jeunes Sénégalais© AFP/Carmen Abd Ali

Ibrahima Soumaré a la main hésitante. Crayon et gomme en main, il couche soigneusement quelques lettres sur une feuille blanche. Peu satisfait, il efface et reprend. Son exercice du jour: dessiner un graffiti avec le mot « top ».

« Ce n’est pas facile, surtout pour un nouveau comme moi », dit dans un sourire timide ce Sénégalais de 26 ans qui a abandonné ses études pour s’inscrire il y a deux mois dans une école de graffiti à Guédiawaye dans la banlieue dakaroise, le RBS Akademya.

Serigne Mansour Fall, alias Madzoo, un des 25 membres du collectif fondateur, assure que l’école créée en décembre 2021 n’a pas d’équivalent au Sénégal ni en Afrique. Elle se veut « un lieu de rencontre, d’échange, de partage de savoir-faire », explique-t-il.

L’objectif, « c’est d’apporter notre part d’héritage », « de former de jeunes professionnels » pour qu’ils soient « utiles » à la société et d’aider les gens à « prendre conscience des enjeux de leur époque ».

Les graffitis font partie du décor de Dakar et de sa banlieue où la culture hip-hop passionne de nombreux jeunes.

Le graffiti est apparu au Sénégal vers la fin des années 80 en même temps qu’un mouvement spontané de jeunes, « Set-Setal » (littéralement « propre et rendre propre »).

Ces jeunes combattaient l’insalubrité dans la capitale et sa banlieue et, après avoir nettoyé les quartiers, dessinaient sur les murs des images de marabouts afin de dissuader les habitants de jeter de nouveau leurs ordures dans la rue, raconte Madzoo.

Naguère considéré comme un « métier de paresseux qui ne fait pas vivre son homme », le graffiti gagne aujourd’hui en reconnaissance, croit Madzoo.

Tableaux et graffitis rivalisent de beauté et de couleurs dans les couloirs du bâtiment de deux étages qui abrite l’école.

Une peinture d’un vieil homme à la barbe blanche captive le regard, une petite plante aux fleurs formées de coquillages germe de son crane rasé. « Il symbolise le panafricanisme », explique Madzoo, l’auteur.

La salle de classe, un espace avec une longue table de travail et un tableau mural, n’est pas moins panachée.

De gros caractères roses et verts décorent le mur à l’entrée. Le mot, difficile à décrypter, c’est « style », décode Ibrahima Soumaré. « J’avais aussi du mal à le lire avant », sourit-il.

Patient et fort

Le cours du jour s’articule autour du « concept art » – comment exprimer, matérialiser une idée – et les couleurs, explique Chérif Tahir Diop, dit Akonga, graffeur, designer, et désormais professeur.

« On n’est pas dans une école conventionnelle. Tout se fait dans un esprit léger », dit-il au son des mélodies de reggae diffusées par son ordinateur.

Libasse Sarr, 18 ans, et Maurice Diouf, 25 ans, ont aussi arrêté les études pour s’inscrire au RBS Akademya (RBS pour RadiK-L Bomb Shot).

Ils y recevront pendant six mois trois cours par semaine de théorie et de pratique.

Ils sont quatre en tout à à constituer la troisième promotion de l’école. Ils repartiront avec une attestation, non reconnue par l’État du Sénégal.

« On a décidé de prendre un effectif réduit pour travailler dans les meilleures conditions », assure Madzoo.

Les élèves versent une inscription de 25.000 francs CFA (environ 40 euros) et payent 15.000 francs CFA (environ 23 euros) chaque mois.

RBS Akademya, très active sur les réseaux sociaux, sert aussi de résidence artistique.

Selon Madzoo, quelques artistes étrangers y séjournent de temps en temps pour participer à des expositions ou partager leur expérience.

Initié au graffiti dès l’âge de 7 ans par des aînés dans son quartier, Madzoo, 36 ans, lunettes noires sur les yeux, compte parmi les figures sénégalaises de cet art de la rue.

Il se dit panafricaniste, engagé au « côté du peuple », et n’hésite pas à prendre position.

En 2021, au lendemain d’émeutes qui avaient fait une douzaine de morts, une fresque murale qui portait la signature de son collectif avait été largement partagée sur les réseaux sociaux.

Elle représentait le président Macky Sall, manche de costume aux couleurs de la France, tirant à bout portant sur un jeune.

Le dessin avait vite et mystérieusement été effacé. Madzoo affirme depuis subir des pressions politiques du pouvoir.

Ses élèves se sont inscrits dans l’école par passion, conscients du peu de débouchés de leur activité. I

ls espèrent connaitre un jour le même succès que lui et rêvent de voyager pour exprimer leur talent. Mais il « faudra être patient et fort », prévient Akonga.

Par Le Point avec Dakar (AFP) –